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Henry Miller écrit : « A quoi servent les livres, s'ils ne nous ramènent pas vers la vie ?... Notre espoir à tous, en prenant un livre, est de rencontrer un homme selon notre coeur, de vivre des tragédies et des joies que nous n'avons pas le courage de provoquer nous-mêmes, de rêver des rêves qui rendent la vie plus passionnante, peut-être aussi de découvrir une philosophie de l'existence qui nous rende plus capables d'affronter les problèmes et les épreuves qui nous assaillent. » En v

Publié le 03/04/2009

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Henry Miller émet ici un jugement catégorique : « A quoi servent les livres, s'ils ne nous ramènent pas vers la vie ?« En effet, cette interrogation n'est qu'oratoire. Toutefois, il est incontestable qu'une partie importante de la littérature n'assume pas ce rôle ; et nous nous demanderons pour quelles raisons. D'autre part, si la littérature peut « nous ramener vers la vie «, pour Henry Miller elle le peut à deux niveaux : soit elle peut servir de substitut à l'homme, lui faire connaître, de façon toute fictive, un vaste univers de sensations et de sentiments, soit elle peut l'aider réellement à « affronter les problèmes et les épreuves qui nous assaillent «. Il sera bon, dans les deux cas, de discerner les conditions qui permettent à la littérature de remplir cette fonction.

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« C'est pour cela que la littérature se doit d'assurer la mission dont parlait Gide : inquiéter.

Aucun sujet ne doit restertabou.Ionesco évoque la réaction de l'homme à l'annonce de sa mort.

Bérenger, héros de Le Roi se meurt, symbolise lacondition humaine.

Bien que très puissant, il ne peut rien contre sa mort, en souffre, se révolte, finit par l'accepter.Cette oeuvre demande, sollicite la réflexion du lecteur.

Elle est une clé lui permettant d'accéder, grâce à unemeilleure connaissance du problème humain qu'est la mort, à l'acceptation de celle-ci.

La littérature, dans ce cas, adonc aidé le lecteur.Mais elle ne peut le faire qu'avec l'accord du lecteur et Henry Miller le note bien par la restriction que le « peut-être» apporte à la fin de la phrase, expression du vrai but de l'art littéraire.

«Un beau livre est celui qui pose à foisondes points d'interrogation », dit Cocteau, il faut donc vouloir y répondre.

La poésie est un genre littéraire qui necesse de nous interroger : l'œuvre de Baudelaire nous en fournit un exemple.

Dans Les Fleurs du Mal, en sepeignant, Baudelaire dit peindre l'humanité, «Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère», car « Chaque hommeporte en lui-même la forme de l'humaine condition».

Pouvons-nous accepter son pessimisme ? Sommes-nousréellement si abjects ? Pour obliger l'homme à seconfronter avec lui-même, Baudelaire a choisi de choquer, d'être sincère.

C'est pour cela qu'il se propose d'« extrairela Beauté du Mal », lors même qu'au XIXe siècle la beauté était indissolublement et uniquement liée au bien.Par ce jugement, Henry Miller expose sa conception de l'art :plus qu'une mission, c'est un don.

L'artiste doit donc être exigeant avec lui-même, sincère.

Camus, en concluant LeMythe de Sisyphe, écrit : « Il faut imaginer Sisyphe heureux.

» Pour lui, l'homme est libre s'il accepte pleinement,totalement son sort.

Il se révèle ainsi supérieur à lui.

Cette œuvre apporte au lecteur une direction, une indicationquant à la façon de parvenir au bonheur.Pour Henry Miller, l'artiste se doit donc d'être engagé et d'affirmer librement ses opinions.

Ces affirmations sontutiles à toute société pour progresser.

Sartre dans des œuvres telles que Les Mains sales, Huis clos, développe,vulgarise sa philosophie existentialiste.

Par le truchement du roman, un large public peut repenser, faire siennes ourejeter les idées de Sartre.

De toute façon, il y a une remise en question, heurt du lecteur avec l'ouvrage.

C'est deces heurts successifs que naîtra «une philosophie de l'existence ».

Le jugement d'Henry Miller rejette toute une partie de la littérature dont le but unique est d'éloigner l'homme desvrais problèmes, de le distraire.

Puis son propos est une illustration des différents rôles de l'art littéraire : il peut etdoit apporter une émotion esthétique.

Cette émotion permettra d'approfondir sa connaissance de l'homme ou plussimplement d'avoir une vie passionnante, grâce à l'imagination.

Cependant, le but suprême de l'art et donc de lalittérature est d'aider l'homme à vivre, à accepter sa condition humaine le plus parfaitementpossible.

(Malraux y parvient dans son roman célèbre, La Condition humaine, en étudiant minutieusement l'homme :c'est par la recherche constante de notre dignité que nous parvenons à avoir une vie satisfaisante.) Cette aide nepeut être apportée au lecteur que si celui-ci consent à être « inquiété ».. »

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