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La Democratie En Crise

Publié le 02/03/2014

Extrait du document

Rousseau publie "Du contrat social" mais est immédiatement censuré à Genève comme en France, approfondissant ses thèses sur l’état de nature de l’homme, il s’attache dans cet ouvrage à réconcilier contrat social et liberté de chacun. Pour être juste, la société doit être gouvernée par tous, chacun doit pouvoir participer au pouvoir. Le contrat doit donc être l’expression de la volonté générale, et Rousseau en appelle en fait à une sorte de démocratie participative. Si les principes développés dans le "Contrat social" de Rousseau ne seront jamais appliqués à la lettre, ils deviendront la base de la pensée politique moderne.  La démocratie est un régime politique où la souveraineté appartient au peuple, ce qui implique que les droits de l’Homme et du citoyen soient reconnus. Pour Lincoln la démocratie c’est « le gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple «.  Les élections au suffrage universel direct sont la base des démocraties modernes, qui tendent à imposer l’égalité des droits dans toutes les sphères de la vie sociale. Fondée sur la liberté et l’égalité des citoyens et sur des aspirations à l’universalité, la démocratie correspond aux impératifs de fonctionnement des sociétés modernes, où priment l’individu et les libéraux de la raison.  La démocratie est un modèle qui s’est développé à travers le monde, en Europe et en Occident principalement.  Le modèle athénien est la première démocratie avec 500 citoyens. Clisthène parvient à établir un régime qui évite le retour à l’oligarchie à Athènes. Il instaure alors une règle bien précise : tous les citoyens ont les mêmes droits et devoirs. Ce précepte, appelé isonomie, fait naître la démocratie. Le redécoupage du territoire en dix tribus au lieu de quatre, mais surtout en dèmes, équivalent de notre commune, permet de court-circuiter et de reléguer à des fonctions civiles le pouvoir des grandes familles.  Il existe plusieurs formes de démocratie, la démocratie directe, les citoyens s’assemblent et établissent les lois ; la démocratie représentative, les citoyens élisent des représentants qu’ils chargent d’établir les lois, lesquels demandent ensuite aux citoyens de valider ou d’invalider, par référendum, les lois proposées ; la stochocratie, dans cette forme de démocratie le choix des représentants du peuple est effectué par tirage au sort ; et la démocratie libérale, tout est fondé sur la défense des libertés individuelles.  La crise est une manifestation violente, brusque, imprévue de l’ordre existant.  On peut se demander quels problèmes ce régime pose t-il ? Y a-t-il réellement une crise de la démocratie ?  Pour répondre à cette problématique, il est judicieux dans un premier temps d’analyser les éléments de dysfonctionnement de la démocratie, puis dans un second temps d’effectuer la relation entre les symptômes d’une crise et la démocratie.     I- Certes la démocratie dans son fonctionnement connait un certain nombre de dysfonctionnement  Dans toutes les sociétés de démocratie établie, on constate une « crise « de confiance envers l’institution représentative. On continue certes à soutenir les principes démocratiques, mais il y a déclin de la confiance envers les acteurs politiques soit les partis, les politiciens et les gouvernements. Ces tendances ont été observées dans presque tous les pays qui, il y a 30 ans, avaient été analysés par la commission trilatérale.  Certes la démocratie dans son fonctionnement connait un certain nombre de dysfonctionnement, posés par l’institution du régime démocratique mais également liés à l’exercice de la démocratie.  A- Les dysfonctionnements liés à l’institution du régime démocratique  - La représentativité  La représentativité signifie qu’il n’existe pas une démocratie directe permanente, il y a la démocratie directe (assemblée nationale) et une démocratie indirecte (sénat, élus par un collège de grand électeur).  On peut se demander s’ils représentent bien les citoyens. Ils doivent donc représenter les citoyens puisqu’ils votent les lois.  L’élaboration d’une loi se décompose en deux étapes, tout d’abord elle est élaboré et proposé par des parlementaires, puis le gouvernement fait des projets de loi soumis au parlement. Cependant, le gouvernement peut poser la loi par la force.  La majorité représente la volonté générale. La constitution est un compromis perpétuel.  - Diminution de la représentation parlementaire  Depuis 1958, il existe une diminution de la représentation parlementaire. Le Parlement est vu comme chambre d’enregistrement. Il y a le sentiment que les représentants ne servent plus à grand chose donc c’est pour s’enrichir, de plus les corps de métiers ne sont pas représentés au parlement.  - La séparation des pouvoirs  Depuis 1789, la république s’impose durablement. L’origine de ce mot « respublica « signifie la chose publique. Le peuple a dans les mains cette chose publique.  Il y a donc la séparation des pouvoirs, l’exécutif (gouvernement, ministre), le législatif (assemblée nationale et sénat) et la judicaire (juges), elle constitue les fondements de la démocratie française et permet en principe le bon fonctionnement de ses institutions.  Lorsque l’exécutif veille à l’exécution de la politique générale, à celle des lois promulguées, le législatif propose des projets de loi, les vote, tandis que le judicaire veille au respect des lois en vigueur, par la sanction des contrevenants. Dans la Constitution, la définition de l’exercice de ces pouvoirs est ainsi donnée par le Président de la République (titre II, articles 5 à 19), le Gouvernement (titre III, articles 20 à 23), le Parlement (titre IV, article 24 à 33) et de l’autorité judicaire (titres VIII, articles 64 à 66).  On peut se demander si la loi est l’expression de l’expression générale.  En vertus de la déclaration des droits de l’Homme « La loi est l’expression de la volonté générale, tous les citoyens ont le droit de concourir personnellement ou par les représentants à sa formation «.  - Partis politiques  L’idée d’une « crise « politique peut se traduire par le discrédit des partis politiques, ils sont peu populaires. Les partis politiques sont vus comme globalement inefficace, inutile, la Vème république est né par la critique envers les partis politiques de la IVeme république par De Gaulle (d’où l’élection du président de la république au suffrage universel direct pour noyer partis politiques dans masse, car à l’origine il était prévu qu’il soit élu par des grands électeurs maires, sénateurs, députés cependant il faut un relais pour convaincre tous électeurs).  - Justice  Il y a la poursuite judiciaire de certaines affaires qui sont révélés. La justice est plus dur qu’elle ne l’était au par avant.  - Clivage gauche-droite  En 1983, c’est un changement de politique de Pierre Mauroy. En 1981, c’est une politique très à gauche (redistribution sociale, 5ème semaine congé payé, retraite 60 ans, hausse minimas sociaux, ISF…). Mais le principal échec, c’est que la relance de l’économie par la consommation donc l’emploie (politique keynésienne), or ils consomment des produits étrangers donc ca ne relance pas la consommation, ça creuse le déficit commercial extérieur et en plus on assiste à un endettement en empruntant à l’étranger.  Le gouvernement passe à une politique d’austérité budgétaire, c’est la politique de Raymond Barre sous Valérie Giscard d’Estaing.  La gauche fait une politique de droite.  En 2002, le gouvernement Jospin a ouvert le capital des entreprises publiques ou les a quasiment vendus.  Actuellement, des personnes du parti de gauche participent au gouvernement de Fillion.  - Crise des idéologies  Le XXème siècle a été celui des désillusions (Stalinisme, conversion Chine à économie de marché, bilan 2nde guerre mondiale pour fascistes…).  La chute du communisme a eu une double influence qu'analyse ainsi Pierre Rosanvallon (sociologue, philosophe politique) : le doute sur ce qu'on nomme les idéologies, met à mal le communisme mais atteint également le libéralisme avec lequel la démocratie occidentale a souvent été identifiée. La démocratie libérale, en même temps s'est trouvée privée de son principal ennemi extérieur, qui lui permettait de s'ériger en modèle sans avoir véritablement à réfléchir sur elle-même. Elle est devenue l'objet de multiples interrogations.  Certains auteurs voient plus loin qu’une crise idéologique, certains auteurs ont pu faire remonter à la révolution française, un processus de désillusion de l’individu car c’est le triomphe du libéralisme économique, or le libéralisme c’est l’individu, affranchissement de l’individu, on le libère du collectif, la révolution c’est la liberté individuelle au risque de briser le lien social donc la crise des idéologies ca serait l’aboutissement de la révolution.  On a rattaché cela à la pensée unique, il n’y a plus d’alternative, il reste un seul modèle, le modèle libéral mais qui est sans rivaux depuis la chute du communisme. On n’a pas un modèle globale même par les altermondialistes.  Cela a inspiré toute une série de littérature sur le déclin. Comme par exemple, Nicolas Baverez qui avait publié en 2006, « la France qui tombe «. Il n’y a plus un grand projet qui puisse faire vibrer les français et l’Europe ne le fait pas non plus.  Après avoir retracé les dysfonctionnements posés par l’institution du régime démocratique, d’autres problèmes relèvent de l’exercice de la démocratie.  B- Les problèmes liés à l’exercice de la démocratie  - Impopularité de la classe politique  Certains estiment que la classe politique est sclérosée parce que ne se renouvelant pas régulièrement. (Chirac : 1965, conseiller municipal ; Député en 1967 et Secrétaire d’Etat aux affaires social tout de suite après donc longévité de certains dans la classe politique, on peut prendre également l’exemple de Mitterrand ou Valéry Giscard d’Estaing). Manque de représentation par les élus parce que certaines classes sociales politiques ne sont pas dans l’Assemblée Nationale.  D’où sentiment de mécontentement envers le système politique (tableau 3), les personnes peu ou pas satisfait du fonctionnement de la démocratie dans le pays représente 60 %, les personnes qui pense que le gouvernement de ce pays fonctionne mal sont de 60 % également.  Il n’y a pas de lien entre la situation personnelle et la façon dont on voit le pays.  On assiste à la montée de l’abstention (tableau 6) : phénomène volatilité électoral c'est-à-dire que le nombre d’indécis augmente et les personnes changent de vote d’élection en élection.  Il y a également la montée des partis politiques hors systèmes ou contestataires. Extrême droite avec front national en 1984 et forte monté en 2002, le choix du vote front national n’a pas disparu et se maintient au dessus des 10 %. Les partis écologistes, élection européenne de 1989, on obtenu 10 %, car il y a eu Tchernobyl et un consensus sur l’énergie nucléaire. Extrême gauche a partir de 1995, Laguiller a plus de 5 % au 1er tour en 2001 et en 2002 trois partis d’extrême gauche ont fait plus de 10 % et la gauche contestataire ensemble en 2007 ont fait 9 % environ.  - Montée de l’individualisme  On assiste à la montée de l’individualisme dans la démocratie, par un fort taux d’abstentionniste, et l’engagement politique des citoyens est limité (vote, baisse d’adhésion dans les parties politique, dans les syndicats).  En 2002 pour les élections présidentielles 27 % d’abstention, en 1978 au 1er tour au élection législative 16,7 % et en 2007 39,5 %.  Référendum de 1988 pour le statut particulier de la Nouvelle Calédonie il y a 63 % d’abstention.  Référendum de 2000 pour le quinquennat il y a 70 % d’abstention.  Les élections cantonal, européenne et régional sont peu mobilisantes.  Tocqueville insiste sur les dérives individualistes de la démocratie, désintérêt pour la chose publique, repli sur la sphère privée. L’individualisme est aussi corrélatif de l’accroissement de la puissance et du pouvoir de l’Etat, l’individu faisant de plus en plus appel à lui.  Il existe des dangers de l’individualisme contemporain dans l’exercice de la démocratie. Les conditions d’émergence de l’individualisme contemporain sont le repli sur soi d’individus qui ont rompu avec leurs appartenances traditionnelles. La menace pour la démocratie est la dilution du lien social, dépolitisation, refus des contraintes et engagements (syndicats en perte de vitesse, abstentionniste grandissant…), mais aussi la fragilisation des individus isolés, qui ne peuvent plus constituer des contre-pouvoirs efficaces face à l’Etat (risque de tyrannie pour Tocqueville). Actuellement, les individus peuvent sembler plus fragiles, plus anxieux, plus réceptifs au sentiment d’insécurité et donc à réclamer un régime politique fort.  Il peut également y avoir le risque de faillite du lien social, la démocratie brise la chaine selon Tocqueville, on assiste à la déshérence des jeunes (fait de ne plus avoir d’héritage) et à la solitude des personnes âgées. La crise de l’autorité, selon le principe d’égalisation des conditions, notre société est décrite par C. Hasch comme une société où tout est constamment mis en discussion (revendication des droits des individus sur les devoirs, incivilités, crise de la famille et de l’école). Le narcissisme triomphant et la remise en cause du vivre ensemble par exemple la montée des échanges électroniques se traduit par moins d’échanges sociaux.  Cependant Tocqueville constate que l’individu à besoin de se rassembler autour d’un projet commun, le collectif est donc toujours présent.  - Personnels « incompétents «  Des sociologues, comme Roberto Michel, ont cherché à montrer l’impossibilité même de la démocratie en raison de l’effet pervers suivant : pour être efficace la démocratie doit être organisée, ce qui exige un personnel compétent qui tend à se maintenir en place, et l’on sélectionne comme dirigeants des professionnels selon des qualités déterminées, la démocratie engendrant ainsi une oligarchie.  De plus, l’évolution des institutions ne suivent guère, par exemple au niveau de la jurisprudence et de la loi dans de nombreux domaines tel que l’euthanasie.  - Les experts  Le quatrième chapitre du livre de P.A.Taguieff (philosophe, politologue et historien des idées français) « l'effacement de l'avenir « s'intitule « démocratie ou expertocratie? «. Il accuse les experts d'outrepasser leurs droits en intervenant à tout propos, ce qui a pour conséquence de former l'opinion au lieu de l'éclairer. Le recours à l'expert en politique n'est pas nouveau mais ce sont les moyens de diffusion de sa parole et l'impact qui en découle qui ont changé. Le poids des experts pose le problème du rapport de la démocratie à la science ; on cherche aux problèmes des solutions techniques et non politiques.  M. Walzer met en garde contre la collusion entre pouvoir et savoir, pouvoir et marché : la démocratie ne fonctionne bien que dans la séparation des domaines et le pluralisme des experts, des pouvoirs et des contre- pouvoirs.  - Multiplication des élections  En 1958, il y avait 3 élections : municipale, législative, cantonal.  Aujourd'hui, on a en plus l’élection présidentielle (62), parlement européen (79), région (82) et avènement du quinquennat en 2002.  - Désacralisation de l’autorité  Ronald Inglehart (politologue américain) a constaté le phénomène dans les pays développés après la 2nde guerre mondiale, ceux qui ont connu les 30 glorieuses, élévation du niveau de vie, ils sont loin de la préoccupation matériel à court terme (manger, boire,…) et le développement économique à permis le développement de l’instruction, études supérieur ce qui entraine le développement de l’esprit critique donc à se positionner dans la sphère politique, il y a donc une critique de l’autorité donc une critique du pouvoir. De plus, l’éducation civique juridique et sociale, instituée depuis 1999 dans les lycées, répond à la nécessité d’éduquer au politique, de former à la citoyenneté par le débat argumenté.  - Médiatisation  On assiste à un renforcement de la puissance des médias : donc parle plus de ce qui ne va pas, ils critiquent et sont plus écoutés qu’au par avant.  Il y a toujours eu des presses à scandales qui ont même poussé des hommes politiques au suicide (exemple : journal d’extrême droite accuse Roger Salengro d’être un déserteur).  L’affaire du Watergate marque aussi l’entrée de la presse comme contre pouvoir et Nixon a démissionné. (Immeuble qui abritait un parti démocrate, il y a eu affaire de micro dans l’immeuble et en remontant l’affaire, c’est le Washington post qui a découvert l’histoire, qui a démontré que ceux qui avaient posé les micros étaient les républicains, parti de Nixon, c’était en 1972).  C’est à partir du Watergate que la presse n’a plus eu de borne et a commencé à mettre sur la place publique les histoires privées des politiques.  - Scandales et affaires  Les scandales et affaires viennent nourrir la désillusion populaire envers la classe politique. Les scandales n’ont rien de nouveaux (exemple : Dreyfus, Canal de Panama…). Et surtout les nouveaux scandales sont beaucoup moins graves.  - Pouvoir du politique  On constate la monté du chômage, la précarité, l’échec des politiques.  Mitterrand avait annoncé que pour le chômage, on ne pouvait rien faire. La mondialisation conduit progressivement à l'idée que l'Etat devient impuissant face aux contraintes économiques extérieures. Dès lors, le citoyen est dissuadé de participer au débat public et il est parfois tenté de se replier sur la sphère privée et sur la satisfaction de ses seuls besoins personnels.  - Multiplication des partis politiques  La multiplication des parties politiques peut donner au citoyen l’impression de ne plus rien comprendre.  Jusque fin 1980, il y avait quatre partis qui rassemblaient 95% des voies : parti communiste, parti socialiste, Gaullistes (RPR), et le centre droit (UDF), c’est le quadrille bipolaire.  Puis on assiste à une fragmentation des partis politiques et l’apparition de partis nouveaux, front national, Ecologiste, Extrême gauche. Il y a donc une multiplication de partis politiques.  (RPR devient RPF, UDF devient MPF, …)  En 2002 à l’élection présidentielle il y avait 16 candidats.  L'abstentionnisme croissant, le désinvestissement des citoyens seraient le signe d'un désenchantement vis-à-vis de la démocratie. Cependant, peut-on affirmer qu’il s’agit d’une crise de la démocratie.  II- Cependant la démocratie fonctionne malgré des symptômes d’une crise  La première partie expose les dysfonctionnements qu’il existe dans la démocratie, on peut sous entendre l’idée de symptômes d’une crise, cependant pour affirmer ou infirmer cela, il est judicieux de faire la liste des fondements de la démocratie et analyser la complexité de celle-ci.  A- Certains effets de surface d’une « crise « sont les fondements de la démocratie  La démocratie, au sens originel, est un régime politique ou le « démos «, le peuple, exerce le pouvoir, « kratos «, sans distinction de naissance, de statut social, de capacité ou de sexe. Ce pouvoir souverain est délégué par le vote, il existe d’autres critères essentiels de la démocratie, tel que la liberté des élections, l’indépendance des médias, l’existence d’une opposition libre de s’exprimer, l’alternance au pouvoir des différentes camps politiques et un système judicaire indépendant.  - Le vote  Le droit de vote pour un citoyen est de participer à l’élection de ses représentants politiques sur un plan national ou local et de se prononcer sur un texte législatif ou constitutionnel (référendum). Le droit de vote est un attribut essentiel de la démocratie.  Comme l‘a démontré le philosophe Karl Popper, le vote permet aux électeurs de juger leurs dirigeants, et de retirer les commandes politiques à ceux qui n'en sont pas dignes, c'est-à-dire à ceux dont ils ne sont pas satisfaits. En effet, l'élection ne vise pas à choisir les futurs gouvernants, mais simplement à destituer les mauvais. Cette procédure d‘élimination, qui renvoie à une définition toute négative de la démocratie, permet aux citoyens de contrôler à posteriori la politique des gouvernants, et d'éviter ainsi, jamais complètement, qu'ils ne commettent des abus de pouvoir. Les élections représentent une garantie de contre-pouvoir fort, sans lequel la démocratie perdrait un grand nombre de ses attraits, voire sa raison d‘être même. Elles font des citoyens, non les détenteurs d'une souveraineté absolue, mais les censeurs d'une politique qu'ils ne peuvent que juger après-coup.  De plus, le vote n’est pas le seul moyen de participer à la vie politique, les citoyens peuvent militer dans un partis, s’engager dans un mouvement associatif.  - Liberté des élections  Cela correspond à la souveraineté du peuple. Le choix des dirigeants exerçant le pouvoir par la tenue d’élections libres.  Les citoyens lors d’élections libres, élisent le président de la République et les députés qui, en leur nom votent les lois avec les sénateurs. Dans les collectivités territoriales, les citoyens élisent les conseillers municipaux, généraux et régionaux. Ils élisent aussi les députés européens. Tout citoyen est électeur et éligible (attention il faut respecter un certain nombre de condition).  Les candidats aux élections sont généralement présentés par des partis politiques. Lors des élections le citoyen a le choix entre des candidats de partis politique différents, c’est le pluralisme.  - L’indépendance des médias  Contre les abus des pouvoirs, la presse et les médias ont été, pendant de longues décennies, dans le cadre démocratique, un recours des citoyens.  - L’existence d’une opposition libre de s’exprimer  La garantie des libertés fondamentales de conscience, d’opinion, de la presse, de réunion doivent être respectée. Il doit y avoir l’existence d’une opposition politique organisée, libre qui peut s’exprimer.  - L’alternance au pouvoir des différents camps politiques  L’alternance du pouvoir est un critère a posteriori qui se vérifie une fois que le pays a connu au moins deux alternances.  - Un système judicaire indépendant  Chaque citoyen est soumis aux mêmes règles judiciaires, y compris ceux qui font la loi et ceux qui l’appliquent.  La justice est un principe moral de la vie sociale fondé sur la reconnaissance et le respect du droit des autres qui peut être le droit naturel (l’équité) ou le droit positif (la loi).  La justice est aussi le pouvoir d’agir pour faire reconnaître et respecter ces droits. (exemple : rendre la justice). Elle est symboliquement représentée par le glaive et la balance traduisant son double rôle d'administration des châtiments et de détentrice de la vertu morale lui permettant d'imposer son arbitrage.  Au niveau d'un Etat, la Justice est le pouvoir judiciaire qui prend la forme d'une institution ou d'une administration publique constituée d'un ensemble de juridictions chargées d'exercer ce pouvoir (Tribunaux, cours…). La justice s'appuie sur des règles édictées par des instances extérieures (Constitution, traité, loi, règlement) ainsi que sur des textes élaborés au cours de l'exercice du pouvoir judiciaire (jurisprudence).  « Il n’appartient ni au législateur, ni au gouvernement de censurer les décisions des juridictions, d’adresser à celles-ci des injonctions ou de se substituer à elles dans le jugement des litiges relevant de leur compétence « extrait de la décision n° 80-119 du Conseil constitutionnel. - L’individualisme est le fondement la démocratie  La naissance de la démocratie représente l’individu libre, porteur de droits subjectifs, égaux à ceux des autres individus, droit qui limitent le pouvoir de l’Etat et de la société sur cet individu. Il n’y a donc pas de démocratie sans individu libre, autonome, capable de réfléchir et de penser par eux-mêmes. La démocratie se fait dans un conflit permanent entre les revendications particulières des individus et le pouvoir. J. Rancière (philosophe) s’oppose à Tocqueville, il critique l’individualisme (remise en cause de la démocratie), il dénonce une haine de la démocratie, l’individu incapable de se préoccuper de l’intérêt général, replié que sur ses intérêts.  Il semble bien que se sont les dysfonctionnements propres à la démocratie qui provoquent les manifestations négatives de l’individualisme lorsqu’il menace la démocratie, tel que par le mauvais fonctionnement des institutions politiques, « inefficacité « de l’ascenseur social….  Seule une démocratie authentique assure la liberté des individus, leur permet d’être autonomes, ce qui leur donne les moyens de résister aux empiètements de l’Etat.  De plus, on constate (tableau 7, 8, 9 et 10) sur différentes questions de société, peu de personnes sont sans avis.  On voit que d’autres pays ont connu des baises de la participation aux élections. Donc les éléments de crises et l’abstention ne sont pas aussi directement liés.  Et toutes les enquêtes depuis des décennies dans les principales démocraties montrent qu’une grande masse de citoyen déclare à toute époque, ne pas s’intéresser à la politique.  Apres avoir fait le recensement des causes et leur analyse, on constate que ce ne sont que des effets de surface, car une crise c’est une irruption, brève et rapide d’un problème.  On pourrait croire à une crise de la démocratie or la majorité des phénomènes que l’on vient d’énoncer sont naturels à la démocratie.  B- La complexité de la démocratie  - Théorie et réalité  La démocratie est complexe parce que dès l’origine, la démocratie a comporté une contradiction, on a un vice de conception dans l’idée même de démocratie. C’est la contradiction entre les promesses de la théorie fondé sur la liberté et l’égalité, et la réalité qui est souvent nettement en retrait par rapport aux objectifs.  - Méfiance du pouvoir et limitation du pouvoir  Dès l’origine la démocratie a suscité de la part des gouvernés, une méfiance du pouvoir. On peut le constater dès la révolution française avec la mise en place de mécanisme de contrôle sur les élus. Cette méfiance envers le pouvoir en lui-même, c’est le phénomène du pouvoir qui est objet de la méfiance (Montesquieu : le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument) c'est-à-dire que celui qui a un pouvoir va en abuser.  Face au contenu dans l’idée de démocratie, on a voulut instaurer des contre pouvoir. L’idée de rédiger un texte qui vient limiter les pouvoirs des gouvernants est une idée du libéralisme.  L’idée de rédiger une constitution permet de limiter le pouvoir de la monarchie et du gouvernement, du pouvoir présidentiel. Ce mouvement constitutionnaliste vient des philosophes libéraux.  Le développement de contrôle de constitutionnalité vient de cette méfiance.  L’idée d’une 2nde chambre vient aussi de l’idée d’équilibrer la première donc c’est la méfiance généralisé.  La théorie de la souveraineté populaire vient d’une méfiance également. Sous la révolution française cela s’est traduit par l’idée que l’on mettait les élus sous surveillance.  Rousseau ne voulait pas de représentant car ils usurpent le pouvoir. Il disait que les anglais ne sont libre que tous les quatre ans, c'est-à-dire pour les élections, pour choisir.  Avec la souveraineté populaire, le peuple garde sa souveraineté et devrait aboutir à la démocratie directe.  - Scandales et corruption  La méfiance qui a produit cette impression de scandales, de corruptions vient de l’idée même de démocratie.  L’antiparlementarisme vient d’assez loin et a toujours existé. Dans toute société, on trouve ce jugement de défiance et en France, il a été renforcé par quelques courants, tel que le Bonapartisme, le Gaullisme.  On constate une exigence accru de moralité dans la vie politique : la dénonciation des scandales est une conséquence logique de cette méfiance car le scandale politique repose sur deux points, la dénonciation permanente du pouvoir supposé corrupteur par définition et une croyance dans les vertus rédemptrice de la transparence c'est-à-dire l’idée qu’en exposant le scandale on va améliorer une amélioration de la vie politique.  Donc la publicité du scandale, c’est un moyen de supprimer ou réduire les vices. On va forcément amener une moralisation donc c’est le meilleur moyen de le faire cesser. Le développement de la presse contribue à cette idée. Donc il n’y a pas plus de scandales mais ils sont plus souvent révélés et aussi dans l’optique d’améliorer la situation.  Sans oublier que le public est plus compétent que le politique, du fait de la montée du niveau d’éducation donc on a un public plus exigeant donc on admet moins les scandales.  Pierre Rosanvallon (sociologue, philosophe politique) : la désidéologisation du politique, c'est à dire une perte d’idéologie de la part des citoyens. Ça veut dire que le citoyen est plus critique envers la classe politique. Donc la politique ne peut se réduire à une bataille pour le pouvoir, il faut des idéologies. Les valeurs ont remplacé les idéologies donc ils sont beaucoup moins tolérants envers les scandales.  Certains ont vu la peoplisation comme une dérive de la politique. On s’intéresse beaucoup plus à la personnalité du personnel politique et surtout qu’il accepte plus de mettre sa vie en avant.  La notion de scandale à évoluer également, avant le scandale, c’était une violation de la loi (financement partis, personnel, vol, chantage…) mais la notion est plus vaste. Cela touche aussi à l’immoral mais pas l’illégal. Et cela peut entrainer des conséquences sur la réputation d’un homme politique. Exemple : l’affaire Gaymard, ancien ministre de l’économie et des finances, il a chuté en 2005 c’est qu’il a fait refaire l’appartement qui lui était alloué, parce qu’il était trop petit, il a refait faire un autre ministère sur les deniers publics.  Il y a également la démocratie judiciaire c'est-à-dire que le juge est plus souvent sur les politiques. Le jugement est à la base même de la démocratie. Le fait que les juges s’en prennent aux hommes politiques ce n’est pas une nouveauté. Le citoyen s’exprime en votant principalement mais il y a aussi le jugement.  Sous Aristote, à l’origine de la démocratie, on a l’idée du jugement lié à la politique, les magistrats (au sens des gouvernants), en sortant de leur charge devait rendre des comptes aux citoyens. Et il y avait des catégories des citoyens qui étaient la pour contrôler, mettre en jugement les hommes politiques. Et Athènes avaient chargé des citoyens comme les euthynoï, c'est-à-dire les redresseurs (pour les comptes), les logistaï (auditeurs de comptes), les exetastaï (contrôleurs), synegoroï (avocats publiques).  La justice est une expression de la démocratie. L’opposition ou la presse joue en quelque sorte le rôle de procureur, met en accusation devant l’opinion publique.  - Légitimité électorale et légitimité sociale  Il y a la légitimité électorale, nos élus sont légitimes parce qu’ils sont élus. Mais il y a une autre légitimité qui s’est développé, il s’agit de la légitimité sociale, c'est-à-dire celle des représentants du monde du travail. La démocratie est aussi sociale. L’existence même des syndicats vient de la méfiance des politiques qui ne vont pas servir les intérêts des travailleurs. La liberté syndicale fut une avancée les plus symboliques des combats sociaux du XIXème siècle.  A coté des syndicats, d’autres mouvements se sont créé les associations, les comités, les coordinations (étudiants, infirmières, chauffeurs routiers….). Par exemple, observatoire des inégalités, associe experts et citoyens.  Tous les arguments exposés, permette de penser que la démocratie n’est pas en crise et fait qu’exprimer ses propres contradictions. La démocratie n’est pas remise en cause par les citoyens, de plus une crise est temporaire alors qu’ici on constate une situation continue.

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