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La perception est-elle le modèle de toute connaissance ?

Publié le 28/05/2009

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perception

Tout d'abord, comment définir un modèle? Il est avant tout celui qu'on imite, celui qui a valeur d'horizon dans notre pratique. Ainsi, il est celui qui donne la mesure (modus en latin), celui à partir duquel on évalue, celui qui se signale par l'absence des fioritures qui font encore défaut à notre pratique. En effet, le modèle pose une typologie caractéristique, en lui se déploie l'essentiel, ce qui doit nécessairement être. Ainsi, il établit les grandes lignes nécessaires à suivre. Or, peut-on penser la vision comme étant un tel paradigme? Poser l'un de nos sens comme modèle de connaissance, comme l'essence même de la connaissance vers laquelle il s'agit de tendre, c'est déjà enraciner cette dernière dans l'expérience. Tout à la fois, c'est élire un sens parmi d'autre et lui attribuer une valeur qui fait défaut chez les autres. Pourquoi? Si la vision est un sens, elle se distingue de toute évidence à plus d'un titre. Tout d'abord, elle tient informé le sujet de quelque chose qui peut entretenir une certaine distance avec lui. Je peux voir quelque chose se profiler à l'horizon, et bien que la qualité de cette image soit floue, je ne suis pas à proximité de ce qui est vu, du moins pas immédiatement. Contrairement au toucher donc, ou encore au goût, l'œil ne rentre pas en contact avec ce qu'il vise. L'œil suggère donc une sorte d'objectivité, ou du moins un objet qu'il ne contamine pas mais qu'il laisse bien intact dans sa virginité. De plus, on accorde naturellement une confiance à la vue, répétant la phrase de Thomas presque spontanément: « je ne crois que ce que je vois «. Il y a quelque chose de l'ordre de l'évidence qui s'impose dans la vision: croire entendre quelque chose inquiète toujours moins que croire voir quelque chose. L'hallucination visuelle semble quasiment inimaginable étant donné notre confiance « aveugle « en nos yeux. Deux choses donc sur ce dernier point: l'évidence tout d'abord, une évidence que l'on a de cesse de chercher dans le contre-rendu logique que nous tentons d'établir à propos du monde; mais aussi la certitude naturelle selon laquelle voir c'est savoir. Enfin, il y a toujours eu une sorte d'analogie entre l'œil physique et l'œil intellectuel: on compare souvent la conscience à une sorte de vision de nos propres idées, à un œil intérieur qui inspecterait le fond de notre esprit et en ferait un théâtre psychique. Ainsi, l'attribut particulier de l'esprit qu'est la conscience, soit cette faculté de voir en soi, de se voir soi, et même de se voir entrain d'être soi, posent la vision comme un sens particulier, comme un analogon proposant la structure emblématique de l'activité cognitive. 

perception

« prévu, et sa marge d'insolite réduite. Désir scopique et strip-tease de l'objet II. Ainsi, il faut voir, et cela même malgré nous.

Mais l'envers du hors-champ, pour reprendre notre scène précédente,c'est aussi de faire naître chez le spectateur un désir extrêmement puissant, le désir de voir.

Rappelons-nous cepassage tiré de la République de Platon: « Léontios, fils d'Aglaïon , revenant un jour de Pirée, longeait la partie extérieure du mur septentrional lorsqu'il aperçut des cadavres étendus près du bourreau; en même temps qu'unvif désir de les voir, il éprouva de la répugnance et se détourna; pendant quelques instants il lutta contre lui-mêmeet se couvrit le visage; mais à la fin, maîtrisé par le désir, il ouvrit de grands yeux, et courant vers les cadavres:'Voilà pour vous, mauvais génies, dit-il, emplissez-vous de ce beau spectacle!' ».

Contre l'intellect sage, les yeux semble être le sens de prédilection de l' epithumia , de la partie désirante de l'âme, ou du moins pour être plus exact son ressort.

Le manque de vision gonfle le désir, comme l'érotisme qui montre sans entièrement découvrir le corps.

Ils'agit en cela de réfléchir à ce corps qui n'est toujours que presque dénudé, bien que jamais entièrement. L'érotisme suggère mais ne permet jamais d'embrasser d'un seul coup d'œil l'objet du désir.

Bien évidemment, on nerésumera pas l'érotisme à un perspective sexuelle, mais on le définira comme manière d'offrir l'objet du désir, celui-cipouvant aller d'un plat de cuisine jusqu'à l'intrigue même d'un film.

Aussi, l'érotisme se base sur un art de lasuggestion: il s'agit toujours et à la fois de ne pas trop montrer pour ne pas épuiser d'un seul coup un seul l'objet etainsi le perdre, et de garder le désir intact en se gardant de trop cacher.

La suggestion ainsi conçue ne laissetoujours accès qu'à un objet partiel, et repousse le temps de l'approche totale.

Elle focalise l'esprit sur un momenttoujours prêt-à-arrivé, un moment arrivant mais non arrivé.

L'objet n'est pas en lui-même sans valeur, il ne s'agitpas d'une cosmétique censée montrer le plus avantageux, et dissimuler le moins avantageux.

Il ne s'agit pas nonplus d'une promotion de l'objet qui reconnaît tout à la fois sa pauvreté: ce strip-tease de l'objet n'est pas mise enscène.

Elle joue simplement sur cette dynamique du désir qu'est l'éclipse que constitue le montrer-cacher.

Elle ensouligne la tendance sans pour autant la créer. Or, toute connaissance est sous-tendue par un désir de connaître.

Toute connaissance appuie sa dynamique sur cequ'il reste à découvrir l'objet.

Pour saisir cela, revenons au Banquet de Platon et à la philosophie caractérisée comme « art des intermédiaires »: elle tient place entre absence totale de connaissance et connaissance experte. Cela pousse Platon à rapprocher la connaissance de la dynamique érotique, la dynamique du désir qui tient aussi lieude juste milieu entre possession et absence.

En cela, Platon nous rappelle que Éros est fils de Penia (le manque) et Poros (l'Expédient).

Ainsi, la philosophie se tient-elle dans l'opinion vraie: « l'opinion est vraie est quelque chose d'intermédiaire entre ces deux extrêmes ».

De même que l'Amour manque des belles choses et ainsi les désire, la connaissance manque en partie l'être des choses, et trouve dans ce manque même sa dynamique.

De ce fait, on nepeut penser la vision comme modèle dynamique de la connaissance: l'absence de vision suscite le désir de voir, toutcomme l'absence de connaissance a un effet moteur sur la connaissance.

On ne prétend connaître que parce qu'onne connaît pas encore entièrement, tout comme l'on désire voir parce qu'une part reste cachée.

La connaissance sejoue donc dans cette éclipse de l'objet, ce montrer-cacher qui lui donne son élan.

Et cette éclipse a une analogievisuelle évidente dans le strip-tease de l'objet qui ne se donne qu'en se dissimulant aussi, que l'on possède qu'enacceptant aussi d'en être dépossédé. Leibniz et la persepctive III. Ce jeu du montrer-cacher trouve ainsi tout son sens dans la notion même de perspective.

Mais avant d'en étayerl'idée, il s'agit de revenir un instant sur le système leibnitien.

Tout d'abord, il faut rappeler un point phare d'où partprécisément Leibniz, et qui est le jugement analytique.

Un jugement analytique consiste à attribuer à un sujet, unattribut déjà compris dans ce sujet.

Ainsi lorsque je dis « Le chien a quatre pattes », je ne fais en fait qu'attribuer au chien (le sujet) quelque chose (l'attribut « avoir quatre pattes) qui est déjà compris dans son essence: je merépète puisque je ne donne pas une nouvelle information.

Mais Leibniz va précisément faire ce ce type de vérité letype de toute vérité.

Ainsi, lorsque je vais énoncer « Marc court sur la piste d'athlétisme », cela doit aussi être compris sous la forme d'un jugement analytique.

De ce fait, l'attribut « court sur la piste d'athlétisme » est compris dans l'essence de Marc de même que « avoir trois angles dont la somme est égale à 180° » est compris dans l'essence de triangle.

Dans l'essence individuelle de chacun est compris tout ce qu'il va traverser durant sa propreexistence, tout sans exception! L'idée de Leibniz, c'est de penser l'essence comme programmer à l'origine, commecontenant tout ce que l'on va traverser.

L'existence ne fait que déplier une sorte de formule de départ comprisedans notre essence ( in esse ), de programme informatique qui contient par avance tous les états que nous allons traversé.

Leibniz appelle l'ensemble de ces états que traverse un sujet des perceptions. Prenons à présent un exemple fameux puisqu'il est présent dans l'œuvre même de Leibniz: l'énoncé « César traverse le Rubicon ».

Je peux donc dire que l'attribut « traverser le Rubicon » était compris dans l'essence même de César. Imaginons le jour même où César se tenait devant le Rubicon avec ses troupes.

Il devait avoir certaines raisons dele faire de toute évidence, des raisons qui sont rentrer dans le cadre d'une délibération et qui l'ont poussé à prendreune telle décision justement (vouloir fonder un empire, tester la résolution de ses hommes...etc.).

Et ces raisons quil'ont poussé à se décider dans ce sens venaient elles-mêmes d'autres raisons antérieures (César veut traverser leRubicon parce qu'il veut un empire, il veut un empire parce qu'il a de grandes ambitions et un amour du pouvoir, ilsait de plus que l'état de Rome se prête alors à ce genre d'ambition, que le moment est pour le moins adéquat, lescirconstances favorables....).

Ainsi, la traverser du Rubicon qui n'est, rappelons-le qu'une perception, un état dans. »

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