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Histoire de la Revolution francaise, tome 1 Les federes, apres avoir

Publié le 11/04/2014

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Histoire de la Revolution francaise, tome 1 Les federes, apres avoir assiste aux imposantes discussions de l'assemblee nationale, aux pompes de la cour, aux magnificences de Paris, apres avoir ete temoins de la bonte du roi, qu'ils visiterent tous, et dont ils recurent de touchantes expressions de bonte, retournerent chez eux, transportees d'ivresse, pleins de bons sentimens et d'illusions. Apres tant de scenes dechirantes, et pret a en raconter de plus terribles encore, l'historien s'arrete avec plaisir sur ces heures si fugitives, ou tous les coeurs n'eurent qu'un sentiment, l'amour du bien public [7]. La fete si touchante de la federation ne fut encore qu'une emotion passagere. Le lendemain, les coeurs voulaient encore tout ce qu'ils avaient voulu la veille, et la guerre etait recommencee. Les petites querelles avec le ministere s'engagerent de nouveau. On se plaignit de ce qu'on avait donne passage aux troupes autrichiennes qui se rendaient dans le pays de Liege. On accusa Saint-Priest d'avoir favorise l'evasion de plusieurs accuses suspects de machinations contre-revolutionnaires. La cour, en revanche, avait remis a l'ordre du jour la procedure commencee au Chatelet contre les auteurs des 5 et 6 octobre. Le duc d'Orleans et Mirabeau s'y trouvaient impliques. Cette procedure singuliere, plusieurs fois abandonnee et reprise, se ressentait des diverses influences sous lesquelles elle avait ete instruite. Elle etait pleine de contradictions, et n'offrait aucune charge suffisante contre les deux accuses principaux. La cour, en se conciliant Mirabeau, n'avait cependant aucun plan suivi a son egard. Elle s'en approchait, s'en ecartait tour a tour, et cherchait plutot a l'apaiser qu'a suivre ses conseils. En renouvelant la procedure des 5 et 6 octobre, ce n'etait pas lui qu'elle poursuivait, mais le duc d'Orleans, qui avait ete fort applaudi a son retour de Londres, et qu'elle avait durement repousse lorsqu'il demandait a rentrer en grace aupres du roi[8]. Chabroud devait faire le rapport a l'assemblee, pour qu'elle jugeat s'il y avait lieu ou non a accusation. La cour desirait que Mirabeau gardat le silence, et qu'il abandonnat le duc d'Orleans, le seul a qui elle en voulait. Cependant il prit la parole, et montra combien etaient ridicules les imputations dirigees contre lui. On l'accusait en effet d'avoir averti Mounier que Paris marchait sur Versailles, et d'avoir ajoute ces mots: Nous voulons un roi, mais qu'importe que ce soit Louis XVI ou Louis XVII; d'avoir parcouru le regiment de Flandre, le sabre a la main, et de s'etre ecrie, a l'instant du depart du duc d'Orleans: Ce j... f..... ne merite pas la peine qu'on se donne pour lui. Rien n'etait plus futile que de pareils griefs. Mirabeau en montra la faiblesse et le ridicule, ne dit que peu de mots sur le duc d'Orleans, et s'ecria en finissant: Oui, le secret de cette infernale procedure est enfin decouvert; il est la tout entier (en montrant le cote droit); il est dans l'interet de ceux dont les temoignages et les calomnies en ont forme le tissu; il est dans les ressources qu'elle a fournies aux ennemis de la revolution; il est ... il est dans le coeur des juges, tel qu'il sera bientot burine dans l'histoire par la plus juste et la plus implacable vengeance. Les applaudissemens accompagnerent Mirabeau jusqu'a sa place; les deux inculpes furent mis hors d'accusation par l'assemblee, et la cour eut la honte d'une tentative inutile. La revolution devait s'accomplir partout, dans l'armee comme dans le peuple. L'armee, dernier appui du pouvoir, etait aussi la derniere crainte du parti populaire. Tous les chefs militaires etaient ennemis de la revolution, parce que, possesseurs exclusifs des grades et des faveurs, ils voyaient le merite admis a les partager avec eux. Par le motif contraire, les soldats penchaient pour l'ordre de choses nouveau; et sans doute la haine de la discipline, le desir d'une plus forte paie, agissaient aussi puissamment sur eux que l'esprit de liberte. Une dangereuse insubordination se manifestait dans presque toute l'armee. L'infanterie surtout, peut-etre parce qu'elle se mele davantage au peuple et qu'elle a moins d'orgueil militaire que la cavalerie, etait dans un etat complet d'insurrection. Bouille, qui voyait avec peine son armee lui echapper, employait tous les moyens possibles pour arreter cette contagion de l'esprit revolutionnaire. Il avait recu de Latour-du-Pin, ministre de la guerre, les pouvoirs les plus etendus; il en profitait en deplacant continuellement ses troupes, et en les empechant de se familiariser avec le peuple par leur sejour sur les memes lieux. Il leur defendait surtout de se rendre aux clubs, et ne negligeait rien enfin pour maintenir la subordination militaire. Bouille, apres une longue resistance, avait enfin prete serment a la constitution; et comme il etait plein d'honneur, des cet instant il parut avoir pris la resolution d'etre fidele au roi et a la constitution. Sa repugnance pour Lafayette, dont il ne pouvait meconnaitre le desinteressement, etait vaincue, et il etait plus dispose a s'entendre avec lui. Les gardes nationales de la vaste contree ou il commandait avaient voulu le nommer leur general; il s'y etait refuse dans sa premiere Humeur, et il en avait du regret en songeant au bien qu'il aurait pu faire. Neanmoins, malgre CHAPITRE V. ETAT POLITIQUE ET DISPOSITIONS DES PUISSANCES ETRANGERES EN 1790. DISCU 76 Histoire de la Revolution francaise, tome 1 quelques denonciations des clubs, il se maintenait dans les faveurs populaires. La revolte eclata d'abord a Metz. Les soldats enfermerent leurs officiers, s'emparerent des drapeaux et des caisses, et voulurent meme faire contribuer la municipalite. Bouille courut le plus grand danger, et parvint a reprimer la sedition. Bientot apres, une revolte semblable se manifesta a Nancy. Des regimens suisses y prirent part, et on eut lieu de craindre, si cet exemple etait suivi, que bientot tout le royaume ne se trouvat livre aux exces reunis de la soldatesque et de la populace. L'assemblee elle meme en trembla. Un officier fut charge de porter le decret rendu contre les rebelles. Il ne put le faire executer, et Bouille recut ordre de marcher sur Nancy pour que force restat a la loi. Il n'avait que peu de soldats sur lesquels il put compter. Heureusement les troupes, naguere revoltees a Metz, humiliees de ce qu'il n'osait pas se fier a elles, offrirent de marcher contre les rebelles. Les gardes nationales firent la meme offre, et il s'avanca avec ces forces reunies et une cavalerie assez nombreuse sur Nancy. Sa position etait embarrassante, parce qu'il ne pouvait faire agir sa cavalerie, et que son infanterie n'etait pas suffisante pour attaquer les rebelles secondes de la populace. Neanmoins il parla a ceux-ci avec la plus grande fermete, et parvint a leur imposer. Ils allaient meme ceder et sortir de la ville, conformement a ses ordres, lorsque des coups de fusil furent tires, on ne sait de quel cote. Des-lors l'engagement devint inevitable. Les troupes de Bouille, se croyant trahies, combattirent avec la plus grande ardeur; mais l'action fut opiniatre, et elles ne penetrerent que pas a pas, a travers un feu meurtrier[9]. Maitre enfin des principales places, Bouille obtint la soumission des regimens, et les fit sortir de la ville. Il delivra les officiers et les autorites emprisonnes, fit choisir les principaux coupables, et les livra a l'assemblee nationale. Cette victoire repandit une joie generale, et calma les craintes qu'on avait concues pour la tranquillite du royaume. Bouille recut du roi et de l'assemblee des felicitations et des eloges. Plus tard on le calomnia, et on accusa sa conduite de cruaute. Cependant elle etait irreprochable, et dans le moment elle fut applaudie comme telle. Le roi augmenta son commandement, qui devint fort considerable, car il s'etendait depuis la Suisse jusqu'a la Sambre, et comprenait la plus grande partie de la frontiere. Bouille, comptant plus sur la cavalerie que sur l'infanterie, choisit pour se cantonner les bords de la Seille, qui tombe dans la Moselle; il avait la des plaines pour faire agir sa cavalerie, des fourrages pour la nourrir, des places assez fortes pour se retrancher, et surtout peu de population a craindre. Bouille etait decide a ne rien faire contre la constitution; mais il se defiait des patriotes, et il prenait des precautions pour venir au secours du roi, si les circonstances le rendaient necessaire. L'assemblee avait aboli les parlemens, institue les jures, detruit les jurandes, et allait ordonner une nouvelle emission d'assignats. Les biens du clerge offrant un capital immense, et les assignats le rendant continuellement disponible, il etait naturel qu'elle en usat. Toutes les objections deja faites furent renouvelees avec plus de violence; l'eveque d'Autun lui-meme se prononca contre cette emission nouvelle, et previt avec sagacite tous les resultats financiers de cette mesure[10]. Mirabeau, envisageant surtout les resultats politiques, insista avec opiniatrete, et reussit. Huit cents millions d'assignats furent decretes; et cette fois il fut decide qu'ils ne porteraient pas interet. Il etait inutile en effet d'ajouter un interet a une monnaie. Qu'on fasse cela pour un titre qui ne peut circuler et demeure oisif dans les mains de celui qui le possede, rien n'est plus juste; mais pour une valeur qui devient actuelle par son cours force, c'est une erreur que l'assemblee ne commit pas une seconde fois. Necker s'opposa a cette nouvelle emission, et envoya un memoire qu'on n'ecouta point. Les temps etaient bien changes pour lui, et il n'etait plus ce ministre a la conservation duquel le peuple attachait son bonheur, un an auparavant. Prive de la confiance du roi, brouille avec ses collegues, excepte Montmorin, il etait neglige par l'assemblee, et n'en obtenait pas tous les egards qu'il eut pu en attendre. L'erreur de Necker consistait a croire que la raison suffisait a tout, et que, manifestee avec un melange de sentiment et de logique, elle devait triompher de l'entetement des aristocrates et de l'irritation des patriotes. Necker possedait cette raison un peu fiere qui juge les ecarts des passions et les blame; mais il manquait de cette autre raison plus elevee et moins orgueilleuse, qui ne se borne pas a les blamer mais qui sait aussi les conduire. Aussi, place au milieu d'elles, il ne fut pour toutes qu'une gene et point un frein. Demeure sans amis depuis le depart de Mounier et de Lally, il n'avait conserve que l'inutile Malouet. Il avait blesse CHAPITRE V. ETAT POLITIQUE ET DISPOSITIONS DES PUISSANCES ETRANGERES EN 1790. DISCU 77
histoire

« quelques denonciations des clubs, il se maintenait dans les faveurs populaires. La revolte eclata d'abord a Metz.

Les soldats enfermerent leurs officiers, s'emparerent des drapeaux et des caisses, et voulurent meme faire contribuer la municipalite.

Bouille courut le plus grand danger, et parvint a reprimer la sedition.

Bientot apres, une revolte semblable se manifesta a Nancy.

Des regimens suisses y prirent part, et on eut lieu de craindre, si cet exemple etait suivi, que bientot tout le royaume ne se trouvat livre aux exces reunis de la soldatesque et de la populace.

L'assemblee elle meme en trembla.

Un officier fut charge de porter le decret rendu contre les rebelles.

Il ne put le faire executer, et Bouille recut ordre de marcher sur Nancy pour que force restat a la loi.

Il n'avait que peu de soldats sur lesquels il put compter.

Heureusement les troupes, naguere revoltees a Metz, humiliees de ce qu'il n'osait pas se fier a elles, offrirent de marcher contre les rebelles.

Les gardes nationales firent la meme offre, et il s'avanca avec ces forces reunies et une cavalerie assez nombreuse sur Nancy.

Sa position etait embarrassante, parce qu'il ne pouvait faire agir sa cavalerie, et que son infanterie n'etait pas suffisante pour attaquer les rebelles secondes de la populace.

Neanmoins il parla a ceux-ci avec la plus grande fermete, et parvint a leur imposer.

Ils allaient meme ceder et sortir de la ville, conformement a ses ordres, lorsque des coups de fusil furent tires, on ne sait de quel cote.

Des-lors l'engagement devint inevitable.

Les troupes de Bouille, se croyant trahies, combattirent avec la plus grande ardeur; mais l'action fut opiniatre, et elles ne penetrerent que pas a pas, a travers un feu meurtrier[9].

Maitre enfin des principales places, Bouille obtint la soumission des regimens, et les fit sortir de la ville.

Il delivra les officiers et les autorites emprisonnes, fit choisir les principaux coupables, et les livra a l'assemblee nationale. Cette victoire repandit une joie generale, et calma les craintes qu'on avait concues pour la tranquillite du royaume.

Bouille recut du roi et de l'assemblee des felicitations et des eloges.

Plus tard on le calomnia, et on accusa sa conduite de cruaute. Cependant elle etait irreprochable, et dans le moment elle fut applaudie comme telle.

Le roi augmenta son commandement, qui devint fort considerable, car il s'etendait depuis la Suisse jusqu'a la Sambre, et comprenait la plus grande partie de la frontiere.

Bouille, comptant plus sur la cavalerie que sur l'infanterie, choisit pour se cantonner les bords de la Seille, qui tombe dans la Moselle; il avait la des plaines pour faire agir sa cavalerie, des fourrages pour la nourrir, des places assez fortes pour se retrancher, et surtout peu de population a craindre.

Bouille etait decide a ne rien faire contre la constitution; mais il se defiait des patriotes, et il prenait des precautions pour venir au secours du roi, si les circonstances le rendaient necessaire. L'assemblee avait aboli les parlemens, institue les jures, detruit les jurandes, et allait ordonner une nouvelle emission d'assignats.

Les biens du clerge offrant un capital immense, et les assignats le rendant continuellement disponible, il etait naturel qu'elle en usat.

Toutes les objections deja faites furent renouvelees avec plus de violence; l'eveque d'Autun lui-meme se prononca contre cette emission nouvelle, et previt avec sagacite tous les resultats financiers de cette mesure[10].

Mirabeau, envisageant surtout les resultats politiques, insista avec opiniatrete, et reussit.

Huit cents millions d'assignats furent decretes; et cette fois il fut decide qu'ils ne porteraient pas interet.

Il etait inutile en effet d'ajouter un interet a une monnaie.

Qu'on fasse cela pour un titre qui ne peut circuler et demeure oisif dans les mains de celui qui le possede, rien n'est plus juste; mais pour une valeur qui devient actuelle par son cours force, c'est une erreur que l'assemblee ne commit pas une seconde fois.

Necker s'opposa a cette nouvelle emission, et envoya un memoire qu'on n'ecouta point.

Les temps etaient bien changes pour lui, et il n'etait plus ce ministre a la conservation duquel le peuple attachait son bonheur, un an auparavant.

Prive de la confiance du roi, brouille avec ses collegues, excepte Montmorin, il etait neglige par l'assemblee, et n'en obtenait pas tous les egards qu'il eut pu en attendre.

L'erreur de Necker consistait a croire que la raison suffisait a tout, et que, manifestee avec un melange de sentiment et de logique, elle devait triompher de l'entetement des aristocrates et de l'irritation des patriotes.

Necker possedait cette raison un peu fiere qui juge les ecarts des passions et les blame; mais il manquait de cette autre raison plus elevee et moins orgueilleuse, qui ne se borne pas a les blamer mais qui sait aussi les conduire.

Aussi, place au milieu d'elles, il ne fut pour toutes qu'une gene et point un frein.

Demeure sans amis depuis le depart de Mounier et de Lally, il n'avait conserve que l'inutile Malouet.

Il avait blesse Histoire de la Revolution francaise, tome 1 CHAPITRE V.

ETAT POLITIQUE ET DISPOSITIONS DES PUISSANCES ETRANGERES EN 1790.

\24DISCUSSION SUR LE DROIT DE LA PAIX ET DE LA GUERRE.\24PREMIERE INSTITUTION DU PAPIER-MONNAIE OU DES ASSIGNATS.\24ORGANISATION JUDICIAIRE.

\24CONSTITUTION CIVILE DU CLERGE.\24ABOLITION DES TITRES DE NOBLESSE.

\24ANNIVERSAIRE DU 14 JUILLET.\24FETE DE LA PREMIERE FEDERATION.\24REVOLTE DES TROUPES A NANCY.\24RETRAITE DE NECKER.\24PROJETS DE LA COUR ET DE MIRABEAU.\24FORMATION DU CAMP DE JALES.\24SERMENT CIVIQUE IMPOSE AUX ECCLESIASTIQUES.

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