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Est-il juste d'affirmer que l'activité technique dévalorise l'homme ?

Publié le 17/01/2022

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Chacun a en mémoire la scène des "Temps Modernes" où l'on voit Charlot prendre les boutons du manteau d'une femme pour des écrous à viser. Le travail à la chaîne fait de l'homme non le maître mais l'instrument, le valet de la machine. La technique impose des valeurs propres qui vont à l'encontre de celles de l'humanité.

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La technique a acquis dans notre société une telle importance et elle manifeste une telle puissance que la tentation est grande de voir en elle la cause de nos difficultés et de nos angoisses. L'être humain vit le temps présent comme un temps de crise. A tort ou à raison, il a le sentiment que la technique lui retire sa valeur propre. On voit cela avec la détresse et la dévalorisation de soi qu'entraîne le chômage dans nos sociétés post-industrielles. Mais il semble que le développement des techniques ait aussi porté atteinte à d'autres champs de notre humanité. Examinons en quoi la technique dévalorise l'homme, et si cette accusation faite à l'encontre de la technique se trouve justifiée.

technique

« L'ouvrier spécialisé dans la grande industrie Chez MARX "[Dans la fabrique] la classitication fondamentale devient celle de travailleursaux machines-outils (y compris quelques ouvriers chargés de chauffer lachaudière à vapeur) et de manoeuvres, presque tous enfants, subordonnésaux premiers.

Parmi ces manoeuvres, se rangent plus ou moins tous lesfeeders (alimenteurs) qui fournissent aux machines leur matière première.

Acôté de ces classes principales prend place un personnel numériquementinsignifiant d'ingénieurs, de mécaniciens, de menuisiers, etc., qui surveillent lemécanisme général et pourvoient aux réparations nécessaires.

C'est uneclasse supérieure de travailleurs, les uns formés scientifiquement, les autresayant un métier placé en dehors du cercle des ouvriers de fabrique auxquelsils ne sont qu'agrégés.

Cette division du travail est purement technologique.«Tout enfant apprend très facilement à adapter ses mouvements aumouvement continu et uniforme de l'automate [...].

La rapidité avec laquelleles enfants apprennent le travail à la machine supprime radicalement lanécessité de le convertir en vocation exclusive d'une classe particulière detravailleurs.

Quant aux services rendus dans la fabrique par les simplesmanoeuvres, la machine peut les suppléer en grande partie et, en raison deleur simplicité, ces services permettent le changement périodique et rapidedes personnes chargées de leur exécution. « La spécialité qui consistait à manier pendant toute sa vie un outil parcellaire devient la spécialité de servir, sa viedurant, une machine parcellaire.

On abuse du mécanisme pour transformer l'ouvrier, dès sa plus tendre enfance, enparcelle d'une machine qui fait elle-même partie d'une autre.

[...] Dans la manufacture et le métier, l'ouvrier se sertde son outil ; dans la fabrique, il sert de machine.

Là, le mouvement de l'instrument de travail part de lui ; ici, il nefaitque le suivre.

Dans la manufacture, les ouvriers forment autant de membres d'un mécanisme vivant.

Dans lafabrique, ils sont incorporés à un mécanisme mort qui existe indépendamment d'eux.« [...] En même temps que le travail mécanique surexcite au dernier point le système nerveux, il empêche le jeuvarié des muscles et comprime toute activité libre du corps et de l'esprit.

La facilité même du travail devient unetorture en ce sens que la machine ne délivre pas l'ouvrier du travail, mais dépouille le travail de son intérêt.

Danstoute production capitaliste en tant qu'elle ne crée pas seulement des choses utiles, mais encore de la plus-value,les conditions du travail maîtrisent l'ouvrier, bien loin de lui être soumises, mais c'est le machinisme qui le premierdonne à ce renversement une réalité technique.

Le moyen de travail converti en automate se dresse devantl'ouvrier, pendant le procès de travail même, sous forme de capital, de travail mort qui domine et pompe sa forcevivante.

La grande industrie mécanique achève enfin, comme nous l'avons déjà indiqué, la séparation entre le travailmanuel et les puissances intellectuelles de la production qu'elle transforme en pouvoirs du capital sur le travail.L'habileté de l'ouvrier apparaît chétive devant la science prodigieuse, les énormes forces naturelles, la grandeur dutravail social incorporées au système mécanique, qui constituent la puissance du Maître.« La subordination technique de l'ouvrier à la marche uniforme du moyen de travail et la composition particulière dutravailleur collectif d'individus des deux sexes et de tout âge créent une discipline de caserne, parfaitement élaboréedans le régime de fabrique.

Là, le soi-disant travail de surveillance et la division des ouvriers en simples soldats etsous-officiers industriels sont poussés à leur dernier degré de développement." [Le Capital, I.

I, t.

2, p.

102-106.] Cette réflexion sur l'aliénation implique en effet que le travail, non seulement comme rapport à la nature, mais aussi comme rapport à autrui, met en jeu la définition et la réalisation de l'humanité. La production capitaliste entraîne d ‘abord l'appauvrissement continu de toute une partie de la population : « L'ouvrier s'appauvrit à mesure qu'il produit la richesse, à mesure que sa production gagne en puissance et envolume. » Mais ce n'est là encore que l'aspect le plus extérieur, et en quelque sorte quantitatif, du phénomène.

En réalité, l'ouvrier se perd lui-même dan le processus de production.

« Plus il crée de marchandises, plus l'ouvrier devient lui-même une marchandise vile.

La dévalorisation des hommes augmente en raison de la valorisation directedes objets.

Le travail ne produit pas seulement des marchandises, il se produit lui-même et il produit l'ouvrier commedes marchandises dans la mesure même où il produit des marchandises en général.

» L'ouvrier se perd comme homme et devient chose dans l'acte économique de production.

Cette aliénation se présente sous un double aspect, que Marx caractérise brièvement comme suit : « 1.

Le rapport entre l'ouvrier et les produits du travail comme objet étranger et comme objet qui le domine.

Ce rapport est en même temps son lien avec le monde environnant sensible, avec les objets de la nature, monde sensible hostile à l'ouvrier. 2.

Le rapport du travail avec l'acte de production à l'intérieur du travail.

C'est la relation de l'ouvrier avec son activité propre comme avec une activité étrangère, qui ne lui appartient pas, une activité qui est souffrance, une force qui est impuissance, une procréation qui estcastration. » C'est donc à la fois le rapport du travailleur avec le produit de son travail et son rapport avec ce travail lui-même qui portent la marque de l'aliénation.

Le premier a d'ailleurs pour corollaire un rapport aliéné à la nature. Précisons.

L'ouvrier est d'abord aliéné par rapport à son produit.

Celui-ci lui échappe.

Aussitôt qu'il est créé, l'ouvrier en est dépossédé : « L'objet que le travail produit, le produit du travail, vient s'opposer au travail comme s'il. »

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