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Etre Tolérant est-ce laisser tout dire ?

Publié le 21/10/2012

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Etre tolérant, est-ce laisser tout dire ? Introduction : [Problématique] [a] La tolérance désigne au sens large le respect de la liberté d'autrui, de ses manières de penser, d'agir, de ses opinions politiques, morales et religieuses. Etre tolérant c'est donc a priori laisser s'exprimer les autres librement, respecter leur point de vue en évitant d'imposer le sien de manière dogmatique, catégorique et sectaire. Etre tolérant c'est faire preuve de cette ouverture d'esprit qui respecte la diversité des points de vue et la liberté de penser des autres. C'est au nom de ce principe de la tolérance que notre république laïque autorise tout à la fois l'existence de médias religieux et de ceux qui en font la satire, respectivement La Croix, RCF et Charlie Hebdo par exemple. [b] Cependant, peut-on, au nom du principe de tolérance, laisser tout dire ? Laisser tout dire c'est laisser dire des propos qui peuvent être eux-mêmes intolérants, irrespectueux de la liberté et de la dignité d'autrui, tels que des propos racistes, xénophobes, misogynes, ou négationnistes par exemple. On arrive alors à un paradoxe : le principe de la tolérance, poussé au bout de sa logique, en viendrait à tolérer l'intolérance. Dès lors, laisser tout dire, ce ne serait plus être tolérant mais au contraire se condamner à ne rien pouvoir faire face à l'intolérance. Le principe de tolérance se nierait alors lui-même. [Question] Mais alors être tolérant, est-ce respecter les diverses opinions de chacun ou bien est-ce au contraire se donner les moyens de pouvoir combattre les opinions intolérantes ? Mais au nom de quel critère ? Autrement dit, comment éviter de consacrer un relativisme absolu, naïf et qui peut être dangereux, sans tomber dans un dogmatisme pouvant s'avérer sectaire ou dictatorial ? [Plan] Nous montrerons dans un premier temps que la tolérance est dans son principe même le respect de la diversité et de la relativité des opinions, contre toute attitude dogmatique, sectaire, voire fanatique. Puis nous examinerons les limites du principe de tolérance et ses conséquences paradoxales. Nous essaierons enfin de voir comment dépasser cette contradiction en tentant de construire une conception forte et positive de la tolérance bien comprise, entre relativisme absolu et dogmatisme sectaire. I/ La tolérance comme respect de la diversité des opinions 1/ La tolérance concerne les questions d'opinion non de science Il faut commencer par bien délimiter le domaine de pertinence de la question posée. La tolérance concerne les opinions et les pratiques morales, politiques, esthétiques, religieuses ; bref, les domaines qui mettent en jeu des valeurs, des manières de concevoir les choses et non des faits avérés. Il serait absurde de parler de tolérance en parlant d'un jugement qui nie par exemple la chute des corps ou le théorème de Pythagore. Il ne s'agit évident pas de dire qu'il faudrait mépriser un tel individu, mais qu'il faudrait le rendre à la réalité. « Une vérité scientifique n'est pas une question de démocratie. Nul n'a le droit de faire croire que chacun est libre de penser ce qu'il veut en matière de science comme il le peut en politique « écrit ainsi Patrick Tort. Laisser tout dire en matière de science ce n'est pas être tolérant, mais déraisonnable en niant qu'il existe des faits avérés que tout être rationnel doit pouvoir reconnaître. Les mathématiciens n...

« 2/ La liberté d’opinion est un droit, fondé sur le respect de la personne humaine Etre tolérant, c’est l’inverse d’être dogmatique, catégorique ou sectaire.

C’est donc respecter la diversité des opinions.

C’est reconnaître que la réalité est complexe et que les individus sont différents, et qu’il faut donc accepter les différentes perspectives et points de vue.

C’est ne pas prétendre a priori détenir la vérité absolue et laisser s’exprimer les autres, librement.

Ce principe s’est progressivement imposé dans l’histoire pour trouver sa consécration dans la philosophie des Lumières et dans les Droits de l’homme.

L’article X de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen – « nul ne doit être inquiété dans ses opinions » - met en avant le principe de tolérance.

Tolérer, c’est accepter la diversité des opinions, c’est par conséquent refuser de contraindre la liberté d’autrui.

Les individus méritant un égal respect, toutes les opinions se doivent d’être tolérées.

Si la tolérance est requise à l’endroit des opinions, c’est parce qu’au fond il faut respecter la liberté de la personne humaine.

C’est bien cela d’ailleurs que l’on reproche à l’intolérant ; il refuse à autrui la liberté qui est la sienne.

Il lui dénie, partant, ce qui fait de lui un homme.

Toutes les opinions sont donc tolérables parce qu’elles proviennent de personnes égales auxquelles on doit, par conséquent, le même respect.

Limiter la tolérance serait la transformer en son contraire.

La tolérance reproche en effet à l’intolérant de vouloir confisquer la liberté d’autrui en l’empêchant de s’exprimer.

En l’excluant des limites de ce qui est tolérable, il semble que la tolérance se prêtait au même jeu.

Il semble donc que la tolérance, pour être cohérente et conséquente, ne peut être qu’illimitée.

3/ Laisser tout dire est ce qui permet d’éviter la violence et d’assurer la paix La paix et la sécurité ne peuvent se construire que dans l’acceptation des opinions de chacun.

« La discorde est le plus grand mal du genre humain , écrit ainsi Voltaire dans Le dictionnaire philosophique , et la tolérance en est le seul remède ».

Etre tolérant désigne donc bien la vertu qui porte, non pas à adhérer, mais à accepter ce que l'on n'accepterait pas spontanément et donc effectivement à laisser dire ce avec quoi nous sommes pourtant en désaccord.

Le propre de la tolérance consiste effectivement, non pas à adhérer ni à se soumettre, mais à laisser penser et laisser dire, afin d’éviter la violence et la guerre ouverte.

N’écarter aucune opinion par principe, avant examen, telle est en effet semble-t-il le propre d’une attitude authentiquement tolérante, car comme nous met en garde François Jacob dans Le jeu des possibles , « rien n’est plus dangereux que la certitude d’avoir raison.

Rien ne cause autant de destruction que l’obsession d’une vérité considérée comme absolue.

Tous les crimes de l’histoire sont des conséquences de quelque fanatisme.

» Etre tolérant en ce sens c’est donc effectivement s’efforcer de ne pas rejeter une opinion ou une conduite seulement sous prétexte qu’elle nous est étrangère, qu’elle nous paraît a priori mauvaise, ou qu’elle bouscule nos habitudes de pensées, comme la défense de l'excision aujourd'hui ou l'héliocentrisme autrefois.

[Transition] Nous pouvons donc conclure ce premier moment en affirmant qu’il semble en effet que le propre de la tolérance soit de laisser tout dire.

Cependant, laisser tout dire, n’est-ce pas laisser proférer des propos intolérants et ainsi laisser faire des actes violents ; contrevenant ainsi par conséquent au principe même de la tolérance ? II/ Le paradoxe de la tolérance 1/ La tolérance absolue se renverse en son contraire 2. »

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