Folie et sagesse s'opposent-elles ?

« Mais par analogie on taxe également de folie des attachements ou des haines, des enthousiasmes ou des aversions qui dépassent la mesure et échappent au contrôle de la raison.

Toute passion est plus ou moins folle.

« être fou de quelqu'un ou de quelque chose » signifie : l'aimer au point d'en perdre le bon sens et le libre-arbitre.

C'est dans ce sens que Mme DE SÉVIGNÉ écrivait à sa fille : « C'est ma folie que de vous voir, de vous parler, de vous entendre; je me dévore de cette envie et du déplaisir de ne vou'3 avoir pas assez écoutée, pas assez regardée : il me semble pourtant que je n'en perdais guère les moments; mais je n'en suis pas contente; je suis folle : il n'y a rien de plus vrai; mais vous êtes obligée d'aimer ma folie.

Je ne comprends pas comment on peut tant penser à une personne (1).

» Cette dernière notation nous amène à remarquer que cette forme de folie présente elle-même bien des degrés.

Mme DE SÉviGNÉ ne se situe pas au plus haut, puisqu'elle a encore conscience de ce que comportent d'irrationnel ses sentiments_ Mais il est des cas de « folie » bien moins accusés encore que la sienne et dans lesquels l'aliénation est presque autant jouée ou même voulue que subie · on se laisse aller à faire le fou, mais sans perdre le contrôle de soi, la raison intervenant d'une façon subconsciente pour fixer des limites à ne pas dépasser et même pour organiser les manifestations de la folie à laquelle on semble s'abandonner.

Pour employer les termes de Mme DE SÉVIGXÉ qui a discuté la maxime de LA RocHEFOUCAULD (2), à cùté dP.

la folie qui constitue lu « passion » telle que la décrivent les dramaturges et les romanciers, il y a celle qui se maintient au niveau de la u fan­ taisie 11.

Mais à vrai dire le fantaisiste n ·est point fon : c'est d'une façon très lucide qu'il se livre à ce qu'on appelle des folies.

2.

Nous arrivons ici à la seconde acception du mot, celle qu'il prend dans l'expression « faire des folies » : ces folies, ce sont des actes ou des paroles déraisonnables.

Au grand siècle, oa appelait même. »