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La juste mesure d'ARISTOTE

Publié le 06/01/2020

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aristote
Aristote récapitule sa définition de la vertu morale, qui fait intervenir, plutôt qu'un principe rationnel abstrait, une rationalité propre à l'action, faite de juste mesure et incarnée par l'homme prudent (phronimos) qui fait intervenir à bon escient sa faculté de calcul (logistikon).
 
La vertu est une disposition à agir d’une façon délibérée, consistant en un juste milieu relatif à nous, lequel est déterminé rationnellement (sous la forme d’un rapport) et comme le déterminerait l’homme prudent. C’est un juste milieu entre deux vices, l’un par excès et l’autre par défaut ; et c’est encore un juste milieu dans la mesure où certains vices sont au-dessous, et d’autres au-dessus de « ce qu’il faut », dans le domaine des affections aussi bien que des actions, tandis que la vertu, elle, découvre et choisit la position moyenne. C’est pourquoi, dans l’ordre de la chose et de la définition exprimant l’essence, la vertu est un juste milieu, tandis que dans l’ordre de l’excellence et de l’accompli, c’est un sommet.
 
Aristote, Éthique à Nicomaque, II, 6, trad. Tricot, Vrin, 1979, p. 106.
POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE
Remarquons d'emblée que pour Aristote, la norme de l'action vertueuse n'est pas un principe général, mais un être de chair et d'os : c'est l'homme prudent. Lui seul est apte à déterminer le juste milieu, qui n'est pas défini de façon purement mathématique (comme 7 serait la moyenne arithmétique de 2 et de 12, puisque (12+2J/2 = 7, et 6, leur moyenne géométrique : 2/6 = 6/12). S'il y a du défaut et de l'excès dans le domaine de l'action, il faut en juger d'un point de vue qualitatif.
 
La définition aristotélicienne de la vertu prend place dans une doctrine des facultés de l'âme. La partie désirante de l'âme connaît plusieurs régimes : la convoitise (intempérance des désirs du ventre et du bas-ventre) ; l'impulsion (emportement, colère); le souhait. Ce dernier n'est pas intrinsèquement rationnel (on peut en effet souhaiter l'impossible), mais il est plus accessible que les deux autres à la raison. Une fois éveillé le souhait, la faculté pratique de l'âme calcule et fait le choix des moyens appropriés à ce souhait. C'est ici que la vertu de prudence intervient : elle introduit dans la matière du souhait la forme d'une délibération relative à ce qui est en notre pouvoir. Toutefois, cette prudence n'a pas le pouvoir de modifier la direction du souhait. La décision qui suit la délibération ne fait qu'entériner la cohérence de la fin souhaitée avec les moyens retenus. « Mais la délibération (œuvre de la raison calculatrice) ne porte pas sur les fins, mais seulement sur les moyens d'atteindre les fins ». (III, 5) Faut-il en conclure que la raison dans l'action se borne à un rôle d'intendance ? Que nous ne pouvons changer nos désirs ? Il reste que, pour Aristote, « le méchant, tout comme l’homme de bien, est cause par lui-même de ses actions, même s'il n'est pas la cause de la fin ». Il y a bien quelque chose de contingent dans les diverses dispositions des hommes à agir. Quelque chose qu'ils ont l'impression de ne pas avoir choisi (tempérament, tendances, etc.). Ils n'en sont pas moins responsables de leurs actes. En ce sens, Merleau-Ponty pourra dire : « La gloire des résistants, comme l'indignité des collaborateurs, suppose la contingence de l'Histoire, sans laquelle il n'y aurait pas de coupables en politiques, mais aussi sa rationalité, sans laquelle il n'y aurait que des fous ».


aristote

« intrinsèquement rationnel (on peut en effet souhaiter l'impossible), mais il est plus accessible que les deux autres à la raison.

Une fois éveillé le souhait.

la faculté pra­ tique de l'âme calcule et fait le choix des moyens appro­ priés à ce souhait.

c· est ici que la vertu de prudence inter­ vient : elle introduit dans la matière du souhait la forme d'une délibération relative à ce qui est en notre pouvoir.

Toutefois, cette prudence n'a pas le pouvoir de modifier la direction du souhait.

La décision qui suit la délibération ne fait qu'entériner la cohérence de la fin souhaitée avec les moyens retenus.

« Mais la délibération (œuvre de la raison calculatrice) ne porte pas sur les fins.

mais seulement sur les moyens d'atteindre les fins >>.

(Ill, 5) Faut-il en conclure que la raison dans l'action se borne à un rôle d'intendance? Que nous ne pouvons changer nos désirs? Il reste que, pour Aristote, « le méchant, tout comme l'homme de bien, est cause par lui-même de ses actions.

même s'il n'est pas la cause de la fin >>.

Il y a bien quelque chose de contingent dans les diverses dispositions des hommes à agir.

Quelque chose qu'ils ont l'impression de ne pas avoir choisi (tempé­ rament, tendances, etc.).

Ils n'en sont pas moins respon­ sables de leurs actes.

En ce sens, Merleau-Ponty pourra dire : « La gloire des résistants, comme l'indignité des col­ laborateurs.

suppose la contingence de !'Histoire, sans laquelle il n'y aurait pas de coupables en politiques, mais aussi sa rationalité, sans laquelle il n'y aurait que des fous».. »

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