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Le beau se définit-il par opposition à l'utile ?

Publié le 14/02/2004

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L'utile est ce qui sert. Or devant une oeuvre d'art se pose-t-on la question : à quoi ça sert ? De prime abord le beau et l'utile semblent s'exclure l'un l'autre dans la mesure où ils ne se référent pas aux mêmes objets. Un marteau est dit utile mais est-il dit beau ? L'utile introduit la notion de moyen, d'efficacité, tandis que le beau a trait à l'harmonie, au plaisant, il est gratuit. Ces premières définitions approximatives des deux termes en présence nous permettent d'apercevoir leur différence. Les définitions successives de l'art donnent un autre éclairage à ce problème. En effet dans l'antiquité n'existait pas la distinction entre l'art et la technique. Ensuite il a fallu distinguer entre les arts libéraux et les arts mécaniques. Ensuite le terme de technique est apparu au XVIIIe siècle. Les professions telles que la peinture et la menuiserie devront être différenciées ; l'une créant une oeuvre belle mais n'a pas pour fonction de servir à quelque chose et l'autre produit un objet servant une fin précise. La relation entre le beau et l'utile et celle entre l'art et la technique sont-elles parallèles ? L'art est beau tandis que la technique est utile. Cette distinction clarifie le problème mais est-elle satisfaisante ? La problématique est la suivante : soit il n'y a de beau que dans l'art, dans la création artistique désintéressée, dans ce cas le beau s'oppose à l'utile comme l'art à la technique. Soit le beau n'est pas exclu du domaine de la technique mais il peut alors être associé à l'utile. Pour résoudre ce problème nous procéderons en trois étapes. La première étudie de manière plus approfondie l'association de l'art et de la technique pour éclairer le rapport du beau à l'utile. La deuxième s'interroge sur la pureté du beau, doit-il, pour être, être dissocié de l'utile ? Enfin la dernière étape devra trancher entre une typologie du beau ou son univocité.

« professions telles que la peinture et la menuiserie devront être différenciées ; l'une créant une œuvre belle mais n'apas pour fonction de servir à quelque chose et l'autre produit un objet servant une fin précise.

La relation entre lebeau et l'utile et celle entre l'art et la technique sont-elles parallèles ? L'art est beau tandis que la technique estutile.

Cette distinction clarifie le problème mais est-elle satisfaisante ? La problématique est la suivante : soit il n'y a de beau que dans l'art, dans la création artistique désintéressée, dans ce cas le beau s'oppose à l'utile comme l'art à la technique.

Soit le beau n'est pas exclu dudomaine de la technique mais il peut alors être associé à l'utile. Pour résoudre ce problème nous procéderons en trois étapes.

La première étudie de manière plus approfondie l'association de l'art et de la technique pour éclairer le rapport du beau à l'utile.

La deuxième s'interroge sur lapureté du beau, doit-il, pour être, être dissocié de l'utile ? Enfin la dernière étape devra trancher entre unetypologie du beau ou son univocité. Plan détaillé : I- Une définition unifiée de l'art confond le beau et l'utile. La définition aristotélicienne de l'art associe ce dernier à la technique, le terme grec utilisé pour désigner l'art est technè .

L'absence de distinction sémantique s'exprime par l'existence d'un terme unique désignant ces deux activités. « L'architecture est un art ; que cet art se définit par une disposition, accompagnée de raison, tournée vers la création […] D'autre part, tout art a pour caractère de faire naître une œuvre et recherche les moyens techniques et théoriques de créer une chose appartenant à la catégorie des possibles et dont le principe réside dans la personne qui exécute et non dans l'œuvre exécutée.

» [1] Ce qui intéresse ici Aristote est la nature de l'objet produit par l'art et non pas la volonté de distinguer le peintre du menuisier, dans ces deux activitésil y a création.

Pour autant nous pouvons noter l'association des deux termes « moyens » et « technique » , le premier exprimant l'utile. La question du beau n'intervient pas dans la définition de l'art, celle-ci se fonde au contraire sur une typologie des activités.

Au début de l'Ethique à Nicomaque Aristote écrit « Tout art et toute investigation et pareillement toute action et tout choix tendent vers quelque bien ». La tension vers le bien est essentielle à toute activité, ce qui rend possible la liaison entre l'œuvre et l'utile, une œuvre d'art pourrait sans contradiction être belleet utile.

Il distinguera par la suite l'action de la production.

Cette dernière possède une dimension d'extériorité tandisque la première est intérieure elle ne coïncide pas avec la production d'un objet extérieur, elle concerne l'agent lui-même. Platon distingue dans La République l'art de fabrication et l'art d'imitation, l'artisan appartient au premier et le peintre au second.

L'exemple du lit au livre X nous éclaire sur les rapports du peintre à l'Idée de Beau.

En effetPlaton distingue les Idées, les réalités essentielles, des réalités particulières qui ne sont que des imitations despremières.

Trois degrés du lit peuvent être distingués.

Le premier est le lit par nature créé par Dieu, le deuxièmedegré correspond à la création du lit particulier par le menuisier.

Enfin le dernier revient au peintre qui ne faitqu'imiter la création de l'artisan.

En ce sens le lit particulier, celui dont on sert et qui donc est une création utile estplus noble en quelque sorte que la représentation qui en est donnée par le peintre.

Cet exemple soulignel'éloignement du peintre vis-à-vis des Idées ou réalités essentielles.

Or le Beau est une Idée.

L'artiste serait doncplus éloigné du beau que l'artisan.

En ce sens l'utile serait plus proche du beau que l'imitation. Dans cette première partie l'art et la technique ne sont pas distingués, ils sont compris dans le terme de production.

Il reste maintenant à s'interroger sur les conséquences de l'apparition du concept de technique sur lesrapports du beau à l'utile. II- L'opposition entre le beau et l'utile est-elle l'écho de la distinction entre l'art et la technique ? Une citation de Pablo Picasso nous permet de clarifier le problème qui va nous occuper pendant cette partie, à savoir : « Non, la peinture n'est pas faite pour décorer les appartements » .

Le peintre ici affirme clairement ce que n'est pas la finalité de l'art.

La peinture n'est pas un moyen au profit d'une fin : la décoration.

Les productionsdes beaux arts n'ont pas à être utiles, elles sont belles c'est tout. Diderot dans l'Encyclopédie donne une définition très enrichissante des arts.

Il nous permet de savoir quelle différence il y a entre l'art, ou les beaux arts, et la technique.

La clarification du rapport entre le beau et l'utilepasse par une clarification de la notion « art ».

« En examinant les productions des arts, on s'est aperçu que les unes étaient plus l'ouvrage de l'esprit que de la main, et qu'au contraire d'autres étaient plus l'ouvrage de la mainque de l'esprit.

Telle est en partie l'origine de la prééminence que l'on a accordée à certains arts sur d'autres, etde la distribution qu'on a faite des arts en arts libéraux et en arts mécaniques .

» Par arts libéraux il faut entendre les beaux arts, peinture, musique, littérature, par arts mécaniques, il faut entendre, l'horlogerie, la menuiserie… Leconcept d'utilité permet ici de distinguer ces deux sortes d'art.

Tandis que les arts libéraux ont pour finalité le beaules arts mécaniques visent l'utile. L'utilité d'une œuvre d'art paraît contradictoire.

Le mélange du beau et de l'utile est à proscrire puisqu'il. »

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