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La volonté de Dieu, cet asile de l’ignorance. Spinoza

Publié le 19/03/2020

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« Comme en outre ils trouvent en eux-mêmes et hors d’eux un grand nombre de moyens contribuant grandement à l’atteinte de l’utile [...] ils en viennent à considérer toutes les choses existant dans la nature comme des moyens à leur usage. »

«Ils ont trouvé plus expédient de mettre ce fait au nombre des choses inconnues dont ils ignoraient l’usage, et de demeurer dans leur état actuel et natif d’ignorance, que de renverser tout cet échafaudage et d’en inventer un autre. Ils ont donc admis comme certain que les jugements de Dieu passent de bien loin la compréhension des hommes. »

« Tous ceux que j’entreprends de signaler ici dépendent d’ailleurs d’un seul, consistant en ce que les hommes supposent communément que toutes les choses de la nature agissent comme eux en vue d’une fin, et vont jusqu’à tenir pour certain que Dieu lui-même dirige tout vers une certaine fin. »

«Mais, tandis qu’ils cherchaient à montrer que la nature ne fait rien en vain (c’est-à-dire rien qui ne soit pour l’usage des hommes), ils semblaient montrer rien d’autre sinon que la nature et les dieux sont atteints du même délire que les hommes. »

«Par là, il advint que tous [...] inventèrent divers moyens de rendre un culte à Dieu afin d’être aimés par lui par-dessus les autres et d’obtenir qu’il dirigeât la nature entière au profit de leur désir aveugle et de leur insatiable avidité. »

« Et ainsi arrive-t-il que quiconque cherche les vraies causes des prodiges et s’applique à connaître en savant les choses de la nature, au lieu de s’émerveiller comme un sot, est souvent tenu pour hérétique et impie et proclamé tel par ceux que le vulgaire adore comme des interprètes de la nature et des dieux. Ils savent bien que détruire l’ignorance, c’est détruire l’étonnement imbécile, c’est-à-dire leur unique moyen de raisonner et de sauvegarder leur autorité. »

dieu

« Ignorance / l69 de la nature agissent comme eux en vue d'une fin»), qui culmine dans l'idée que Dieu agit comme un être humain: il est pourvu d'une volonté et dirige tout selon ses buts et ses fins.

Dès lors tout phénomène natu­ rel sera compris comme s'expliquant par la vo­ lonté de Dieu : « la volonté de Dieu, cet asile de l'ignorance».

/) Il deviendra donc impossible d'expliquer la nature par elle-même: tout phénomène (une maladie par exemple) ne sera pas compris par ses causes naturelles, mais saisi comme manifestation, comme signe de la volonté divine (la colère de Dieu, qui pour punir les hommes leur envoie la maladie en question).

Il vaut la peine de suivre la démonstration de Spinoza.

Celui-ci pose en principe un fait indéniable, celui qui veut que : « Tous les hommes naissent sans aucune con­ naissance des causes des choses, et que tous ont un appétit de rechercher ce qui leur est utile, et qu'ils en ont conscience.

» Nous avons conscience de nos désirs, mais non de leurs causes.

Par suite les hommes croient désirer librement, croient que leurs désirs naissent d'eux-mêmes (comme un ivrogne sous l'emprise de l'alcool croit désirer librement sa bouteille).

Or une autre caractéristique des êtres humains est qu'ils agissent toujours dans un but, en poursuivant une fin, une ùtilité.

Pour les hommes, comprendre la nature, c'est donc rechercher dans quel but telle ou telle chose existe, quelle est son utilité.

Quand nous regardons un objet, notre première impulsion est de nous demander à quoi il sert, comme si son utilité rendait raison de son existence.

Autrement dit, les hommes ne cherchent pas à comprendre la cause des phénomènes, ce qui les pro­ duit, mais leur fin supposée.

C'est la combinaison de ces deux principes, de ces deux attitudes : l'ignorance des causes et la recherche de f). »

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