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le jazz de 1920 à 1929 : Histoire

Publié le 01/01/2019

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On pourrait fort bien qualifier le jazz, qui prend vraiment son envol au cours des années vingt, de «musique de l’ambiguïté». Né en des lieux que réprouvait la très puritaine morale américaine, d’essence populaire, destiné à la danse, il s'attira presque toujours le mépris des bourgeois, des intellectuels, des musiciens «sérieux» de la libre Amérique. En Europe, en revanche, s'il n’emporta jamais tout à fait l’adhésion du grand public, dès 1920, il enthousiasma l'intelligentsia pour devenir, en somme, une musique «élitiste». Les plus grands compositeurs (Debussy, Erik Satie, Francis Poulenc, Igor Stravinski, Bêla Bartok, Darius Milhaud, Bohuslav Martinu, Maurice Ravel) n’hésitèrent point à le proclamer «musique du siècle», en le confondant souvent avec un «art nègre» sublimé par la science ethnologique naissante. En même temps, le jazz a su très vite s’intégrer au puissant «show-business» américain, profiter de sa force pour rester en marge de celui-ci afin de pouvoir sans cesse se remettre en cause. Il a réussi à dépasser le «folklore» pour devenir d'emblée musique universelle, suscitant partout intérêt et émulation. Musique à deux visages, il a toujours eu à cœur d'éviter les compromissions : il y est souvent parvenu et si, pour beaucoup, il est la voie naturelle, celle-ci ne fut jamais la plus facile.

 

«JASS ET JAZZ»

 

L'orthographe du mot ne fut elle-même fixée qu'aux alentours de 1919-1920. Avant, on écrivait indifféremment «jas», «jass», «jaz» ou «jazz», confondant sous ce terme la musique et l'orchestre qui la pratiquait, voire l'instrument assurant la percussion, la «batterie». Quant à son étymologie, on évoque parfois l'américanisme «gism/jasm», synonyme de force ou de sperme; le nom de l'une des figures du «cake-walk» (danse pratiquée sur les plantations du xixc siècle, le chasse-beau) aurait pu évoluer en «jasbo» puis «jas»; le verbe français «jaser», utilisé dans le patois créole, est aussi évoqué; selon Dizzy Gillespie, le mot «jasi», tiré de la langue wolof du Sénégal, signifierait «vivre à un rythme accéléré»; enfin, l’argot cajun nomme «jazz-belles» — par référence à la Jézabel de la Bible — les prostituées de La Nouvelle-Orléans.

 

Pourtant, ce n'est pas là que l'on a pour la première fois

 

associé le mot et la musique, mais vers 1916 à Chicago, à propos de deux orchestres blancs louisianais dirigés, l’un par le tromboniste Tom Brown, l’autre par le batteur Johnny Stcin et le cornettiste Nick La Rocca. Et c’est parce qu'ils n'étaient pas syndiqués que les musiciens locaux, par dérision, qualifièrent leurs prestations de «jass music». Intrigué, le public plébiscita ces deux groupes qui, du coup, intégrèrent le mot «jass» à leurs noms et dès février 1917, le quintette de Nick La Rocca devenu Original Dixieland Jass Band enregistra à New York le premier disque de «jass»... En tout cas, le terme originellement péjoratif semble bien évoquer des relations sexuelles plus ou moins contre nature... Plus complexe est le rapport entre le sens qu’il revêt aux États-Unis et celui qu’il acquerra en Europe au début des années trente : le «jazz age» est pour les Américains — par exemple, Scott Fitzgerald — une époque bien précise, celle qui va de leur entrée en guerre (1917) au krach de Wall Street (1929). Elle sera suivie par la «swing era» (1933-1945), puis par l’époque «be-bop» (1945-1955). En Europe, au contraire, le mot ne désigne pas une période précise mais un genre musical dans sa continuité, même si à certains stades (le be-bop, le free-jazz, le jazz-rock, etc.) une partie de la critique et du public refusa d’en accepter l’évolution. Quant au «swing», il n’y est pas considéré comme une simple phase d’évolution, mais comme l’élément fondamental permettant de déterminer si la musique considérée est ou n’est pas du jazz... Celui-ci fait d'ailleurs l’unanimité des musiciens, qui n'ont jamais éprouvé une tendresse particulière pour le mot «jazz» souvent jugé péjoratif, démodé ou limitatif.

 

Naissance et définitions

 

La «légende du jazz», en tout cas, est née à La Nouvelle-Orléans vers la fin du xixe siècle. En réalité, à partir de la fin de la guerre de Sécession, en chaque lieu des États-Unis où se trouve une communauté noire — et pas seulement dans le Sud — des formes musicales cousines mais distinctes se sont développées lentement, puisant tout à la fois dans la tradition africaine — polyrythmie, penta-tonisme — et dans celles, savantes ou populaires, de l’Èurope. Après les chants d’église («spirituals») et de travail («work songs», «field hollers») les vingt dernières années du xixe siècle ont vu surgir les «blues», expression privilégiée de l'art vocal afro-américain, et le «ragtime», apanage des Noirs ou métis citadins cultivés, mais très tôt pratiqué par un certain nombre de Blancs. Essentiellement pianis-tique, d’inspiration romantique, le ragtime (le «temps haché») africanisé le romantisme des maîtres européens et les danses à la mode — polkas, mazurkas, quadrilles, marches. Mais le jazz est plus que la somme de ces éléments dont certains — blues, ragtime et chants religieux — conserveront leur existence propre tout en subissant son influence.

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« LEs NUITS DE CHICAGO {;industrialisation et l'exode rural, la guerre et ses consé­ quences, la fermeture en 1917 de Storyville (le quartier réservé de La Nouvelle-Orléans) mais aussi la prohibition (une vraie providence pour les gangsters et la Mafia qui ont des intérêts dans la plupart des restaurants, clubs, théâtres et autres. »

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