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Etre un sujet, est-ce être autonome ?

Publié le 20/01/2004

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De quelle secrète et mystérieuse retraite fut-il tiré en un instant, pour que j'inclinasse mon cou sous votre joug de douceur, mes épaules sous votre fardeau léger [... ] ?» Saint Augustin, Confessions (400 après J.-C.), livre IX. 2. Difficulté à définir le sujet.Définir le sujet indépendamment de ses attributs n'est pas une évidence: y a-t-il vraiment un point fixe qui constitue l'identité du moi par-delà ses transformations? Le sujet humain a-t-il une existence propre véritable, ou bien n'y a-t-il que Dieu qui soit un «sujet» constitué comme tel? Pascal pose le problème dans un texte célèbre: Qu'est-ce que le moi ?

Introduction étymologique : Sujet vient du latin subjectus qui signifie littéralement « jeté sous «. Etre sujet c’est donc être soumis. A qui ? A quoi ? A soi même ? A ses désirs ? A sa raison ? A autrui ? A une autorité politique ? A un Dieu ? Autonome vient lui du grec autonomos, qui est la conjonction des mots lois et soi-même. Etre autonome c’est donc se donner à soi-même ses propres lois. Par définition un être autonome n’est pas un être insoumis (sans Dieu ni maître) mais un être soumis à lui-même ou plus exactement aux lois intérieures que lui fixe sa raison.    Introduction définition : Par définition le sujet s’oppose à l’objet. Le 1er est celui qui connaît, et le 2nd celui qui est connu, par le 1er. Etre sujet c’est donc dire « je «, c’est être le principe, la condition inconditionnée de ses pensées ou de ses actes. De la même façon, être autonome c’est se donner à soi-même ses propres lois. Dans un cas l’homme s’affirme comme maître de ses représentations et dans l’autre cas comme maître de ses devoirs.    Introduction culturelle : Dans le film « Ridicule « de Patrice Leconte, le héros réputé pour son esprit et pressé de faire un bon mot sur le Roi de France, se sort de cette situation embarrassante en déclarant que « le Roi n’est pas un sujet «. Cette affirmation est un jugement assertorique paradoxal, puisque le sujet est le Roi, la copule, le verbe être, et le prédicat … le sujet. L’auteur prend le terme sujet dans son acception politique issue du participe passé du verbe latin subjicere qui désigne l'individu soumis à l'autorité du pouvoir souverain. En ce sens le héros du film a raison, en toute bonne logique et selon le principe d’identité, le souverain ne peut être soumis, surtout s’il s’agit d’un monarque absolu. Le Roi, par nature, ne peut être hétéronome, c’est à dire obéir à la loi d’un autre. Toutefois le terme sujet a aussi une acception philosophique, et désigne alors l'esprit qui connaît, par opposition à la chose connue (l'objet). Etre sujet c’est alors se poser comme origine, comme conscience de soi. Etre sujet c’est s’affirmer comme la source de ses représentations, comme leur fondement, comme leur auteur. Cette affirmation de soi comme agent, source, centre de décision implique t-elle l’autonomie, c'est-à-dire le fait de n’obéir volontairement qu’à la loi (nomos) que l’on se donne à soi-même (auto), par notre raison ? Notre conscience morale n’est-elle pas plutôt la résultante d’un environnement culturel, social voire politique ; le fruit d’un déterminisme caché ?

« 1 - Non, je ne suis pas mon corps, puisque celui-ci change et que je reste moi-même.2 - Aimer l'âme n'est pas moins illusoire, puisqu'on aime là encore seulement des qualités de celle-ci, commel'intelligence ou la mémoire, qualités qui peuvent lui être retirées sans que son identité en soit changée.3 - Le moi serait ce qui, en une personne, ne change jamais ; ce qui subsiste malgré les modifications que le tempsapporte au corps comme à l'âme. 3.

Descartes et la philosophie du sujet : «Je pense donc je suis » Descartes est le philosophe par excellence qui a pensé l'autonomie du sujet, c'est-à-dire la liberté de l'homme, aussibien par rapport aux préjugés qui faussent son jugement que par rapport aux causes extérieures qui le poussent àagir contre sa volonté véritable. « [...] je connus de là que j'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser, et qui pourêtre n'a besoin d'aucun lieu ni ne dépend d'aucune chose matérielle.

» Descartes, Discours de la méthode (1637),IV. 4.

Le sujet à l'épreuve de lui-même. Le sujet qui se croit libre, « maître et possesseur de la nature » (Descartes) découvre en lui-même des forces quiagissent sur lui et dont il est le jouet.

Descartes lui-même se pose la question, à partir du dédoublement de l'hommeen âme et corps, qui rend possibles les passions, dans lesquelles la volonté de l'homme ne coïncide pas toujoursavec ses actes, ni même avec ses désirs.

Avec la notion d'inconscient, Freud brise aussi, à sa manière, l'unité dusujet. « "Rentre en toi-même profondément et apprends d'abord à te connaître, alors tu comprendras pourquoi tu vastomber malade, et peut-être éviteras-tu de le devenir.

" C'est de cette manière que la psychanalyse voudraitinstruire le moi.

Mais les deux clartés qu'elle nous apporte : savoir, que la vie instinctive de la sexualité ne sauraitêtre complètement domptée en nous et que les processus psychiques sont en eux-mêmes inconscients, et nedeviennent accessibles et subordonnés au moi que par une perception incomplète et incertaine, équivalent àaffirmer que le moi n'est pas maître dans sa propre maison ».Freud, Une Difficulté de la psychanalyse (1917). Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, mais aussi d'actes quotidiens s'expliquent si l'on admet l'hypothèse de l'inconscient.

Il yaurait en nous u « réservoir » de forces et de désirs (ou pulsions) dont nous n'aurions pas conscience, mais qui agiraient sur nous..

Pour le direbrutalement, en ce sens, l'homme n'agirait pas (ne choisirait pas ses actes etoute connaissance de cause, dans la clarté), mais serait agi (c'est-à-diresubirait, malgré lui, des forces le contraignant à agir) : il ne serait pas« maître dans sa propre maison », il ne serait pas maître de lui. Empruntons à Freud un exemple simple.

Un président de séance, à l'ouverture dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Je déclare la séance ouverte ».

Personne ne peut se méprendre sur ses sentiments ; il préférerait ne pas être là.

Mais ce désir (ne pas assister au colloque) ne peut s'exprimerdirectement, car il heurterait la politesse, les obligations sociales,professionnelles, morales du sujet.

Notre président subit donc deux forcescontraires : l'une parfaitement en accord avec les obligations conscientes,l'autre qui ne l'est pas et qui ne peut s'exprimer directement, ouvertement.Il y a donc conflit, au sein du même homme, entre un désir conscient,conforme aux normes morales et un autre désir plus « gênant ».

Or, dans notre exemple, ce second désir, malgré la volonté de politesse du président,parvient à s'exprimer, mais de façon détournée, anodine : on dira que « sa langue a fourché ». Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veut pas êtrelà.

Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire que j'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre.

Or pour Freud le cas est exactement identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignoré par le sujet.

Il n'ya pas d'actes innocents ou anodins.

Tous sont révélateurs d'un affrontement en moi de deux forces. L'hypothèse Freud ienne de l'inconscient revient à dire que bon nombre d'actes « normaux » (oubli, actes manqués, rêves), mais aussi « maladifs », pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s'expliquent en gros selon le même schéma.

L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfois extrêmement violent entre les normesconscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirs qui bousculent et négligent ces règles.

Ce second groupede désirs, le sujet les trouverait, s'il en avait conscience, tellement monstrueux, qu'ils ne peuvent parvenir à laconscience que sous une forme voilée, déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif.. »

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