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La vie est-elle le bien le plus précieux?

Publié le 14/03/2005

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Persévérer dans la vie et l'être, voilà ce que vise tout être. Pour le sens commun, la vie, et tout particulièrement, la vie humaine, incarne fréquemment la valeur la plus importante et la réalité la plus digne d'être respectée. La vie n'apparaît-elle pas d'ailleurs comme sacrée ? En vertu de ce caractère sacré, elle se donne comme le bien le plus précieux, le plus digne d'être revendiqué. Dans la tradition judéo-chrétienne de notre culture occidentale, la vie et le respect qui lui est dû fondent d'ailleurs morale et droit. Tout se passe comme si l'Occident reposait, comme sur une de ses bases essentielles, sur l'interdit du meurtre qui lui-même implique l'idée que la vie humaine est le bien le plus précieux, possédant la valeur maximale. Dans les religions orientales, la vie apparaît elle aussi comme bien et valeur suprêmes. Songeons, en particulier, à l'hindouisme. Même un certain « vitalisme », doctrine qui s'oppose à la réduction de la vie à ses caractères physico-chimiques, tend à voir dans la vie le bien le plus précieux, puisqu'il recourt à une force vitale distincte de la matière. La vie (et tout particulièrement la vie humaine) serait d'un tel prix qu'elle constituerait une valeur absolue.

« TransitionToutefois, ce consensus est gros d'ambiguïtés.

La vie ? La vie humaine ? Des substrats organiques se donnantcomme des promesses d'autres choses ou bien des faits biologiques irréductibles ? Des réalités « brutes » ou dessignes spirituels ? Autant de questions faisant surgir la discussion. B.

Risquer la vie pour s'affirmer libre (antithèse) Non.

La vie n'est pas nécessairement le bien le plus précieux, et ce, contrairement au « consensus » établi.

Déjà,certaines expressions familières nous suggèrent ces thèmes : « risquer sa vie pour son idéal » ; « la vie vaut-elleplus que l'honneur ? »Que désigne, en effet, la vie ? Si nous la comprenons comme pure existence biologique, comme processusmétabolique en tant que tel, il nous faut bien reconnaître que c'est précisément le risque de la vie biologique quipermet à l'homme de construire sa conscience.

La vie est-elle le bien le plus précieux ? Rien de clair en cette «évidence » courante, qui s'apparente surtout à un préjugé.

Cette vie à laquelle je m'identifie est est précisémentl'élément avec lequel je ne puis me confondre complètement en tant que je suis un sujet.

En restant enfoncée dansl'être de la vie, la conscience ne parvient pas à exister vraiment.

Il faut au contraire prendre une certaine distanceà l'égard de la vie pour conquérir son autonomie.

Alors, ce qui apparaît justement en cette distance, n'est-ce pas lavie spirituelle ?Car les animaux ont le seul désir de persévérer dans leur être.

Pour eux, la vie est le bien le plus précieux et ilsluttent pour la conservation de cette vie.

Mais l'homme est cet être capable de mettre sa vie biologique en jeu, dese libérer de l'esclavage de la vie.

C'est bien ce que nous montre Hegel dans La Phénoménologie de l'esprit.

Quand je mets ma vie en jeu, alors je puis affirmer ma supériorité sur autrui, sur lecours de la vie animale.

Tel est le sens de la lutte pour la reconnaissance del'un par l'autre.

Le maître risque sa vie pour affirmer sa supériorité ; l'esclavene veut rien risquer et préfère la vie biologique et animale.

Il ne renonce pasà cette vie organique et immédiate.

À ses yeux, la simple vie animale est lebien le plus précieux.

Au contraire, la conscience du maître se forge par lemépris de la vie.

L'esclave est la conscience inessentielle incapable de selibérer de la vie. Transition C'est, toutefois, une synthèse que nous recherchons : un ensemble oùs'affirme la vocation spirituelle de l'homme.

Si échapper à l'esclavage de la vieest juste et bon (songeons d'ailleurs au suicide prôné par les Stoïciens danscertaines circonstances), n'est-il pas pible de voir aussi dans la vie le bien leplus précieux ? Mais que sera cette vie ? Quelle coloration sémantiqueapparaîtra ? Puisqu'il y a toujours plus dans la synthèse que dans la thèse etl'antithèse réunies, une nouvelle « vie » doit ici se dessiner. C.

La vie spirituelle est le bien le plus précieux (synthèse) Rappelons-nous le terme et le but de l'expérience vécue à travers le combat pour la reconnaissance : la vie spirituelle.

Ici, nous atteignons la vraie vie, la vie enfin découverte, la seule vieréellement vécue, celle dont nous parle l'Évangile selon saint Jean (« Je suis la vérité et la vie »).

La vie biologiquen'est qu'une vie naturelle.

Au contraire, la vie de l'esprit représente le bien le plus précieux : irréductible au faitbiologique brut, au processus vital ou métabolique sans aucune autre considération, elle est vie permettant lanaissance de la conscience et de la liberté.C'est donc l'esprit, et non la vie organique, qui est le bien le plus précieux.

La vraie vie est projet, liberté, personne,et c'est dans ce registre qu'il est permis de parler de la plus haute et noble valeur.

Pourquoi cette supériorité del'esprit ? Il est conscience, saisie réflexive, accès au sujet, compréhension de soi-même, existence pour soi et, parconséquent, l'être même comme objet suprême du vouloir ou du désir.

Seul l'esprit existe en lui-même.« L'esprit, et même seul l'esprit, existe en soi et pour soi ; seul il repose sur soi et peut, dans le cadre de cetteautonomie et seulement dans ce cadre, être traité d'une manière véritablement rationnelle » (Husserl, La Crise del'humanité européenne et la Philosophie, Aubier, p.

93).Tout, et même la vie, n'est-il pas subordonné au principe pensant en général ? Je ne suis qu'une chose qui pense,c'est-à-dire un esprit, et le but du monde est le développement de l'esprit, et non point de la vie en tant que telle.Dès lors, ce qui peut être mesure, c'est ce développement de l'esprit et non la simple perpétuation biologique.L'esprit et la personne seuls sont des critères et des mesures. ConclusionLa Personne ou l'Esprit s'affirment supérieurs à la nature.

Réflexion et conscience transcendent infiniment la vieorganique, forme inférieure de l'existence et représentent le bien le plus précieux : la valeur suprême.. »

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