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L’opinion doit-elle être le guide du pouvoir politique?

Publié le 01/05/2015

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L'opinion doit-elle être le guide du pouvoir politique? Les citoyens d'un Etat n'en finissent pas de donner leur avis sur les décisions politiques, prises ou à prendre. C'est un exercice à peu près quotidien, qui révèle d'ailleurs la variabilité de leur opinion. Conviendrait-il que le pouvoir tienne compte, avant d'agir, de l'opinion? La philosophie a fortement souligné ce qui sépare l'opinion de la connaissance, et comment la première est liée à la sensibilité et aux intérêts immédiats. On ne peut donc la confondre avec ce que Rousseau nommait « volonté générale », et il est à craindre qu'un pouvoir prenant l'opinion pour guide verse dans la semble démagogie, se rendant incapable de décisions autonomes, et n'exerçant en réalité plus aucun pouvoir sérieux. I- Que représente l'opinion? A- Elle n'est pas une connaissance: Dans le Ménon, Platon distingue l'opinion (la doxa, qui fait confiance à ce qui apparaît ou semble évident) de la « science » ou connaissance vraie. Il inaugure ainsi une tradition philosophique qui tiendra durablement l'opinion pour un guide peu fiable, que ce soit dans le domaine de la connaissance ou dans celui de l'action. L'opinion ne représente que le premier échelon vers une connaissance réelle, ou sa première approximation (Spinoza). Il est par exemple notable que l'on ne parle jamais, à propos d'un mathématicien ou d'un physicien, de son opinion concernant une théorie ou une démonstration. Quant à évoquer une opinion en morale, on devine qu'elle ne serait guère digne d'être suivie, car on pressent qu'elle serait éminemment subjective, et dès lors incapable de fonder une conduite un tant soit peu généralisable. B- Elle est fuyante et versatile: Platon examine pourtant un cas étrange: il arrive que des opinions puissent nous guider convenablement, parce qu'elles coïncident avec ce que nous indiquerait une connaissance. C'est pour rappeler, à propos de ces « opinions droites », une plaisanterie concernant les statues de Dédale, dont on disait volontiers (parce qu'elles imitaient...

« moins, dans l’opinion publique, une majorité et une minorité.

De la sorte, elle demeure liée à des intérêts, soit singuliers, soit de groupe ou de classe, mais elle ne se préoccupe pas, en quelque sorte par définition, de ce que peut être, du point de vue politique, l’intérêt général.

Or, c’Est-ce dernier que doit considérer le pouvoir politique, tel du moins qu’on le conçoit dans une démocratie.

Il semble donc qu’un pouvoir qui prendrait l’opinion pour guide oublie son devoir premier.

II- C’est le pouvoir démagogique qui prend l’opinion pour guide: A- La démagogie, classiquement, cherche à flatter l’opinion: Tout pouvoir risque de déclencher des refus, ou l’hostilité de ses sujets ou citoyens, notamment lorsqu’il ne tient pas compte de l’opinion des groupes qui y sont les plus puissants ou les plus remuants (sinon les plus rapides à réagir).

Mais le pouvoir, lorsqu’il veut ménager l’opinion majoritaire, soit en la flattant, soit en abondant dans son sens, est classiquement qualifié de démagogique: le démos (le peuple) y agit par le biais du pouvoir officiellement établi.

Dans ces conditions, le pouvoir est impuissant à imposer des décisions que l’opinion dominante comprendrait mal, ou peu; autant dire que le pouvoir n’est plus grand-chose et qu’il renonce à s’exercer.

B- La démagogie est une perversion de la démocratie: Le pouvoir démagogique apparaît comme une perversion de la démocratie.

Dans les deux cas, c’est pourtant, semble-t-il, le peuple qui « commande ».

Mais lorsqu’il y a démagogie, c’est l’opinion du peuple qui compte, alors que dans la démocratie, ce doit être son « intérêt général ».

Celui-ci ne peut correspondre à l’opinion dans la mesure où celle-ci ne tient compte que d’intérêts particuliers: c’est donc en réalité toujours au profit de quelques-uns que le pouvoir démagogique travaille, alors que le pouvoir démocratique doit travailler pour tous.

Mais on voit pourquoi la démocratie est difficile: elle heurte comme par nature des opinions plus ou moins établies dans le peuple.

Comment nier que ce dernier paie ses impôts sans enthousiasme? Le démagogue a beau jeu de lui promettre leur allégement au moment où une démocratie peut avoir sérieusement besoin d’en lever davantage.

C- Le pouvoir peut il se fier aux formulations de l’opinion? Dans les sociétés actuelles, le pouvoir politique se préoccupe inlassablement de l’opinion des citoyens: sondages et enquêtes se succèdent pour cerner l’opinion publique à propos de décisions, prises ou éventuelles, de choix lors d’élections plus ou moins imminentes, ou même de la « popularité » des dirigeants.

La critique du principe même de tels sondages est connue: leurs résultats n’indiquent, au mieux (et en admettant que les questions posées n’influencent pas les réponses, que les personnes interrogées répondent sincèrement, que le fait d’être interrogées ne les invite pas à accentuer leur opinion dans un sens ou dans un autre, etc.), qu’un moment de l’opinion publique, susceptible de se modifier à court ou moyen terme.

D’où les démentis infligés à ces sondages lors d’élections dont les résultats infirment ce que l’on avait cru être en mesure de prévoir.

III- C’est le pouvoir politique qui peut faire évoluer l’opinion, et non l’inverse: A- Prédominance de l’intérêt général: La considération de l’intérêt général authentique, si elle anime le pouvoir. »

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