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La société nous dicte-elle tous nos devoirs ?

Publié le 27/02/2008

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Cela dit, au cœur des êtres vivants, l'organisme symbolise plutôt l'ordre d'une société économique fondée sur un principe d'autorégulation des échanges, et le corps (humain) fleure plutôt la distribution hiérarchique des pouvoirs dans un Etat.

Le premier fait qui s'impose à l'analyse est la société comme système de relations liées au besoin : les « sociétés « de savants, de philanthropes ou de pêcheurs, sont, en effet, des cas à part qui existent au sein d'une société globale déjà constituée par l'incapacité de chacun à satisfaire ses propres besoins : tous n'ont pas les mêmes aptitudes ; des tâches différentes peuvent demander à être exécutées au même moment.

Dans cette mesure, la société est comparable à un organisme : chacun accomplit une fonction qui le dépasse très largement ; tous participent de la même vie. Fondée sur l'inégalité et l'interdépendance, la société est comme un seul être dont tous sont membres. Si, en effet, la société est un tout, il faut conclure que le tout est supérieur aux parties, la survie de l'ensemble étant préférable à celle de quelques membres. Nous sommes en face d'un paradoxe inévitable : nécessitée comme moyen de satisfaire les besoins individuels, la société devient une fin en elle-même. Elle serait de sa nature toujours aliénante, dépossédant l'individu de lui-même, conditionnant son inconscient en lui inculquant les normes nécessaires au fonctionnement de l'ensemble.

 

  • 1) La société nous dicte la totalité de nos devoirs (La sociologie de Durkheim).
  • 2) Nos devoirs sont rationnels et a priori (Kant).

 

« corrompt.Mais le plus remarquable tient au fait que ce qui commande, commande de l'intérieur.

Cœur ou cerveau, il y a là desorganes distincts, pourvus de fonctions spécifiques, qui commandent au corps, tout en étant des parties de cecorps.

Au sein d'un État, émerge une autorité qui se distingue du fonctionnement social mais qui ne lui est pas pourautant extérieure.3.

Le paradigme du corps social rend sensibles le fonctionnement et la structure d'un État républicain.

Au contraire,il sera plus éclairant de représenter un État despotique par une simple machine.

Kant suggère à ce propos, commesymbole, le moulin à bras dont le procédé évoque la situation d'un État dirigé par « une volonté singulière absolue»(Critique de la faculté de juger, § 59).Le paradigme mécanique de la machine attire notre attention sur l'existence d'un ressort qui serait comme le lieud'origine du mouvement, et à partir duquel il se communiquerait aux autres constituants.

Le despote de la sorte setient en dehors de l'État.

Il n'a plus rien de comparable avec le cœur qui prodigue la vie depuis le centre du corpssocial.Montesquieu ne cesse dans sa description du gouvernement despotique (De l'esprit des lois, livre III, chap.

10) defaire appel à des images physiques ou mécaniques.

La volonté du prince doit avoir son effet infailliblement, tous lesintermédiaires sont niés.

Le despote se démultiplie et atteint pour ainsi dire directement, les parties les pluséloignées.

Il n'y a pas de délibération, pas de dialogue, le temps se réduit au seul instant de la décision qui setransmet d'une façon quasi mécanique, comme un mouvement qui se propage immédiatement d'un élément à sesmultiples extrémités.De même la crainte, qui est le principe du gouvernement despotique (livre III, chap.

11), c'est-à-dire ce qui le faitagir, doit être pensée comme ce qui réduit la conscience à une nécessité mécanique.

La crainte est à la consciencece que le choc est à la physique.Bref, un État despotique ne ressemble guère à un être vivant, mais plutôt à une machine bien construite, qui tire saforce motrice de la volonté arbitraire d'un agent extérieur.Le fait est alors que l'on ne voit plus vraiment la ligne de partage entre une explication organique et mécanique.Dans les deux cas, nous assistons à un effacement du politique comme tel.

En effet, si la société fonctionne commeun organisme, il n'y a pas besoin d'un pouvoir politique, puisque les individus, d'eux-mêmes, pris dans le tourbillondes échanges, se conforment au mouvement du tout.

Si à l'autre extrémité, il n'y a plus que des rapportsmécaniques de puissance entre les hommes et le despote, la force proprement physique remplace le pouvoirpolitique.L'originalité du modèle organique doit donc être cherchée ailleurs que dans le point de vue statique, dans le point devue dynamique.

Et effectivement, nous savons tous qu'un organisme ne se forme pas de la même façon qu'unemachine.

L'évolution n'est pas la fabrication.

A la question du fonctionnement de l'État ou de la société, noussubstituons donc celle de l'origine.2.

La genèse de la société1.

Puisqu'une société présente, comme nous l'avons dit, un ordre, nous sommes portés à croire que cet ordrerésulte de la volonté des hommes.

Nous pensons alors qu'une société est le produit d'une élaboration humaine.

Onparlera d'elle, dans les termes d'une construction rationnelle.

En ce cas, la société est une organisation.Mais il existe des structures d'ordre qui n'ont pas pour origine l'intelligence.

Les organismes vivants constituent à cetégard le meilleur exemple d'émergence d'un ordre naturel.

Nous sommes victimes d'un préjugé commun qui veut quenous ne voyons de l'ordre que là où il vise un objectif particulier.

Ainsi la société nous semble obéir à une intentionprécise, à un plan spécifique.Or on peut montrer au contraire que la société s'apparente beaucoup plus à un organisme, qu'elle est donc un ordrespontané, c'est-à-dire ni voulu ni même conçu.

La société s'organise d'elle-même sans que nul ne l'ait expressémentdécidé.En évoquant ce processus d'auto-organisation, on peut se demander s'il est encore pertinent de voir dans la notiond'organisme une simple image.

L'ordre social n'est peut-être pas un ordre entièrement naturel, mais il n'est pas nonplus un ordre artificiel.

Il se situe pour ainsi dire entre les deux.

Il naît et se développe comme un organisme, maistout en même temps, touche à l'intelligence.

C'est donc qu'il y a une espèce de continuité entre l'évolution de la vieet la genèse de la société.

La vie se communiquerait ainsi de l'organisme le plus simple, à l'homme, jusqu'à sonachèvement, la société.

L'évolution sociale prolongerait en quelque sorte l'évolution de la vie.Au fond, il n'y a rien d'étonnant à ce que la société soit comme le produit d'un ordre évolutif.

Les langues en sont unexemple frappant.

Elles naissent spontanément, connaissent un progrès naturel, elles sont douées de vie, au senspropre.

On parle de langues vivantes et de langues mortes.

Enfin on ne crée pas par décret une langue; l'usageprécède la fixation des règles dans une grammaire.De la même manière, on rejettera cette idée que l'on puisse construire un système social d'un seul jet.

Rien n'estparfait à la naissance.

L'origine contient en germe ce qui ne trouvera son achèvement qu'à la fin d'un long processusde maturation.

Le commencement est de nature embryonnaire.

Il recèle des virtualités qui ne s'actualiseront qu'avecle temps.2.

Entrons maintenant dans le détail de ce qui constitue la force formatrice de la société.Il n'y a pas besoin de supposer un contrat entre les individus, pour qu'ils décident de coopérer et par conséquent defaire société.

On pourrait imaginer de fonder le lien social sur la générosité des agents.

Ainsi chacun se comporteraitavec tous comme avec ses amis.

L'altruisme mutuel engendrerait une société fraternelle.

La bienveillance et ledésintérêt animeraient les rapports interpersonnels.

Les lois deviendraient inutiles, les vertus en tiendraient lieu.

Ni levol, ni le crime n'existeraient.Oui, sans doute, mais c'est compter sans l'égoïsme des hommes.

Et quand bien même on accorderait l'existence d'unpenchant altruiste; par crainte d'une absence de réciprocité dans les sentiments, on préférera son intérêt à lavertu.D'où la conclusion des libéraux, que la recherche de l'intérêt particulier peut suffire à créer le lien social; à la. »

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