Gaston BACHELARD, Le Matérialisme rationnel. LA MATIÈRE ET L'ESPRIT

Expliquer le texte suivant:

Les concepts de départ attachés à la matière par un matérialisme naïf appa­raissent aux intuitions instruites comme purement et simplement provisoires. Dur, mou, chaud, froid, immobile, stable, droit, rond, carré, autant de concepts en claire validité dans la connaissance commune qui sont touchés d'un essen­tiel relativisme dès que les matières se touchent, coopèrent au fonctionnement d'une machine. Leur sens primitif doit être surveillé. [...] Souvent, le philo­sophe qui se réclame du caractère concret de son expérience ne se rend pas compte que les premières prises sur le réel ne sont que de pauvres abstractions. L'impression concrète première est finalement une prison, une prison étroite, où l'esprit perd sa liberté, où l'expérience se prive de l'extension nécessaire à la connaissance affinée de la réalité. Les philosophes qui dénoncent les abstrac­tions de la pensée scientifique dirigent souvent leurs traits contre la science telle qu'ils l'imaginent, telle qu'elle leur apparut dans les heures malheureuses de l'effort scolaire. Ce n'est pas en ses premières démarches qu'il faut juger une pensée qui ne vit que des rectifications qu'elle s'impose.

Gaston BACHELARD, Le Matérialisme rationnel.

Avant de commencer

·    Principales notions abordées

La conscience; la perception (L); le langage (L et ES); théorie et expérience (L);

la matière et l'esprit; la vérité.

·    Repères utilisés

Absolu/relatif ; abstrait/concret ; analyse/synthèse ; genre/espèce/individu ;

intuitif/discursif ; médiat/immédiat; universel/général/particulier/singulier.

·    Analyse du sujet

— Il est important de rechercher des informations minimales sur la notion de « matérialisme « et sur les nouvelles conceptions de la matière en physique et en chimie modernes, afin de mener une lecture un peu documentée de ce texte.

— Bien percevoir que le « philosophe « qui est critiqué dans cet extrait est aussi (et peut-être avant tout) chacun d'entre nous, avec notre tendance à nous enfer­mer dans une « philosophie naturelle «, autrement dit un système de pensée plein de préjugés et d'idées toutes faites.