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Le beau peut-il ne pas plaire ?

Publié le 17/01/2022

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La subjectivité individuelle n'est pas la racine de ce jugement. La satisfaction est désintéressée, elle l'est en raison de son objet à l'occasion duquel les facultés s'accordent librement. Nous sommes donc autorisés à penser que ce qui vaut pour nous vaut pour tout homme qui juge le beau. Récapitulation et implications de cette analyse Kantienne du beau et de l'art.

  • 1) Le beau n'est pas le vrai et le bien. Dire " c'est beau ", ce n'est pas avoir une connaissance de l'objet.
  • 2) Le beau n'est pas l'agréable. Dire " c'est beau " ce n'est pas communiquer notre sensation.
  • 3) La belle oeuvre d'art est une fin en soi. Kant justifie la thèse de l'art pour l'art.

C'est avec la même spontanéité que je dis d'un plat qu'il est bon à manger et d'une oeuvre d'art qu'elle est belle. Le goût est entièrement subjectif, et il suffit que l'objet me plaise pour que je dise qu'il est beau.

MAIS...

Le plaisir que procure la beauté n'est rattaché ni à l'existence ni à la possession de quelque chose. C'est pourquoi il se veut universel. En esthétique, subjectif ne veut pas dire relatif à une opinion particulière.

« satisfaction peut être morale et esthétique, les deux ne s'excluent pas mais en tant qu'esthétique, elle n'est pasmorale.

A l'encontre de Platon, Boileau, Hegel, Kant affirme que le beau n'est pas le vrai.

Mais il n'est pas non plus lepur sensible puisque le beau ne se réduit pas à l'agréable bien que satisfaction esthétique et sensuelle ne s'excluentpas.

Et de cela Hume ne peut rendre compte.

De même qu'une oeuvre d'art immorale peut être belle, de même, peutl'être une oeuvre désagréable, qui nous déchire et bouleverse.

Et inversement, une musique agréable (par lessonorités, le passé qu'elle évoque) n'est pas belle pour autant bien que nous ayons tendance à confondre beauté etagrément.

Par conséquent, le plaisir esthétique est le seul plaisir libre.

Il n'est pas l'effet de la satisfaction dequelque chose, du besoin du corps ou d'une impératif de la raison.

Libre parce que désintéressé. · Deuxième définition : " Est beau ce qui plaît universellement sans concept ".· " Ce qui plait universellement ": Le fait que cette satisfaction soit universelle, valable pour tous découle de lapremière définition.

En effet nous avons vu qu'être sensible à la beauté relève d'une sensibilité purifiée de laconvoitise, de la crainte, du désir, du confort ...

bref de tous les intérêts particuliers.

Ce plaisir éprouvé n'est doncpas celui d'un sujet enfermé dans sa particularité et ce dernier peut à juste titre dire: " c'est beau ", comme si labeauté était dans l'objet.

Il peut légitimement s'attendre à ce que tout autre éprouve la même satisfaction.· " sans concept ": " L'assentiment universel est seulement une Idée ".

Il n'y a pas de preuve pratique ouconceptuelle de la beauté.

On juge et on sent que cette musique ou cette montagne sont belles mais on ne peut leprouver.

Il n'y a pas de règles a priori du beau.

En langage kantien, le sujet esthétique n'est pas législateur.

Enscience le sujet légifère, retrouve dans la nature les règles nécessaires, universelles qu'il y a mises pour connaîtrequelque chose.

En art le sujet ne peut légiférer car le jugement porte sur un objet singulier, telle fleur, telle oeuvremusicale.

S' il veut trouver quelque chose d'universel dans cette rose-ci, il faudra qu'il l'envisage sous l'aspect durègne végétal ou de la fleur en général; s'il veut trouver quelque chose d'universel dans une musique, il faudra qu'ill'envisage sous l'angle des règles de composition.

Il aura des concepts mais point de beauté: " quand on juge desobjets simplement par concepts toute représentation de la beauté se perd ".

C'est ce qui peut arriver quand untraque d'art explique un poème...

Comme la beauté est toujours saisie sur un objet concret, matériel, singulier, il n'ya pas de règles universelles du beau.

Le jugement de goût n'est pas un jugement de connaissance. · Troisième définition : " La beauté est la forme de la fïnalité d'un objet en tant qu'elle y est perçue sans lareprésentation d'une fin ".Ce qui est beau a l'apparence de la finalité.

Chaque élément semble concourir à l'effet d'ensemble, qu'il s'agisse d'unpaysage, d'un tableau, d'une musique.

Cette finalité ne se ramène pas au critère classique de la perfection puisquecelle-ci suppose Inadéquation de ce qui est à l'idée ou concept.

Or, nous venons de le voir, le jugement de goût esttoujours particulier et ne procède pas par concepts.

Cette finalité est sans fin.

On ne peut lui assigner une fonction.La forme finale de l'objet a l'apparence de la gratuité.

Les êtres vivants ont aussi la forme de la finalité mais cettefinalité n'est pas sans fin puisque les parties concourent à une fin, la survie.

Cette troisième définition montre queKant ne définit pas la beauté à partir de la seule qualité de l'émotion.

La beauté n'est pas que dans le sujet.

Toutn'est pas beau, tout n'est pas susceptible de produire le plaisir esthétique, cela ne dépend pas de la seuledisposition intérieure.

D'où vient le plaisir?· d'un objet dont la forme finale peut paraître gratuite, ce qui nous prédispose au désintéressement.

Ainsi unemachine à café dont toutes les parties sans exception sont subordonnées à sa fonction de faire le café ne peut êtrejugée belle et notre rapport à elle ne sera qu'utilitaire.

Par contre la nature est telle que nous pouvons soit lacontempler soit l'utiliser.· d'un objet qui a une forme finale.

Pourquoi la juxtaposition d'éléments ne se prête-t-elle pas au plaisir esthétique?Parce qu'il est impossible de lui assigner un sens.

Kant ne veut absolument pas dire que la belle nature ou oeuvred'art ont un sens.

Elles n'ont pas un sens mais elles sont belles dans la mesure où il est possible de leur donner dusens c'est à dire un sens qui ne s'épuisera jamais, qui suscitera toujours de nouvelles interprétations (cf.

votrepratique de l'analyse littéraire: le texte n'est pas l'objet d'une connaissance mais d'une interprétation qui peutindéfiniment s'enrichir).

Un plaisir esthétique a sa source " dans le libre jeu de l'imagination et de l'entendement ".Libre jeu car l'imagination n'est pas subordonnée à l'entendement comme dans la connaissance où elle doit se plier àses règles : si elle ne s'y plie pas elle divague, elle rêve, elle entrave la connaissance.

Face au beau qui n'est pasl'objet d'un jugement de connaissance (en langage kantien déterminant ) l'accord entre l'imagination etl'entendement ne suit aucune règle.

Par exemple lorsque nous écoutons une oeuvre musicale, nous associons auxsons des images, ces images s'organisent et prennent un sens mais d'autres associations seraient possibles, unautre sens pourrait jaillir et c'est pour cette raison que le désir d'écouter l'oeuvre ne s'épuise pas.

Le plaisir naît dece libre accord et finalement pour Kant de l'expérience intérieure de la liberté de nos facultés.

Ce qui plaît est laliberté.

L'expérience esthétique est une expérience de la liberté comme absence de contraintes, intellectuelles(règles de l'accord des facultés en vue d'une connaissance), morales (le beau n'est pas le bien), sensibles (le beaun'est pas l'agréable),utilitaires (le beau n'est pas l'utile). · Quatrième définition : " Est beau ce qui est reconnu sans concept comme l'objet d'une satisfaction nécessaire ".Cette définition tire les conséquences des définitions précédentes.Le beau n'est pas l'objet d'une connaissance possible.

L'explication d'une oeuvre d'art à partir de causes psychiques(ex.

inconscient de l'artiste), historiques, sociales (impressionnisme, art bourgeois) est tout à fait légitime tantqu'elle ne prétend pas expliquer la beauté de l'oeuvre.

Le jugement de goût est un jugement de sentiment ; il n'enest pas moins nécessaire.

La subjectivité individuelle n'est pas la racine de ce jugement.

La satisfaction estdésintéressée, elle l'est en raison de son objet à l'occasion duquel les facultés s'accordent librement.

Nous sommes. »

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