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La compétition électorale assure t-elle une représentation fidèle de la population ?

Publié le 12/03/2014

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La compétition électorale assure t-elle une représentation fidèle de la population ? La compétition électorale est un moment décisif dans un système de démocratie représentative. C'est elle qui assure aux futurs détenteurs de pouvoirs leur légitimité politique. Certains détiennent les leviers de commande et cherchent à les conserver pour eux même ou leurs successeurs. D'autres, en revanche, aspirent de toutes leurs forces à y les conquérir. Les élections législatives sont l'objet d'un grand intérêt de part des électeurs et traduisent l'attachement des citoyens à défendre leurs intérêts ou leurs préoccupations auprès du pouvoir politique. Mais la compétition électorale assure t-elle réellement la représentation fidèle de la population ? en d'autres termes, la démocratie représentative assure t-elle la légitimité des élus ? Dans un premier temps nous verrons que la compétition électorale est efficace pour assurer la représentativité de la population, puis nous nous intéresserons aux limites de cette pratique. Dans les démocraties occidentales contemporaines, l'activité politique s'est différenciée des activités sociales. Les hommes et les femmes politiques évoluent dans un milieu particulier et séparé de la société dite civile. Les membres de ce microcosme sont animés par des intérêts spécifiques (le succès électoral, politique et idéologique de leur camp, leur élection et leur réélection, l'élaboration d'un programme). Le milieu politique obéit ainsi à des lois propres. Il est focalisé sur des enjeux internes, relativement dérisoires pour les non-initiés, et tend ainsi à se replier à se replier sur lui-même. Ainsi, nous pouvons observer d'après Évolutions de quelques professions des députés élus sous la Vème République selon laviedesidees.fr (2011) que depuis 1978, plus de 2 /3 des députés font partis des CPIS et occupent des postes hautement qualifiés tel qu'enseignant, haut-fonctionnaire ou avocat. Par ailleurs, on note une diminution importante du pourcentage d'agriculteurs parmi les députés. Cet analyse vient compléter l'idée selon laquelle les élus doivent être compétents sur des sujets techniques et qu'ainsi la professionnalisation de la politique a un aspect positif. La démocratie représentative comporte de plus de nombreux éléments démocratiques et est bien plus efficace qu'un système participatif. La démocratie participative n'est en effet pas sans critique :? le risque de donner, dans la prise de décision, un poids trop important à une parole particulière d'une catégorie de citoyens qui ne représentent qu'eux mêmes (les gens du quartier, les partisans de telle opinion, un groupe d'usagers, de consommateurs, etc. ; mais aussi un risque de concentration excessive et ainsi de voir se regrouper dans d'importants groupes de pression des acteurs (dans l'unique but de voir aboutir un intérêt particulier) qui par ailleurs n'auraient pas (sur d'autres sujets) des intérêts concordants. Par ailleurs, le système participatif est bien plus couteux et chronophage qu'un système représentatif. En outre, nous pouvons ajouter que la compétition électorale est ouverte au suffrage universel. Ainsi, l'intégralité des personnes réunissant les conditions au vote a accès aux urnes et peut donc choisir librement un candidat. Le scrutin à 2 tours permet de plus de dégager une majorité claire et donc plus efficace dans la prise de décisions. Ainsi la représentativité menant à la compétition électorale possède des éléments démocratiques réels et importants. Cependant, des limites à cette pratique sont également visibles. La composition de la représentation nationale est biaisée par rapport à celle de la population. En effet, alors que les employés et les ouvriers représentant plus de la moitié de la population active, seul 1% des députés proviennent de leurs rangs. Et encore, certains élus ont quitté leur profession d'origine depuis de longues années. A l'inverse les cadres et professions intellectuelles supérieures, associé aux professions libérales, représentant 8 députés sur 10. Cette surreprésentation se retrouve, dans une moindre mesure chez les élus locaux. Cette professionnalisation des députés ne représente donc pas en moyenne l'ensemble de la population. De la même façon, l'inégalité d'accès aux fonctions électives selon le genre ou l'origine ethnique est manifeste. Ainsi les femmes restent, malgré une augmentation progressive, relativement peu représentées chez les politiques. Il en est de même pour les minorités ou les catégories sociales plus populaires. Cette situation se répercute sur les politiques publiques et explique en partie la crise de la représentation. Par ailleurs, il existe souvent un décalage générationnel entre les politiques et la population. En effet, alors que l'âge moyen de la population française situait en 2007 à 39,7 ans, celui des députés s'élevait à 55 ans et celui des sénateurs à 62 ans. Bien que l'image d'un homme politique sage, avec une expérience de vie et de la carrière lui donnant un recul dans le jugement soi pleinement voulue, entretenue et revendiquée, elle constitue également un décalage important entre les élus et la population. Ainsi, une assemblée plus représentative de la population (plus de femmes, de minorités ou de catégories moins favorisées, plus jeune) ne voterait pas nécessairement des lois beaucoup plus « justes «, mais permettrait que le discours public soit moins en décalage avec la réalité de la société. La compétitivité électorale insiste donc sur le fait que la prise décisionnaire doit être détenue par un microcosme occupant des professions intellectuellement supérieures et donc plus compétents face à des sujets techniques. Si certains points de vue de la population ne sont pas défendus, si des informations fausses ou égoïstes s'imposent sans être contestée, elle ne peut empêcher que des décisions injustes soient prises. Ainsi, la compétition électorale ne peut assurer une représentation parfaite de la population mais permet en revanche une meilleur efficacité dans la prise décisionnaire et dans le système politique général du pays.

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