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- Je m'entends bien avec elle », dit Joe.

Publié le 30/10/2013

Extrait du document

- Je m'entends bien avec elle «, dit Joe. La perfidie de Joe mit Alf en colère. Aussi lança-t-il une pointe : « Il m'est venu une drôle d'idée, dit-il. Pendant que je bâtissais la petite pièce sans fenêtre, un jour elle m'a regardé avec son oeil froid et l'idée m'est venue. Si elle savait tout ce que j'ai appris sur elle et qu'elle m'offre un verre, ou même un bout de gâteau... eh bien, je répondrais : « Non, merci, madame. « - Je m'entends bien avec elle, répéta Joe. J'ai rendez-vous avec un gars. « Joe se dirigea vers Castroville Street, car il voulait penser tranquillement dans sa chambre. Il se sentait mal à l'aise. Il gravit les escaliers quatre à quatre, examina sa valise et ouvrit tous ses tiroirs. Il avait peur que quelqu'un eût fouillé sa chambre. Une idée comme ça. Pourtant il n'y avait rien à trouver. Mais il était nerveux. Il essaya de mettre de l'ordre dans ce qu'il venait d'apprendre. On frappa à sa porte et Thelma entra, les yeux gonflés et le nez rouge. « Qu'est-ce qu'il lui prend à Kate ? demanda-t-elle. - Elle a été malade. - Je ne parle pas de ça. J'étais dans la cuisine en train de boire un verre de lait quand elle est entrée et elle m'a giflée. - Ton verre de lait, ce n'était pas moitié whisky ? - Non. De l'extrait de vanille, je te le jure. Elle a pas le droit de me traiter comme ça. - Elle l'a pris, le droit, non ? - Je ne le supporterai pas. Mais si, dit Joe. Maintenant, tire-toi. « Thelma posa sur lui son beau regard sombre et mystérieux et elle reprit un peu de vigueur. « Joe, demanda-t-elle, est-ce que tu es vraiment un salaud ou est-ce que tu fais semblant ? - Qu'est-ce que ça peut te foutre ? - Rien, répondit Thelma. Salaud ! « Joe voulait agir lentement, précautionneusement et après mûre réflexion. « J'ai ma chance. Il faut que je m'en serve. « Il alla prendre ses instructions chez Kate, mais il ne vit que sa nuque. Elle était assise à son bureau, sa visière rabaissée sur les yeux et elle ne se retourna pas vers lui. Après avoir donné ses ordres d'une voix sèche, elle continua : « Joe, je me demande si tu t'es bien occupé de la maison. J'ai été malade, mais maintenant je vais mieux. - Quelque chose qui ne tourne pas rond ? - Ça se pourrait. Je crois que Thelma buvait du whisky et non de l'extrait de vanille. Je n'aime pas qu'elle boive du whisky. Tu te relâches, Joe. « Il chercha une excuse. « J'ai été occupé, dit-il. - Occupé ? Ouais. Avec votre affaire. - Quelle affaire ? - Vous savez... Ethel. - Oublie-la. - Comme vous voudrez, dit Joe. (Puis, involontairement, il parla) : J'ai vu un gars, hier, qui m'a dit qu'il l'avait rencontrée. « Si Joe n'avait pas connu Kate, il ne lui aurait pas accordé sa petite pause, ses dix secondes de silence, son dû. Kate demanda doucement : « Où cela ? - Ici. « À ce moment-là seulement, elle fit pivoter son fauteuil et le regarda. « Je n'aurais pas dû te laisser faire, Joe. C'est difficile de confesser une faute, mais je te le dois bien. Inutile de te rappeler que j'ai fait interdire Ethel. Je croyais qu'elle m'avait fait quelque chose. (Sa voix prit un ton mélancolique.) Je m'étais trompée. Je m'en suis rendu compte plus tard. Et maintenant j'ai des remords. Elle ne m'avait rien fait. Je voudrais la retrouver et lui faire oublier. Ça doit te sembler étrange que j'aie cette idée. - Non, madame. - Retrouve-la, Joe. Je me sentirai mieux quand je l'aurai dédommagée... Pauvre vieille ! - Je vais essayer, madame. - Joe... Si tu as besoin d'argent, dis-le-moi. Si tu la retrouves, répète-lui ce que je t'ai dit. Si elle ne veut pas venir ici, demande-lui où je peux lui téléphoner. As-tu besoin d'argent ? - Pas tout de suite, madame, mais il faudra sans doute que je sorte assez souvent de la maison. - Très bien. C'est tout, Joe. « Il avait envie de sauter en l'air. Dans le couloir, il croisa ses bras et les serra très fort contre lui, comme pour empêcher sa joie de s'évaporer. Pour un peu, il aurait cru qu'il avait imaginé toute l'affaire. Il traversa le salon obscur, empli de murmures, puis il sortit et regarda le ciel où les étoiles apparaissaient et disparaissaient entre les nuages poussés par le vent. Joe repensa à son père. Il se rappelait quelque chose que le vieux lui avait dit : « Méfietoi des bonnes âmes, avait dit papa Joe. Les femelles gnan-gnan, elles sont dangereuses. « Joe murmura : « Une bonne âme ! Je la croyais plus forte que ça. « Il se rappela la conversation qu'il venait d'avoir avec elle et soupesa chacun des mots pour être sûr qu'ils n'avaient pas un double sens. Non, c'était bien cela. Il repensa à ce qu'Alf lui avait dit : « Si elle m'offrait un verre, ou même un bout de gâteau... « Kate n'avait pas quitté son bureau. Elle entendait le vent qui sifflait dans les troènes, et le vent et l'obscurité étaient pleins d'Ethel, grasse, flasque, visqueuse comme une méduse. Kate se sentit terriblement lasse. Elle entra dans sa petite pièce grise, referma la porte et s'assit dans l'obscurité, écoutant les petites douleurs qui montaient comme des fourmis le long de ses doigts. Le sang battait à ses tempes. Elle tâta la capsule qui pendait au bout de la chaîne et elle frotta contre sa joue le petit tube de métal, tiède de la chaleur de ses seins. Le courage lui revint. Elle se lava le visage, se maquilla, se peigna et fit bouffer ses cheveux. Puis elle descendit dans le salon, mais s'arrêta à la porte, pour écouter, comme d'habitude. Deux femmes et un homme parlaient. À l'entrée de Kate, la conversation tomba immédiatement. Kate dit : « Helen, je voudrais te voir, si tu n'as rien d'autre à faire. « La fille la suivit jusqu'à sa chambre. C'était une blonde fadasse avec une peau couleur d'os ciré. « Qu'est-ce qu'il y a, madame Kate ? demanda-t-elle craintivement. - Assieds-toi. Il n'y a rien. Tu es allée à l'enterrement de la Négresse ? - Vous ne vouliez pas ? - Ça n'a pas d'importance. Tu y es allée ? - Oui, madame. - Raconte-moi. - Quoi ? - Ce que tu te rappelles. Comment c'était ? « Helen répondit nerveusement : « C'était horrible et en même temps magnifique. - Qu'est-ce que tu veux dire ? - Je ne sais pas. Pas de fleurs. Pas de rien. Mais il y avait... il y avait... comme de la...

« « Je n’aurais pasdûtelaisser faire,Joe.C’est difficile deconfesser unefaute, maisjete le dois bien.

Inutile deterappeler quej’aifait interdire Ethel.Jecroyais qu’ellem’avait fait quelque chose.(Savoix pritunton mélancolique.) Jem’étais trompée.

Jem’en suis rendu compte plustard.

Etmaintenant j’aides remords.

Ellenem’avait rienfait.Je voudrais laretrouver etlui faire oublier.

Çadoit tesembler étrangequej’aie cette idée. – Non, madame. – Retrouve-la, Joe.Jeme sentirai mieuxquand jel’aurai dédommagée… Pauvrevieille ! – Je vaisessayer, madame. – Joe… Situ as besoin d’argent, dis-le-moi.

Situ laretrouves, répète-luiceque jet’ai dit. Si elle neveut pasvenir ici,demande-lui oùjepeux luitéléphoner.

As-tubesoin d’argent ? – Pas toutdesuite, madame, maisilfaudra sansdoute quejesorte assez souvent dela maison.

– Très bien.C’esttout,Joe. » Il avait envie desauter enl’air.

Dans lecouloir, ilcroisa sesbras etles serra trèsfort contre lui,comme pourempêcher sajoie des’évaporer.

Pourunpeu, ilaurait cruqu’il avait imaginé toutel’affaire.

Iltraversa lesalon obscur, emplidemurmures, puisilsortit et regarda leciel oùles étoiles apparaissaient etdisparaissaient entrelesnuages poussés par levent. Joe repensa àson père.

Ilse rappelait quelquechosequelevieux luiavait dit :« Méfie- toi des bonnes âmes,avaitditpapa Joe.Lesfemelles gnan-gnan, ellessont dangereuses. » Joe murmura : « Une bonne âme !Jelacroyais plusforte queça. » Il se rappela laconversation qu’ilvenait d’avoir avecelleetsoupesa chacundesmots pour êtresûrqu’ils n’avaient pasundouble sens.Non,c’était biencela.

Ilrepensa àce qu’Alf luiavait dit :« Siellem’offrait unverre, oumême unbout degâteau… » Kate n’avait pasquitté sonbureau.

Elleentendait levent quisifflait danslestroènes, et le vent etl’obscurité étaientpleinsd’Ethel, grasse,flasque, visqueuse commeune méduse.

Katesesentit terriblement lasse. Elle entra danssapetite piècegrise, referma laporte ets’assit dansl’obscurité, écoutant les petites douleurs quimontaient commedesfourmis lelong deses doigts.

Lesang battait àses tempes.

Elletâtalacapsule quipendait aubout delachaîne etelle frotta contre sajoue lepetit tubedemétal, tièdedelachaleur deses seins.

Lecourage lui revint.

Elleselava levisage, semaquilla, sepeigna etfit bouffer sescheveux.

Puiselle descendit danslesalon, maiss’arrêta àla porte, pourécouter, commed’habitude. Deux femmes etun homme parlaient.

Àl’entrée deKate, laconversation tomba immédiatement.

Katedit : « Helen, jevoudrais tevoir, situ n’as rien d’autre àfaire. » La fille lasuivit jusqu’à sachambre.

C’étaituneblonde fadasse avecunepeau couleur d’os ciré. « Qu’est-ce qu’ilya, madame Kate ?demanda-t-elle craintivement. – Assieds-toi.

Iln’y arien.

Tuesallée àl’enterrement delaNégresse ? – Vous nevouliez pas ? – Ça n’apas d’importance.

Tuyes allée ? – Oui, madame. – Raconte-moi. – Quoi ? – Ce quetuterappelles.

Comment c’était ? » Helen répondit nerveusement : « C’était horribleeten même tempsmagnifique. – Qu’est-ce quetuveux dire ? – Je nesais pas.

Pasdefleurs.

Pasderien.

Mais ilyavait… ilyavait… comme dela…. »

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