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Faut-il aimer plus que tout la vérité ?

Publié le 15/02/2005

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On peut toutefois s'interroger sur la capacité qu'aurait la vérité de nous apporter le bien-être. En fait, sa quête, souvent longue et difficile en elle-même, implique que l'on soit toujours prêt à renoncer à ce qui était admis ; de ce point de vue, elle suppose un dynamisme de la pensée, que l'on peut cependant désigner aussi de façon plus négative comme une instabilité de principe. Pour l'esprit en quête du vrai, rien n'est à considérer comme définitivement stable, et l'image que nous avons du monde est sans cesse à reconstruire ou à modifier. Il n'est pas étonnant, dans de telles conditions, que la révélation du vrai suscite des résistances, ou même des craintes. Ainsi, le passage du géocentrisme à l'héliocentrisme s'est aussi soldé par une mentalité nouvelle, soulignant la façon dont l'homme était devenu bien peu de chose relativement à la totalité de l'univers. S'attacher au vrai, c'est donc risquer une permanente inquiétude, la perte de repères traditionnellement admis, la chute des « voiles » qui enjolivaient le monde. La vérité désenchante, parce qu'elle s'oppose aux mythes, aux récits légendaires, aux pseudo-sciences ; elle nous offre du monde une version privée de toute résonance subjective, avec laquelle nous ne pouvons plus être en sympathie. 2) Que nous apporte l'illusion que la vérité ne nous apporte pas ou mal ? De son côté, l'illusion peut apparaître comme satisfaisante pour celui qui préfère se dissimuler la réalité de sa situation - qu'il s'agisse de sa situation personnelle ou de sa situation d'homme en général, comme mortel. L'illusion rassure parce que, tant qu'elle dure, elle ne fait que confirmer l'interprétation habituelle du monde.

« rassure parce que, tant qu'elle dure, elle ne fait que confirmer l'interprétation habituelle du monde.

C'est bienpourquoi elle constitue, du point de vue de Bachelard, un important obstacle épistémologique.C'est que l'illusion prend son origine dans un besoin fondamental de quiétude et dans les désirs.

Sa dénonciationrisque en conséquence d'être peu efficace.

Si l'on admet, à la suite de Marx et de Freud, que la croyance religieusene repose sur rien d'autre que sur un désir de compensation face aux misères réelles ou une demande de protectiond'origine infantile, force est de constater que ce repérage de ses sources ne suffit aucunement à la faire disparaître.L'illusion nous est peut-être d'autant plus « naturelle » qu'elle correspond à notre fonctionnement psychique normal,c'est-à-dire à la façon dont notre conscience nous trompe sur nos déterminations en censurant nos pulsions et lesreprésentations de notre inconscient.

Lorsque Freud a entrepris de diffuser ses théories, ce fut en affirmant qu'ellesétaient sans doute ce à quoi l'homme était le moins préparé, ou ce qu'il admettrait le plus difficilement, précisémentparce que les « vérités » qu'il affirmait venaient contredire la confiance traditionnellement accordée à notreconscience.

Notre existence quotidienne ne peut, par exemple, se dérouler sans trop de heurts qu'à la condition quenous « oubliions » l'importance de la sexualité.

L'illusion est ainsi quotidiennement vitale, parce qu'elle nous permetd'avoir des relations normales avec les autres et d'obéir aux principes de notre environnement.Toutefois, vient toujours un moment où l'illusion est dénoncée comme telle : ce fut le travail de Freud, et c'est, plusgénéralement, la tâche de toute démarche philosophique ou scientifique.

Lorsque Marx dénonce les effets del'idéologie bourgeoise sur la conscience même de la classe ouvrière, que tente-t-il d'autre que d'ôter à cettedernière ses illusions ? Vient toujours un moment où « le roi est nu ».

Il semble ainsi que l'auto-aveuglement, malgréle confort qu'il peut m'apporter, doit avoir une fin ; et il apparaît semblablement, du point de vue collectif, que lamentalitéest bien obligée, même contre son gré, de tenir compte peu à peu, malgré l'inquiétude que cela peut susciter enelle, des avancées scientifiques. NIETZSCHE : la fonction vitale de l'illusion L'illusion possède une fonction vitale.

En effet « on ne peut pas vivre avec laVérité », car découvrir cette vérité, c'est découvrir que n'existe qu'un fluxéternel des choses, un Abîme où toutes s'abîment.

La vie, expression de laVolonté de Puissance, a donc besoin de falsifier le réel, d'affirmer l'être contrele devenir, d'organiser ce flux, de le contraindre à se plier aux options vitalesdu sujet, c'est-à-dire aux valeurs et aux normes définies par la Volonté dePuissance, bref .elfe a besoin de l'illusion, qu'elle érige en vérité.

C'estpourquoi, même la prétendue vérité objective de la science se réduit en fait àune croyance, une illusion qui nous est nécessaire pour vivre. 3) UN AMOUR ABSOLU NÉCESSAIRE - Nul doute qu'à mentir en permanence toute vérité disparaît.

Mais est-cesouhaitable ? A moins de renoncer à toute existence sociale, touteconvention linguistique avec autrui exige une permanence de la vérité.

Pourcela il convient, à l'instar de l'allégorie de la caverne de Platon, de distinguerl'apparence de l'être.D'une part afin de ne plus subir les effets rhétoriques des faiseurs et deretrouver ainsi un jugement critique (arrachement et conversion du prisonnier de la caverne).

D'autre part, même siune dialectique ascendante exige une lente formation de l'âme, chacun, à l'instar de l'esclave de Menon, estsusceptible de retrouver en lui ce qu'il a contemplé en dehors de cette existence.

L'amour de la vérité n'est doncpas nouveau.

Nous retrouvons l'objet perdu d'amour en pratiquant la réminiscence. - La vérité innéeLa réminiscence nous a préparé à l'idée que l'amour de la vérité était nécessaire car la vérité est innée.

Ainsidécouvrir la vérité c'est aimer son origine : pour Descartes l'idée d'infini ne peut avoir été produite par un être fini; ilfaut donc supposer qu'un être infini ait disposé en nous de cette idée.

Cette "marque"est le résultat de la créationde l'homme par Dieu.

Si bien que l'amour de la vérité est l'amour de Dieu en nous par l'intermédiaire des idées ennous.. »

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