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« Il n'y a pas de vrai sens d'un texte. Pas d'autorité de l'auteur. Quoi qu'il ait voulu dire, il a écrit ce qu'il a écrit ; une fois publié, un texte est comme un appareil dont chacun peut se servir à sa guise et selon ses moyens. » Justifiez et discutez cette affirmation de Paul Valéry, en vous appuyant sur des arguments et des exemples précis. ?

Publié le 06/06/2009

Extrait du document

Introduction Le problème du vrai sens d'un texte doit s'envisager selon plusieurs axes : on doit d'abord considérer les intentions de l'auteur et les replacer dans leur contexte socio-historique ; puis s'intéresser à l'acte de lecture, qui est celui de la délivrance du sens ; et enfin s'interroger sur les conditions mêmes de la possibilité du sens. On verra alors que la notion même de vérité est à remettre en cause, ce qui ne signifie pas qu'il n'y ait aucune vérité. I. Le problème de la vérité A. L'autorité de l'auteur 1. Penser que la vérité du texte équivaut à ce que l'auteur a voulu dire, c'est admettre une autorité de l'auteur. En d'autres termes, c'est ramener l'oeuvre à l'homme : c'est donc accepter une maîtrise totale de l'auteur et nier tout inconscient. Mais il existe de nombreux contre-exemples : Parmi les différentes variantes d'un même texte : laquelle a autorité ? D'autre part, les travaux de. Freud et de la psychanalyse sur l'inconscient invalident la possibilité d'une maîtrise de l'auteur. 2. Réduire l'oeuvre à l'homme, en admettant une autorité de l'auteur, c'est se rendre l'auteur indispensable. Que faire des oeuvres dont l'auteur est mal connu, ou inconnu ? Exemple : Homère, dont la légende affirme la cécité, mais dont on ne sait rien. On soupçonne même que L'Iliade et L'Odyssée ne soient pas du même auteur. Exemple : William Shakespeare, dont on ignore aussi à peu près tout, ce qui n'empêche ni de le lire, ni de le jouer, ni de l'apprécier.

« 2.

Le texte échappe à l'auteurOn voit bien cependant que le texte échappe à l'auteur, et qu'il n'existe par conséquent pas de vérité indiscutable.Exemple : le cas des mises en scènes est particulièrement flagrant, puisque c'est alors le metteur en scène quidécidera de la façon de jouer ou d'interpréter la pièce, et non plus l'auteur : on parle autant du Hamlet de Chéreauque de celui de Shakespeare ! B.

Tout n'est pas juste 1.

Possibilité de contresensPour autant, l'absence d'une Vérité majuscule ne signifie pas que l'on peut tout dire !...

Si rien n'est absolumentvrai, certaines choses sont en revanche absolument fausses.Exemple : les supercheries littéraires en donnent de nombreux exemples.

On a ainsi trouvé la tombe de la religieuseportugaise, il y a quelques années, alors que les Lettres de la religieuse portugaise sont en fait une oeuvre de fictionde Guilleragues, auteur français du XVIIIe siècle.

Voilà manifestement une contre-vérité ! 2.

Non pas une mais des véritésDès lors, entre la Vérité, évanouie avec l'autorité divine de l'auteur, et les contre-vérités nombreuses, il reste unedirection générale d'affirmations vraies, sans que l'une ou l'autre de ces affirmations possibles soit plus juste ou plusvraie que sa voisine.Exemple : ainsi peut-on affirmer avec autant de justesse que Mallarmé est un poète hermétique, un poète précieux,ou qu'il est influencé par Hegel.Exemple : de même, on pourra dire de Voltaire que c'est un maître de l'ironie, sans que cela s'oppose au fait qu'il futle plus grand auteur tragique du XVIIIe siècle. C.

Sur quoi se fonde le vrai ? La vérité ici en question se fondera alors sur le texte, et uniquement sur le texte, que l'on peut envisager deplusieurs façons. 1.

Le texte comme matièreSoit l'on est plus sensible à la matière verbale du texte, et l'on s'appuiera sur son caractère sonore, ou visuel.Exemples : la matière sonore est évidemment repérable en poésie, par exemple dans ces vers holorimes* de VictorHugo : « Gal, amant de la reine, alla, tour magnanime, / Galamment, de l'arène, à la Tour Magne, à Nîmes », ouencore dans le très célèbre sonnet en -yx de Mallarmé, qui débute par les mots : « Ses purs ongles très hautdédiant leur onyx »...Exemple : la matière visuelle, plus rarement utilisée, est à l'origine des Calligrammes d'Apollinaire, ou de l'utilisationdu blanc typographique dans la poésie contemporaine. 2.

Le texte comme ensemble de procédés analysablesMais on pourra bien sûr s'appuyer aussi sur l'ensemble des procédés stylistiques, qu'il s'agisse de la versification enpoésie, ou des champs lexicaux*, qu'il s'agisse d'un repérage thématique ou idéologique...Exemple : la versification rimbaldienne est ainsi particulièrement intéressante, puisque Rimbaud y opère une véritablerévolution par rapport à la pratique des Romantiques.Exemple : les champs lexicaux, par exemple chez Zola, fournissent souvent une matière abondante à l'interprétation: on verra ainsi se développer une nature luxuriante et sensuelle, dans La Faute de l'abbé Mouret. 3.

Le texte comme appareilEn ce sens, le texte est bien, comme le dit Valéry, un « appareil » à la disposition du lecteur, « à sa guise et selonses moyens ».

Le lecteur y cherchera un simple divertissement et sera alors attentif à la narration, ou y chercheraun message, et s'inquiètera du contenu idéologique, ou y cherchera un plaisir esthétique, qu'il trouvera dans laforme.Exemple : l'appareil narratif d'Aurélien, d'Aragon, est une histoire d'amour sur fond de montée des totalitarismes enEurope.

L'appareil idéologique est une dénonciation des accommodements de la petite-bourgeoisie, dont Aurélien estun exemple, et des manoeuvres de la grande bourgeoisie.

L'appareil stylistique est un roman réaliste, et parconséquent anti-surréaliste, malgré les nombreuses influences subies par Aragon. Transition S'il n'y a donc pas de Vérité, il y a pourtant des vérités, auxquelles s'opposent des contresens.

C'est seulementdans le texte que peut se préciser ce faisceau de vérités, qui mène à l'interprétation.

Mais quel rapportentretiennent alors vérité et interprétation : une interprétation ne tend-elle pas à s'instituer comme la seule vérité ? III.

Vérité et interprétation A.

Multiplicité des interprétations 1.

La variété du sensPuisque la vérité n'est pas une, c'est qu'il y a, comme nous l'avons vu, variété du sens.

La multiplicité des. »

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