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La communication des Consciences.

Publié le 12/11/2016

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III. — LES SIGNES ET LE LANGAGE.

 

L'expression des émotions comporte une sorte de langage naturel. Elle fait comprendre l'état affectif du sujet par tous ceux qui sont capables des mêmes émotions et des mêmes expressions. La forme élémentaire de l'intellection, c'est la sympathie. Mais le geste ou la mimique glissent vers la convention et le symbole.

 

Même gradation dans l'évolution du langage. Il y à reprise, répétition intentionnelle, imitation volontaire de soi-même. L'enfant crie d'abord par simple réflexe, quand il éprouve quelque impression désagréable ; puis il crie ensuite pour appeler.

 

La vie sociale, disait H. Delacroix, « fait un signe de ce qui n'était qu’un mouvement ou un cri pour la nature »... L’application de l'individu aux fins communes, les continuels contacts inter-individuels multiplient les occasions de • s'exprimer » et de se comprendre. Le langage articulé fut un perfectionnement progressif avant de devenir une institution.

 

Si le langage (parlé ou écrit) est le moyen de communication par excellence, c'est presque un lieu commun de remarquer quelle difficulté nous éprouvons à traduire ce que nous ressentons de- vraiment personnel . En effet, les mots ne peuvent désigner que des notions générales. Tout ce qui est individuel est ineffable, 

1. — LE MOI ET AUTRUI.

 

Une conception philosophique traditionnelle, liée à une psychologie de pure introspection, nous présente un Moi isolé. Le reste du monde est à ce Moi comme la scène et le décor où il se meut. Le Cogito pris comme point de départ conduit ce Moi à ne poser qu’après coup le problème de l’existence d’autrui.

 

Une psychologie « dans le prolongement des sciences naturelles » ne se place évidemment pas sur le même plan que la précédente. Il serait vain et proprement interminable d’engager une controverse. La psychologie objective peut partir de l’enfant, constater que celui-ci n’apprend que lentement à sortir de la confusion initiale, à découvrir son propre corps. Quant à la conscience du Je, elle est tardive. « Le Je de l’enfant lui est un cadeau des autres », dit Georges Gusoorf. Et si l’adulte, oubliant ses premiers ans, croit ne tout devoir qu’à lui-même, former à lui seul un petit univers, nous sommes en droit de penser qu’il s’abuse, et que sa vie quotidienne en communauté est un continuel démenti à son factice isolement.

 

L’autonomie du sujet représente une acquisition difficile, un point d'arrivée. Si nous en avons salué l’avènement comme une conquête, nous n’avons jamais pensé que l’on pût renier ses humbles origines, se dérober à la dette contractée.

 

Mais, n’étant pas invités par notre Programme à nous plonger, ici, dans la Métaphysique, nous ne disserterons pas sur les difficultés éprouvées par l’Idéalisme radical à sortir du solipsisme et à justifier l’existence d’autrui. En fait, nous avons noté déjà que la première expérience concrète est une expérience syncrétique, c’est-à-dire que le Moi de l’enfant se trouve encore en état d’indivision, comme englobé par l’entourage. Max Scheler (1873-1928) a bien décrit cette solidarité fondamentale. Il part du fait que, dans l’expérience concrète, il n’y a pas de priorité chronologique du Moi sur Autrui. Le Je n’est pas donné d’abord et à part. Il y a un courant indifférencié. L’Homme vit tout d’abord et principalement dans les autres, non en lui-même ; il vit plus dans la communauté que dans son propre individu »...

« LA SYMPATHIE 177 L'individualisme spirituel, l'intelle ctualisme déduit du Cogito , dit de son côté G.

Gusdorf, • n'est donc qu'une fiction, le produit d'une illusion qui méconnaît la structure même de la pensée concrète ».

C'est seulement, en somme, à la suite d'un lent mürissement que naîtra le sens même du Moi, avec un sen timent (parfois exagéré) d'incommu­ nicable originalité.

Parti de l'indivision primitive, le Moi s'est formé peu à peu en vie personnelle.

Mais, parallèlement, ce Moi se trouve tacitement impliqué dans une réciprocité de conscienc es.

Il reconnaÎt à autrui une existence analogue à la sienne.

C'est son «semblab le» ...

II .

- LA SYMPATH IE.

Prise ici dans son sens étyxnologique de « sentir avec », sentir « en même temps que ...

», - la sympathie se rencontre déjà au stade animal.

Les animaux sociaux se comprennent, dit P.

GUILLAUME par des signes souvent imperceptibles pour nous.

A plus forte raison l'enfant sent-il très vite, même chez des personnes qui ne lui sont pas fami lières, l'indifférence , la curiosité, la bienv eil­ lance, etc ...

L'expression du visage, le ton de la voix sont assez faci­ lement interprétés.

Il y a communication affecti ve.

Max SCHELER a établi des distinctions qui vont de la simple • contagion affective » jusqu'à la • commu nion spirituelle ».

La contagion affective, à vrai dire, mérite à peine le nom de syxnpathie, car il n'y a point réelle participation aux joies et souffrances d'autrui (Ex.

: contagion du rire chez les enfa nts, ou bien dans un banquet ; peur panique , etc.).

La véritable syxnpathie , ou « participation affective » est intentionnelle (encore un mot à prendre au sens étyxnologique : tension vers ...

).

Trois cas ,possibles : 1° être émus ensemble : partager réellement une douleur, une joie, etc ...

; 2° prendre part à cette émotion, mais en la considérant comme celle d'autru i.

Et cela non seulement en présence d'autrui, en présence de.çette émotion, mais en y pensant, avec intention ...

; 3° compréhension affective, qui n'implique pas l'unisson : on comprend que quelqu'un éprouve du chagri n, du plaisir, de l'angoisse, etc.

Enfin, au-delà de la syxnp athie, l'amour (au sens le plus élevé du terme).

Cette expérience directe d'autrui, sympathie ou amour, cette sorte d'i ntuition n'est pas tou jours exempte d'erreurs.

Il advient -c'est une constatation faite par quiconque a observé et réfléchi, - que la partici pation d'un être à la vie spirituelle d'un autre être se révèl e illusoire, puisque, d'ailleurs, nous ne nous comprenons pas toujours très bien nous-même.

L'imagination, qui est nécessaire dans l'intuition aff ective, y apporte son ambiguïté habituelle : se représenter ce qui est vraime nt; ou faire, parfois, des suppositions non-fondées.

On ne peut imaginer, chez autrui que des états que l'on a connus soi-même (ce qui fait, remarque CuVILLIER, que les enfants sont facilement un âge-sans-pitié).

Et l'erreur consiste donc possible ment à prêter à. »

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