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HOBBES: Il est vrai que hors de la societe civile chacun jouit d'une liberté très entière

Publié le 04/04/2005

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Il est vrai que hors de la société civile chacun jouit d'une liberté très entière, mais qui est infructueuse, parce que comme elle donne le privilège de faire tout ce que bon nous semble, aussi elle laisse aux autres la puissance de nous faire souffrir tout ce qu'il leur plaît. Mais dans le gouvernement d'un État bien établi, chaque particulier ne se réserve qu'autant de liberté qu'il lui en faut pour vivre commodément, et en une parfaite tranquillité, comme on n'en ôte aux autres que ce dont ils seraient à craindre. Hors de la société, chacun a tellement droit sur toutes choses, qu'il ne s'en peut prévaloir et n'a la possession d'aucune ; mais dans la république, chacun jouit paisiblement de son droit particulier. Hors de la société civile, ce n'est qu'un continuel brigandage et on est exposé à la violence de tous ceux qui voudront nous ôter les biens et la vie ; mais dans l'État, cette puissance n'appartient qu'à un seul. Hors du commerce des hommes, nous n'avons que nos propres forces qui nous servent de protection, mais dans une ville, nous recevons le secours de tous nos concitoyens. Hors de la société, l'adresse et l'industrie sont de nul fruit : mais dans un État, rien ne manque à ceux qui s'évertuent. Enfin, hors de la société civile, les passions règnent, la guerre est éternelle, la pauvreté est insurmontable, la crainte ne nous abandonne jamais, les horreurs de la solitude nous persécutent, la misère nous accable, la barbarie, l'ignorance et la brutalité nous ôtent toutes les douceurs de la vie ; mais dans l'ordre du gouvernement, la raison exerce son empire, la paix revient au monde, la sûreté publique est rétablie, les richesses abondent, on goûte les charmes de la conversation, on voit ressusciter les arts, fleurir les sciences, la bienséance est rendue à toutes nos actions et nous ne vivons plus ignorants des lois de l'amitié. HOBBES
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« Ce qui ressort de ce premier mouvement, c'est bien la différence entre un état où l'individualité n'est pas protégée,ni favorisée alors que dans la société, la multitude des hommes permet la sécurité, l'abondance. II L'état de nature comme règne des passions Hobbes s'oppose à la tradition aristotélicienne selon laquelle l'homme est un animal naturellement social. En absence de société civile, les hommes s'affrontent en raison même de leur nature.

Chaque individu, possédantpar nature les mêmes forces, les mêmes besoins, le même droit de se défendre, cherche à atteindre ses fins : laconservation et même l'agrément.

Donc "les passions règnent." Or dit Hobbes, dans le Léviathan, " si deux individus désirent la même chose alors qu'il n'est pas possible qu'ils enjouissent tous les deux, ils deviennent des ennemis." Les individus sont donc autant de forces se redoutantmutuellement et la défiance engendre la guerre.

L'état naturel est donc un état de "guerre éternelle" qui est laconséquence nécessaire des passions naturelles des hommes et, par conséquent, à cet état tout est préférable :"nous ôtent toutes les douceurs de la vie".

La vie ne vaut pas d'être vécue dans cet état.

On ne saurait payer tropcher pour mettre fin à la guerre, même s'il faut, pour cela, renoncer à la liberté. III Le gouvernement est le domaine de la raison Seul un artifice qui est le contrat permet de sortir de cet état de guerre.

Ce contrat est un acte rationnel par lequelchacun cède le droit qu'il a sur toutes choses, reconnaissant que c'est ce qui fait son malheur et qu'en agissantainsi, il fait cesser la guerre.

L'état résulte donc de cette cession du pouvoir du plus grand nombre à un seul hommeou à une seule assemblée, que Hobbes compare au Léviathan biblique( voir Livre de Job, ancien testament).

" maisdans l'état, cette puissance n'appartient qu'à un seul." Il n'y a plus qu'un seul homme qui désormais peut contraindretoutes les autres volontés individuelles. Le rôle de l'État sera donc non pas de rendre l'homme vertueux, mais de sauvegarder son droit naturel à la vie.

Parailleurs la "vie bonne" que les hommes espèrent atteindre en se regroupant dans une société civile n'est pas une vied'excellence définie de façon morale et téléologique, mais une vie confortable, qui constitue la récompense du durlabeur : "dans un État, rien ne manque à ceux qui s'évertuent".

La fonction de l'État sera par conséquent aussid'assurer aux citoyens, autant qu'il est possible, confort.

Elle permet même aux hommes de retrouver le plaisir devivre ensemble " on goût les charme de la conversation." "et nous ne vivons plus ignorants des lois de l'amitié." Hobbes est donc l'un des premiers a comprendre la nécessité de revenir à un état de nature, un état "hors société"pour refonder la légitimité du pouvoir et de l'état.

Pour lui, les hommes, par nature et en l'absence de tout pouvoircoercitif, poursuivent la satisfaction de leur passion et sont enclins à la guerre de chacun contre chacun.

Tous onten effet la liberté et le droit de faire ce qu'ils ont envie.

L'état de nature est un état de peur perpétuelle et laméfiance empêche aux hommes de se côtoyer.

La vie dépérit. Par un acte volontaire et rationnel, les hommes préfèrent par un contrat social, déléguer leur force à un pouvoirsouverain dont la tâche est de maintenir coûte que coûte la paix civile et assurer le droit à la vie de chacun. Hobbes est considéré, avec Machiavel , comme le fondateur de la politique moderne.

Contemporain de la Révolution anglaise du XVII ième siècle, Hobbes sera frappé de la violence de la guerre civile et des conséquences désastreuses de la vacance du pouvoir.

Au chapitre XII du « Léviathan », il écrit : « Il apparaît clairement par là, qu'aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont danscette condition que l'on nomme guerre, et que cette guerre est guerre de chacun contre chacun. » L'expérience inédite qu'est la Révolution va amener Hobbes à se faire le théoricien d'un pouvoir fort, de l'absolutisme. Hobbes appartient au courant dit du « droit naturel » qui rompt avec les conceptions politiques traditionnelles.

L ‘héritage antique affirmait avec Aristote que « l'homme est un animal politique » et assurait la prééminence de la communauté sur l'individu.

L'héritage chrétien, le droit divin, interdisaient toute contestation del'autorité politique, laquelle était censée venir de Dieu. La Réforme religieuse de Martin Luther au XVI ième ébranle la tradition catholique et rejette le pouvoir qu'exerçait le pape non seulement sur les Eglises, mais aussi sur les Etats.

La philosophie de Descartes fait du passé table rase et place la conscience, l'homme conçu comme volonté autonome, au centre de l'univers. Hobbes est en un sens l'héritier politique de cette double fracture religieuse et métaphysique.

La Révolution anglaise, qui l'obligera à se réfugier à la cour de Louis XIV , l'assure que les fondements traditionnels de la politique sont vermoulus, et qu'il faut accomplir en politique ce que Descartes a accompli en métaphysique : une contestation radicale de la tradition et de l'histoire, et une nouvelle fondation, rationnelle, cette fois, de l'Etat : « De toute manière, un argument tiré de la pratique des hommes est sans valeur […] En effet, même si en tous lesendroits du monde les hommes établissaient sur le sable les fondements de leurs maisons, on ne pourrait inférer delà qu'il doit en être ainsi.

L'art d ‘établir et de maintenir les républiques repose, comme l'arithmétique et la géométrie,sur des règles déterminées, et non comme le jeu de paume, sur la seule pratique. ». »

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