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LE BONHEUR EST-IL UNE EXPERIENCE TOUJOURS MANQUEE ?

Publié le 09/04/2009

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- La question des moyens pour atteindre le bonheur reste non résolue. Que l’on considère le désir comme manque, qu’il s’agisse de tempérer ses désirs ou de les nier, que l’on puisse par la volonté ne désirer que ce qui dépend de nous et se réjouir de ce qui est, cela ne semble pas suffisant pour envisager positivement le bonheur. Jusqu’à présent, nous avons conçu les désirs comme ayant une origine naturelle, comme une donnée biologique de base, besoin, appétit, pulsion. Nous allons voir que cette idée est limitée et contestable. Les désirs ne sont-ils pas éminemment variables, selon les cultures et même selon les personnes ?

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« - Schopenhauer va même jusqu'à affirmer qu'il ne peut y avoir d'expérience du bonheur et que l'on ne peut qu'expérimenter lemanque et la souffrance : la vie humaine est la plus douloureuse forme de vie; elle va de la souffrance à l'ennui : quand le désir est satisfait, nousexpérimentons l'ennui (creux du désir disparu).

Le bonheur n'est rien; le désirs'abolit dans sa satisfaction, il n'existe qu'en imagination; tout bonheur estd'espérance; toute vie est de déception.

De même, selon Pascal, tout homme veut être heureux, ne peut l'être et en souffre : “Nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre; et, nous disposant toujours à êtreheureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais” (Pascal, Pensées , fragment 172).

D'où le divertissement : les hommes s'amusent, non pour être heureux, mais pour oublier qu'ils ne le sont pas . L'ennui est hautement insupportable à l'homme, parce qu'alors, l'absence detout désir fait place à la considération de soi-même et à la conscience de savanité.

Dès lors, on comprend que tout homme cherche à se divertir, c'est-à-dire à se détourner de la pensée affligeante de sa misère.

Nos désirs, pourautant qu'ils nous portent à croire que leur réalisation nous rendrait heureux,sont l'instrument majeur de cette stratégie.

L'imagination, qui institue desbiens comme désirables, en est l'auxiliaire indispensable.

La vérité du désirn'est donc pas dans son objet mais dans l'agitation qu'il excite : « nous nerecherchons jamais les choses mais la recherche des choses » (773).

Mais le divertissement n'est qu'un cache-misère.

Préférable à l'accablement de l'ennui, il s'avère sur le fond tout aussinuisible.

Faire obstacle à la considération de sa misère, c'est se priver des moyens de la dépasser. - Nous apercevons ainsi un autre caractère du désir .

Non content de ne nous donner que de brèves et piètres satisfactions, le désir ne cesse de renaître : le désir n'est jamais pleinement satisfait, il est insatiable .

Par exemple, l'avare ne se contente jamais de la fortune qu'il a déjà : il veut toujours plus d'or.

Le don Juan ne sesatisfait jamais de toutes les femmes qu'il a déjà possédées; il veut sans cesse de nouvelles conquêtes.

La plupart des hommes désirent simultanément la richesse, le pouvoir, l'amour et la gloire .

Cette diversité, associée à la médiocrité de leur talents, les empêche de conquérir tout ce qu'ils voudraient.

L'homme a ainsi toujours plus de désirs qu'il n'en pourra satisfaire .

Cela distingue le désir du besoin naturel, animal, qui est, lui, strictement limité et aisé à combler .

Le lion repu s'endort.

L'homme, lorsqu'il a satisfait ses besoins vitaux, se met en quête d'aventures, de nouvelles sensations.

L'homme est l'éternel insatisfait qui ne connaîtra jamais le bonheur . - Rousseau suggère, à la suite de Sénèque, que l'homme civilisé doit être beaucoup plus malheureux que la brute primitive, car la vie en société, en le contraignant au langage, développe ses différentes facultésintellectuelles, dont l'imagination .

Et plus cette dernière s'accroît, plus elle nous représente de nouveaux plaisirs possibles. - En outre, on a tôt fait de s'accoutumer au confort et au luxe que l'on a pu obtenir.

Leur présence ne nous réjouitplus, mais leur privation nous ferait désormais souffrir.

Ainsi, à mesure que notre aisance augmente, nous créons-nous de nouvelles dépendances et de nouvelles occasions d'être malheureux .

Le pouvoir accroît lui aussi l'imagination, donc le désir : plus une chose devient de l'ordre du possible, et plus notre désir devient intense; lorsqu'une chose plaisante nous apparaît comme inaccessible, elle n'est l'objet que d'un souhait vague, desorte que nous évitons de saliver en vain.

Plus on est riche et puissant, plus nos désirs deviennent recherchés etraffinés, difficiles à satisfaire, et se heurtent à des limites absolues : celles de la temporalité, de la satiété, del'organisme vivant.

Celui qui a déjà tout en vient à désirer l'éternelle jeunesse; il part en guerre contre le temps et lacondition humaine (ce qui donne lieu à d'irrésistibles cocasseries, comme on le voit dans le film de Robert ZemeckisLa mort vous va si bien ). - Sans doute Platon a-t-il raison d'affirmer que le tyran est le plus malheureux des hommes, lui qui se veut le maîtredes autres est l'esclave de ses désirs.

Il n'est même pas son propre maître, puisqu'il ne peut résister à ce qui faitson propre malheur.

Nous pouvons donc en conclure que plus l'homme accroît son pouvoir, plus il accroît ses désirs,donc ses désirs inassouvis, et plus il est malheureux.

Ne peut-on alors affirmer, avec Kant, que le bonheur est unidéal de l'imagination ? B) LE BONHEUR, IDEAL DE L'IMAGINATION (texte de Kant, " Le bonheur, idéal de l'imagination ", inFondements de la Métaphysique des moeurs, p.

533 du manuel ). »

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