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La vie est passée, on dirait que je n’ai pas vécu. Anton Tchékhov

Publié le 19/03/2020

Extrait du document

«La scène est vide. On entend fermer à clef toutes les portes, puis le bruit des voitures qui s’éloignent. Le silence s’installe. Dans ce silence, on entend les coups sourds d’une hache sur les arbres, un bruit solitaire et triste. On entend des pas. De la porte de droite apparaît Firs. Il est habillé comme d’habitude: d’un veston et d’un gilet blanc, avec des pantoufles aux pieds. Il est malade.

Firs s’approche de la porte, tentant de tourner la poignée. — C’est fermé. Ils sont partis. (Il s’assoit sur le divan.) Et moi, ils m’ont oublié... Ce n’est rien... Ce n’est rien... je vais m’asseoir un moment ici... Et Léonide Andréevitch n’a sûrement pas mis sa pelisse, il est parti en pardessus... (Il soupire, soucieux.) Et moi qui ne l’ai pas surveillé... Ces blancs-becs! (Il marmonne quelque chose d’incompréhensible.) La vie est passée, on dirait que je n’ai pas vécu. (Il s’étend.) Je vais m’allonger un peu... Tu n’as plus aucune force, rien, il ne te reste rien, rien... Hé toi... espèce de bon à rien!...

Il reste allongé, immobile.

On entend un son lointain, qui semble venir du ciel, le son d’une corde rompue, mourant tristement. Le silence s’installe. On entend seulement au loin dans le jardin, des coups de hache sur les arbres. »

«Vous avez tant fait pour moi que j’ai tout oublié et que je vous aime comme quelqu’un de ma famille... et même plus que ma famille. »

(acte I)

 

« Les moujiks étaient avec les maîtres, les maîtres avec les moujiks et maintenant tout est en désordre, on n’y comprend plus rien. »

(acte II)

« lopakhine. — Vous pourrez demander à vos locataires au moins vingt-cinq roubles par an et par déciatine; et si vous vous décidez maintenant, je vous garantis qu’il ne vous restera pas une seule parcelle à l’automne, tout sera loué. En un mot, je vous félicite, vous êtes sauvée. L’emplacement est magnifique, la rivière est profonde. Evidemment, il faut nettoyer un peu, par exemple, démolir les vieilles constructions, cette maison qui ne sert plus à rien... abattre la vieille Cerisaie. lioubov andreevna. — Abattre? Excusez-moi, mon cher, mais vous n’y comprenez rien. S’il y a quelque chose d’intéressant, et même d’extraordinaire dans ce district, c’est bien notre Cerisaie.

lopakhine. — Tout ce qu’il y a d’extraordinaire dans ce jardin, c’est qu’il est très grand. Une fois tous les deux ans, on récolte des cerises dont on ne sait que faire et que personne n’achète.

GAEV. — Même dans le dictionnaire encyclopédique, on le mentionne, ce jardin.

lopakhine, regardant sa montre. Si nous ne trouvons rien, si nous n’arrivons pas à nous décider, alors, le 22 août, la Cerisaie et la propriété seront toutes deux vendues aux enchères. Décidez-vous donc! H n’y a pas d’autre solution. Je vous assure. Aucune autre solution. firs. — Autrefois, il y quarante, cinquante ans, les cerises on les faisait sécher, macérer, mariner, on en faisait des confitures, et même... gaev. — Tais-toi un peu, Firs.

« 1 ' r r 12 • DIALOGUE DE THÉÂTRE (et sous-conversation) / 91 ment attachée à la Cerisaie.

Tout le monde est parti, seul Firs demeure, voué à sombrer, corps et âme, non seule­ ment dans l'abandon de la propriété mais dans sa dispari­ tion (Lopakhine a l'intention de détruire la maison et de transformer la propriété).

De manière symbolique, les cerisiers que, déjà, on est en train d'abattre, sur l'ordre du nouveau propriétaire, préfigurent la mort du vieillard Firs.

Ce dernier s'assoit, malade et sans force, puis s'étend sur le divan, en mar­ monnant, comme à son habitude.

Puis, entamant un soli­ loque banal et familier, Firs s'immobilise, tandis que lui parvient le son d'une corde rompue« mourant tristement», suivi bientôt d'un autre son non moins inquiétant, celui des coups de hache sur les cerisiers : «La scène est vide.

On entend fermer à clef toutes les portes, puis le bruit des voitures qui s'éloignent.

Le si­ lence s'installe.

Dans ce silence, on entend les· coups sourds d'une hache sur les arbres, un bruit solitaire et triste.

On entend des pas.

De la porte de droite apparaît Firs.

Il est habillé comme d'habitude: d'un veston et d'un gilet blanc, avec des pantoufles aux pieds.

Il est malade.

Firs s'approche de la porte, tentant de tourner la poignée.

- C'est fermé.

Ils sont partis.

(Il s'assoit sur le divan.) Et moi, ils m'ont oublié ...

Ce n'est rien ...

Ce n'est rien ...

je vais m'asseoir un moment ici ...

Et Léonide Andréevitch n'a sûrement pas mis sa pelisse, il est parti en pardessus ...

(Il soupire, soucieux.) Et moi qui ne l'ai pas surveillé ...

Ces blancs-becs! (Il marmonne quelque chose d'incompréhensible.) La vie est passée, on dirait que je n'ai pas vécu.

(Il s'étend.) Je vais m'allonger un peu ...

Tu n'as plus aucune force, rien, il ne te reste rien, rien ...

Hé toi ...

espèce de bon à rien!.., Il reste allongé, immobile.

On entend un son lointain, qui semble venir du ciel, le son d'une corde rompue, mourant tristement.

Le silence s'installe.

On entend seulement au loin dans le jardin, des coups de hache sur les arbres.» ► Présence discrète et tutélaire, Firs veillait à la régula­ rité du service, en bon domestique de l'ancienne mode.

Après une absence de cinq ans, Lioubov Andréevna, la. »

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