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Le mot "parler" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 13/08/2010

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descartes

 

Règles pour la direction de l’esprit, #2#Règle première.

J’entends ici parler des buts honnêtes et louables ;

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle quatrième.

et, pour parler librement, je suis convaincu qu’elle est supérieure à tout autre moyen humain de connaître, parce qu’elle est l’origine et la source de toutes les vérités.

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle huitième.

Il donnera donc tous ses soins à examiner et à distinguer ces trois moyens de connaître, et voyant qu’à proprement parler, la vérité et l’erreur ne peuvent être que dans l’intelligence toute seule, et que les deux autres modes de connaître n’en sont que les occasions, il évitera avec soin tout ce qui peut l’égarer, et comptera toutes les voies qui sont ouvertes à l’homme pour arriver à la vérité, afin de suivre la bonne.

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle dixième.

Plusieurs personnes s’étonneront peut-être que, traitant ici des moyens de nous rendre plus propres à déduire des vérités les unes des autres, nous omettions de parler des préceptes des dialecticiens, qui croient diriger la raison humaine en lui prescrivant certaines formules de raisonnement si concluantes, que la raison qui s’y confie, encore bien qu’elle se dispense de donner à la déduction même une attention suivie, peut cependant par la vertu de la forme seule arriver à une conclusion certaine.

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle douzième.

et dans des choses qu’ils ignorent complètement ils se flattent de voir comme à travers un nuages des vérités cachées, ils ne craignent pas de les mettre en avant, et enveloppent leurs conceptions de certaines paroles, qui leur servent à discourir longtemps et à parler de suite, mais que dans le fait ni eux ni leurs auditeurs ne comprennent.

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle quatorzième.

Aussi nous proposons-nous d’examiner ces trois manières de parler :

et ce mode qui fait le nombre est, à proprement parler, une espèce de dimension, quoiqu’il y ait quelque diversité dans la signification du mot.

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle dix-septième.

Nous en remettons les exemples, ainsi que d’autres choses dont nous avons à parler, à la règle vingt-quatrième, parce que ce sera mieux là leur place.

  ABREGE DE LA MUSIQUE, Du diton, tierce mineure et des sextes.

Il serait maintenant à propos de parler des différents effets des accords, et du pouvoir qu’ils ont pour exciter diverses passions dans l’âme ;

  ABREGE DE LA MUSIQUE, Des degrés ou tons de musique.

Il faut maintenant parler de l’ordre et de la disposition que ces degrés doivent observer dans tout l’espace de l’octave, qui doit nécessairement être tel, que le demi-ton majeur et le ton mineur aient toujours de part et d’autre auprès d’eux un ton majeur avec lequel le ton mineur compose un diton, et le demi-ton majeur une tierce mineure, selon ce que nous avons déjà remarqué.

  ABREGE DE LA MUSIQUE, Des dissonances.

néanmoins nous ne nous proposons de parler ici que de celles qui se rencontrent nécessairement dans l’ordre des tons que nous avons ci-dessus expliqué, en sorte qu’on ne peut pas se dispenser de s’en servir dans les chansons.

  ABREGE DE LA MUSIQUE, Des modes.

Ce traité est fort célèbre parmi les praticiens, et chacun sait assez ce que c’est que des modes, ainsi il serait inutile d’en vouloir ici parler à fond.

  DISCOURS DE LA METHODE, Première partie.

que la philosophie donne moyen de parler vraisemblablement de toutes choses, et se faire admirer des moins savants ;

  DISCOURS DE LA METHODE, Seconde Partie.

Et, pour parler des choses humaines, je crois que si Sparte a été autrefois très florissante, ce n’a pas été à cause de la bonté de chacune de ses lois en particulier, vu que plusieurs étaient fort étranges, et même contraires aux bonnes moeurs, mais à cause que, n’ayant été inventées que par un seul, elles tendaient toutes à même fin.

Mais, en les examinant, je pris garde que, pour la logique, ses syllogismes et la plupart de ses autres instructions servent plutôt à expliquer à autrui les choses qu’on sait, ou même, comme l’art de Lulle, à parler sans jugement de celles qu’on ignore, qu’à les apprendre ;

  DISCOURS DE LA METHODE, Quatrième partie.

et toutefois, afin qu’on puisse juger si les fondements que j’ai pris sont assez fermes, je me trouve en quelque façon contraint d’en parler.

  DISCOURS DE LA METHODE, Cinquième partie.

Même, pour ombrager un peu toutes ces choses, et pouvoir dire plus librement ce que j’en jugeais, sans être obligé de suivre ni de réfuter les opinions qui sont reçues entre les doctes, je me résolus de laisser tout ce monde ici à leurs disputes, et de parler seulement de ce qui arriverait dans un nouveau, si Dieu créait maintenant quelque part, dans les espaces imaginaires, assez de matière pour le composer, et qu’il agitât diversement et sans ordre les diverses parties de cette matière, en sorte qu’il en composât un chaos aussi confus que les poètes en puissent feindre, et que par après il ne fît autre chose que prêter son concours ordinaire à la nature, et la laisser agir suivant les lois qu’il a établies.

De là je vins à parler particulièrement de la terre :

Mais parce que je n’en avais pas encore assez de connaissance pour en parler du même style que du reste, c’est-à-dire en démontrant les effets par les causes, et faisant voir de quelles semences, et en quelle façon, la nature les doit produire, je me contentai de supposer que Dieu formât le corps d’un homme, entièrement semblable à l’un des nôtres, tant en la figure extérieure de ses membres qu’en la conformation intérieure de ses organes, sans le composer d’autre matière que de celle que j’avais décrite, et sans mettre en lui, au commencement, aucune âme raisonnable, ni aucune autre chose pour y servir d’âme végétant ou sensitive, sinon qu’il excitât en son coeur un de ces feux sans lumière, que j’avais déjà expliqués, et que je ne concevais point d’autre nature que celui qui échauffe le foin, lorsqu’on l’a renfermé avant qu’il fût sec, ou qui fait bouillir les vins nouveaux, lorsqu’on les laisse cuver sur la râpe.

car on voit que les pies et les perroquets peuvent proférer des paroles ainsi que nous, et toutefois ne peuvent parler ainsi que nous, c’est-à-dire en témoignant qu’ils pensent ce qu’ils disent ;

au lieu que les hommes qui étant nés sourds et muets sont privés des organes qui servent aux autres pour parler, autant ou plus que les bêtes, ont coutume d’inventer d’eux-mêmes quelques signes, par lesquels ils se font entendre à ceux qui étant ordinairement avec eux ont loisir d’apprendre leur langue Et ceci ne témoigne pas seulement que les bêtes ont moins de raison que les hommes, mais qu’elles n’en ont point du tout :

car on voit qu’il n’en faut que fort peu pour savoir parler ;

  DISCOURS DE LA METHODE, Sixième partie.

car l’obscurité des distinctions et des principes dont ils se servent est cause qu’ils peuvent parler de toutes choses aussi hardiment que s’ils les savaient, et soutenir tout ce qu’ils en disent contre les plus subtils et les plus habiles, sans qu’on ait moyen de les convaincre :

car s’ils veulent savoir parler de toutes choses, et acquérir la réputation d’être doctes, ils y parviendront plus aisément en se contentant de la vraisemblance, qui peut être trouvée sans grande peine en toutes sortes de matières, qu’en cherchant la vérité, qui ne se découvre que peu à peu en quelques unes, et qui, lorsqu’il est question de parler des autres, oblige à confesser franchement qu’on les ignore.

Au reste, je ne veux point parler ici en particulier des progrès que j’ai espérance de faire à l’avenir dans les sciences, ni m’engager envers le public d’aucune promesse que je ne sois pas assuré d’accomplir ;

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS PREMIER, DE LA LUMIERE.

Or, n’ayant ici autre occasion de parler de la lumière, que pour expliquer comment ses rayons entrent dans l’oeil, et comment ils peuvent être détournés par les divers corps qu’ils rencontrent, il n’est pas besoin que j’entreprenne de dire au vrai quelle est sa nature, et je crois qu’il suffira que je me serve de deux ou trois comparaisons, qui aident à la concevoir en la façon qui me semble la plus commode, pour expliquer toutes celles de ses propriétés que l’expérience nous fait connaître, et pour déduire ensuite toutes les autres qui ne peuvent pas si aisément être remarquées.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS TROISIEME, DE L’OEIL.

ainsi que les mouvements des lèvres et de la langue, qui servent à prononcer les paroles, se nomment volontaires, à cause qu’ils suivent de la volonté qu’on a de parler, nonobstant qu’on ignore souvent quels ils doivent être pour servir à la prononciation de chaque lettre.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS QUATRIEME, DES SENS EN GENERAL.

Et d’autant que je n’ai point ici besoin de parler des mouvements, je désire seulement que vous conceviez que ces petits filets, étant enfermés, comme j’ai dit, en des tuyaux qui sont toujours enflés et tenus ouverts par les esprits qu’ils contiennent, ne se pressent ni empêchent aucunement les uns les autres, et sont étendus depuis le cerveau jusqu’aux extrémités de tous les membres qui sont capables de quelque sentiment, en telle sorte que, pour peu qu’on touche et fasse mouvoir l’endroit de ces membres où quelqu’un d’eux est attaché, on fait aussi mouvoir au même instant l’endroit du cerveau d’où il vient, ainsi que, tirant l’un des bouts d’une corde qui est toute tendue, on fait mouvoir au même instant l’autre bout.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SEPTIEME, DES MOYENS DE PERFECTIONNER LA VISION.

Puis outre cela, lorsqu’on se sert des lunettes dont nous venons de parler, d’autant qu’elles rendent la prunelle inutile, et que c’est l’ouverture par où elles reçoivent la lumière de dehors qui fait son office, c’est elle aussi qu’on doit élargir ou étrécir, selon qu’on veut rendre la vision plus forte ou plus faible.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS HUITIÈME, DES FIGURES QUE DOIVENT AVOIR LES CORPS TRANSPARENTS POUR DÉTOURNER LES RAYONS PAR RÉFRACTION EN TOUTES LES FACONS QUI SERVENT A LA VUE.

Et d’abord afin de ne les tenir point en suspens, je leur dirai que toutes les figures dont j’ai ici à leur parler ne seront composées que d’ellipses ou d’hyperboles, et de cercles ou de lignes droites.

Mais je ne pense pas avoir ici aucun besoin d’en parler, à cause que je les pourrai plus commodément expliquer ci-après en la Géométrie, et que ceux que j’ai décrits sont les plus propres de tous à mon dessein, ainsi que je veux tâcher maintenant de prouver ;

  LES METEORES, DISCOURS PREMIER, DE LA NATURE DES CORPS TERRESTRES.

Puis il faut aussi penser que cette matière subtile est composée de diverses parties qui, bien qu’elles soient toutes très petites, le sont toutefois beaucoup moins les unes que les autres, et que les plus grosses, ou pour mieux parler, les moins petites, ont toujours le plus de force, ainsi que généralement tous les grands corps en ont plus que les moindres quand il sont autant ébranlés.

  LES METEORES, DISCOURS TROISIEME, Du sel.

Car y étant couchées de leur long, elles ne sont point assez pesantes pour s’y enfoncer, non plus que les aiguilles d’acier dont je viens de parler, et elles la font seulement un peu courber et plier sous elles, à cause de leur pesanteur, tout de même que font aussi ces aiguilles.

  LES METEORES, DISCOURS SIXIEME, DE LA NEIGE, DE LA PLUIE, ET DE LA GRELE.

Le lendemain matin sur les huit heures j’observai encore une autre sorte de grêle, ou plutôt de neige, dont je n’avais jamais ouï parler :

  LES METEORES, DISCOURS SEPTIEME, DES TEMPETES, DE LA FOUDRE ET DE TOUS LES AUTRES FEUX QUI S’ALLUMENT EN L’AIR.

car ils s’abstiennent même de parler et de tousser en y passant, de peur que le bruit de leur voix n’émeuve la neige.

Mais ceci ne semble pas tant appartenir à ce discours qu’aux suivants, où j’ai dessein de parler de toutes les choses qu’on peut voir dans l’air sans qu’elles y soient, après avoir ici achevé l’explication de toutes celles qui s’y voient en même façon qu’elles y sont.

  LES METEORES, DISCOURS NEUVIEME , De la couleur des nues et des cercles ou couronnes qu’on voit quelquefois autour des astres.

Je ne m’arrête point à parler plus particulièrement des autres couleurs qu’on voit dans les nues.

  L’HOMME.

Mais, afin que je vous fasse entendre tout ceci distinctement, je veux, premièrement, vous parler de la fabrique des nerfs et des muscles, et vous montrer comment, de cela seul que les esprits qui sont dans le cerveau se présentent pour entrer dans quelques nerfs, ils ont la force de mouvoir au même instant quelque membre ;

Et avant que le m’arrête à vous expliquer, plus exactement, en quelle sorte les esprits animaux suivent leur cours par les pores du cerveau, et comment ces pores sont disposés, je veux vous parler ici en particulier de tous les sens, tels qu’ils se trouvent en cette machine, et vous dire comment ils se rapportent aux nôtres.

mais afin que je puisse plus commodément expliquer toutes les particularités de ce tissu, il faut ici que je commence à vous parler de la distribution de ces esprits.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, Chapitre III, De la dureté et la liquidité.

Or, en suite de cette considération, il y a moyen d’expliquer la cause de tous les changements qui arrivent dans le monde, et de toutes les variétés qui paraissent sur la terre, mais je me contenterai ici de parler de celles qui servent à mon sujet.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE IV, Du vide ; et d’où vient que nos sens n’aperçoivent pas certains corps.

Lorsque le vin qui est dans un tonneau ne coule point par l’ouverture qui est au bas, à cause que le dessus est tout fermé, c’est parler improprement que de dire, ainsi que l’on fait d’ordinaire, que cela se fait crainte du vide.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE V, Du nombre des éléments et de leurs qualités.

Mais il faut remarquer qu’encore qu’il y ait des parties de ces trois éléments mêlées l’une avec l’autre en tous ces corps, il n’y a toutefois, à proprement parler, que celles qui, à cause de leur grosseur ou de la difficulté qu’elles ont à se mouvoir, peuvent être rapportées au troisième, qui composent tous ceux que nous voyons autour de nous :

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VII, Des lois de la nature de ce nouveau monde.

Mais, au contraire, la nature du mouvement duquel j’entends ici parler est si facile à connaître que les géomètres mêmes qui, entre tous les hommes, se sont le plus étudiés à concevoir bien distinctement les choses qu’ils ont considérées, l’ont jugée plus simple et plus intelligible que celle de leurs superficies et de leurs lignes, ainsi qu’il paraît en ce qu’ils ont expliqué la ligne par le mouvement d’un point et la superficie par celui d’une ligne.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE IX, De l’origine et du cours des planètes et des comètes en général, et en particulier des comètes.

Or, afin que je commence à vous parler des planètes et des comètes, considérez que, vu la diversité des parties de la Matière que j’ai supposée, bien que la plupart d’entre elles, en se froissant et divisant par la rencontre l’une de l’autre, aient pris la forme du premier ou du second élément, il ne laisse pas néanmoins de s’en être encore trouvé de deux sortes, qui ont dû retenir la forme du troisième :

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE XIV, Des propriétés de la Lumière.

Toutefois, parce que je me suis servi pour lors de l’exemple du mouvement d’une balle au lieu de parler des rayons de la lumière, afin de rendre par ce moyen mon discours plus intelligible, il me reste encore ici à vous faire considérer que l’action ou l’inclination à se mouvoir, qui est transmise d’un lieu en un autre par le moyen de plusieurs corps qui s’entre-touchent et qui se trouvent sans interruption en tout l’espace qui est entre eux, suit exactement la même voie par où cette même action pourrait faire mouvoir le premier de ces corps, si les autres n’étaient point en son chemin, sans qu’il y ait aucune autre différence sinon qu’il faudrait du temps à ce corps pour se mouvoir, au lieu que l’action qui est en lui peut, par l’entremise de ceux qui le touchent, s’étendre jusques à toutes sortes de distances en un instant ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Abrégé des six méditations suivantes.

et que je n’entends point y parler des choses qui appartiennent à la foi, ou à la conduite de la vie, mais seulement de celles qui regardent les vérités spéculatives et qui peuvent être connues par l’aide de la seule lumière naturelle.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Seconde.

Car encore que sans parler je considère tout cela en moi-même, les paroles toutefois m’arrêtent, et je suis presque déçu par les termes du langage ordinaire ;

Un homme qui tâche d’élever sa connaissance au-delà du commun, doit avoir honte de tirer des occasions de douter des formes de parler que le vulgaire a inventées ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Troisième.

Maintenant, pour ce qui concerne les idées, si on les considère seulement en elles-mêmes, et qu’on ne les rapporte point à quelque autre chose, elles ne peuvent, à proprement parler, être fausses ;

Or ces deux façons de parler diffèrent beaucoup entre elles.

Car, en effet, celles qui me représentent des substances, sont sans doute quelque chose de plus, et contiennent en soi (pour ainsi parler) plus de réalité objective, c’est-à-dire participent par représentation à plus de degrés d’être ou de perfection, que celles qui me représentent seulement des modes ou accidents.

Et enfin je comprends fort bien que l’être objectif d’une idée ne peut être produit par un être qui existe seulement en puissance, lequel à proprement parler n’est rien, mais seulement par un être formel ou actuel.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Quatrième.

mais aussitôt après, revenant à moi, l’expérience me fait connaître que je suis néanmoins sujet à une infinité d’erreurs, desquelles venant à rechercher la cause, je remarque qu’il ne se présente pas seulement à ma pensée une réelle et positive idée de Dieu, ou bien d’un être souverainement parfait, mais aussi, pour ainsi parler, une certaine idée négative du néant, c’est-à-dire de ce qui est infiniment éloigné de toute sorte de perfection ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Sixième.

vu que cet assemblage ou complexion comprend beaucoup de choses qui n’appartiennent qu’à l’esprit seul, desquelles je n’entends point ici parler, en parlant de la nature :

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX PREMIERES OBJECTIONS.

mais je le prie de me permettre de ne point parler des autres, et de rendre seulement raison des choses que j’ai écrites.

car au contraire, à proprement parler, elle n’a point le nom ni la nature de cause efficiente, sinon lorsqu’elle produit son effet, et partant elle n’est point devant lui.

Car, tout de même que, bien que j’eusse été de toute éternité, et que par conséquent il n’y eût rien eu avant moi, néanmoins, parce que je vois que les parties du temps peuvent être séparées les unes d’avec les autres, et qu’ainsi, de ce que je suis maintenant, il ne s’ensuit pas que je doive être encore après, si, pour ainsi parler, je ne suis créé de nouveau à chaque moment par quelque cause, je ne ferais point difficulté d’appeler efficiente la cause qui me crée continuellement en cette façon, c’est-à-dire qui me conserve.

Toutefois il faut remarquer que je n’entends pas ici parler d’une conservation qui se fasse par aucune influence réelle et positive de la cause efficiente, mais que j’entends seulement que l’essence de Dieu est telle, qu’il est impossible qu’il ne soit ou n’existe pas toujours.

car, à proprement parler, la limitation est seulement une négation d’une plus grande perfection, laquelle négation n’est point par une cause, mais bien la chose limitée.

Pour moi, toutes les fois que j’ai dit que Dieu pouvait être connu clairement et distinctement, je n’a jamais entendu parler que de cette connaissance finie, et accommodée à la petite capacité de nos esprits.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS.

Car tout le monde connaît assez la distinction qui est entre ces façons de parler de Dieu dont l’Ecriture se sert ordinairement, qui sont accommodées à la capacité du vulgaire, et qui contiennent bien quelque vérité, mais seulement en tant qu’elle est rapportée aux hommes ;

Et c’est ce qui a fait que je n’ai pas traité, dans la seconde, de la distinction de l’esprit d’avec le corps, mais seulement dans la sixième, et que j’ai omis de parler de beaucoup de choses dans tout ce traité, parce qu’elles présupposaient l’explication de plusieurs autres.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION SECONDE, REPONSE.

En après, il dit fort bien que nous ne pouvons concevoir aucun acte sans son sujet, comme la pensée sans une chose qui pense, parce que la chose qui pense n’est pas un rien, mais c’est sans aucune raison, et contre toute bonne logique, et même contre la façon ordinaire de parler, qu’il ajoute que de là il semble suivre qu’une chose qui pense est quelque chose de corporel ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION TROISIEME.

Que si Monsieur Descartes montre que celui qui entend et l’entendement Sont Une même chose, nous tomberons dans cette façon de parler scolastique :

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION XIIIe.

Cette façon de parler, une grande clarté dans l’entendement, est métaphorique, et partant, n’est pas propre à entrer dans un argument :

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION XIIIe, REPONSE.

Il importe peu que cette façon de parler, une grande clarté, soit propre, ou non, à entrer dans un argument, pourvu qu’elle soit propre pour expliquer nettement notre pensée, comme elle est en effet.

car cette façon de parler, soit que nous ne voulions pas, n’a point de lieu en telles occasions, parce qu’il y a de la contradiction à vouloir et ne vouloir pas une même chose.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX QUATRIEMES OBJECTIONS, REPONSES A LA PREMIERE PARTIE.

et encore que l’esprit soit de l’essence de l’homme, il n’est pas néanmoins, à proprement parler, de l’essence de l’esprit, qu’il soit uni au corps humain.

Et un peu après, au même sens que j’ai dit que je concevais pleinement ce que c’est que le corps, j’ai ajouté au même lieu que je concevais aussi que l’esprit est une chose complète, prenant ces deux façons de parler, concevoir pleinement, et concevoir que c’est une chose complète, en une seule et même signification.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX QUATRIEMES OBJECTIONS, REPONSE A L’AUTRE PARTIE, DE DIEU.

Mais ce que j’aurais le plus à craindre, serait que, ne m’étant jamais beaucoup arrêté à lire les livres des philosophes, je n’aurais peut-être pas suivi assez exactement leur façon de parler, lorsque j’ai dit que ces, idées, qui donnent au jugement matière ou occasion d’erreur, étaient matériellement fausses, si je ne trouvais que ce mot matériellement est pris en la même signification par le premier auteur qui m’est tombé par hasard entre les mains pour m’en éclaircir :

Mais d’autant que M Arnauld m’avertit ici si sérieusement qu’il y aura peu de théologiens qui ne s’offensent de cette proposition, à savoir, que Dieu est par soi positivement et comme par une cause, je dirai ici la raison pourquoi cette façon de parler est, à mon avis, non seulement très utile en cette question, mais même nécessaire et fort éloignée de tout ce qui pourrait donner lieu ou occasion de s’en offenser.

Et néanmoins toutes ces manières de parler, qui ont rapport et analogie avec la cause efficiente, sont très nécessaires pour conduire tellement la lumière naturelle, que nous concevions clairement ces choses ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA SECONDE MÉDITATION.

Je ne m’arrête pas non plus à réfuter les lieux où vous me faites parler impertinemment, parce qu’il me suffit d’avoir une fois averti le lecteur que vous ne gardez pas toute la fidélité qui est due au rapport des paroles d’autrui.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA SIXIEME MÉDITATION.

comme aussi que j’ai seulement voulu parler du corps grossier et palpable lorsque j’ai exclu le corps de mon essence, quoique néanmoins mon dessein ait été d’en exclure toute sorte de corps, pour petit et subtil qu’il puisse être, et autres choses semblables ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, LETTRE DE L’AUTEUR A CELUI QUI A TRADUIT LE LIVRE, LAQUELLE PEUT SERVIR ICI DE PREFACE.

Après cela, il doit aussi étudier la logique, non pas celle de l’école, car elle n’est, à proprement parler, qu’une dialectique qui enseigne les moyens de faire entendre à autrui les choses qu’on sait, ou même aussi de dire sans jugement plusieurs paroles touchant celles qu’on ne sait pas, et ainsi elle corrompt le bon sens plutôt qu’elle ne l’augmente ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, A LA SERENISSIME PRINCESSE ELISABETH.

Le plus grand avantage que j’aie reçu des écrits que j’ai ci-devant publiés a été qu’à leur occasion j’ai eu l’honneur d’être connu de votre altesse, et de lui pouvoir quelquefois parler, ce qui m’a procuré le bonheur de remarquer en elle des qualités si rares et si estimables, que je crois que c’est rendre service au public de les proposer à la postérité pour exemple.

Les vertus que je nomme apparentes ne sont, à proprement parler, que des vices, qui, n’étant pas si fréquents que d’autres vices qui leur sont contraires, ont coutume d’être plus estimés que les vertus qui consistent en la médiocrité, dont ces vices opposés sont les excès.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 9.

si j’entends parler de l’action qui se fait avec mes yeux ou avec mes jambes, cette conclusion n’est pas tellement infaillible, que je n’aie quelque sujet d’en douter, à cause qu’il se peut faire que je pense voir ou marcher, encore que je n’ouvre point les yeux et que je ne bouge de ma place ;

au lieu que si j’entends parler seulement de l’action de ma pensée ou du sentiment, c’est-à-dire de la connaissance qui est en moi, qui fait qu’il me semble que je vois ou que je marche, cette même conclusion est si absolument vraie que je n’en puis douter, à cause qu’elle se rapporte à l’âme, qui seule a la faculté de sentir ou bien de penser en quelque autre façon que ce soit.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 49.

Jusques ici j’ai dénombré tout ce que nous connaissons comme des choses, il reste à parler de ce que nous connaissons comme des vérités.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 51.

car, à proprement parler, il n’y a que Dieu qui soit tel, et il n’y a aucune chose créée qui puisse exister un seul moment sans être soutenue et conservée par sa puissance.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 29.

J’avoue qu’en cela nous nous éloignerons beaucoup de la façon de parler qui est en usage :

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 64.

d’autant que ces choses pourront assez être entendues d’elles-mêmes, lorsqu’il sera temps d’en parler, et que je suppose que ceux qui liront mes écrits, savent les éléments de la géométrie, ou, pour le moins, qu’ils ont l’esprit propre à comprendre les démonstrations de mathématique.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 28.

Nous nous souviendrons aussi en cet endroit de ce qui a été dit ci-dessus touchant la nature du mouvement, à savoir, qu’à proprement parler il n’est que le transport d’un corps du voisinage de ceux qui le touchent immédiatement, et que nous considérons comme en repos, dans le voisinage de quelques autres ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 29.

mais on ne saurait parler ainsi de la terre que fort improprement.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 53.

Mais je n’aurai point ici occasion de parler de ce troisième, parce que nous ne remarquons en lui aucune chose qui puisse être vue par nous en cette vie, et que j’ai seulement entrepris de traiter du monde visible, comme aussi je ne prends tous les tourbillons qui sont autour des centres Ff que pour un ciel, à cause qu’ils ne nous paraissent point différents, et qu’ils doivent être tous considérés d’une même façon.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 132.

et ensuite que les plus petites, ou, pour ainsi parler, les plus molles parties du troisième élément qui étaient sur ce côté de la superficie de la comète en ont été séparées par cette agitation ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 136.

et que par conséquent les rayons de la lumière n’y doivent pas moins être détournés que ceux de l’action dont je viens de parler, sans qu’il y ait d’autre diversité, sinon qu’au lieu que les rayons de cette action se détournent beaucoup en un endroit et point ailleurs, ceux de la lumière ne se détournent que peu à peu, à mesure que les parties du ciel par où ils passent vont en diminuant.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 20.

La seconde action dont j’ai entrepris ici de parler est celle qui rend les corps pesants, laquelle a beaucoup de rapport avec celle qui fait que les gouttes d’eau deviennent rondes ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 123.

Car, selon la façon de parler des chimistes, on dit qu’un corps dur est calciné lorsqu’il est ainsi mis en poudre par l’action du feu ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 149.

mais parce que le peuple n’a point coutume de parler de celle-ci, mais seulement ceux qui philosophent et qui désirent savoir la vérité, je m’assure qu’ils ne trouveront pas mauvais que je préfère la raison à l’usage.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 171.

Car, à proprement parler, il n’y a aucune attraction en cela ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 184.

Car encore que mon dessein ne soit pas d’expliquer ici la nature d’aucun corps particulier, sinon en tant qu’elle peut servir à confirmer la vérité de ce que j’ai écrit touchant ceux qui se trouvent le plus universellement partout, et qui peuvent être pris pour les éléments de ce monde visible, encore aussi que je ne puisse savoir assurément pourquoi l’ambre ou le jayet a telle vertu, si je ne fais premièrement plusieurs expériences qui me découvrent intérieurement quelle est leur nature, toutefois à cause que la même vertu est dans le verre, duquel j’ai été ci-dessus obligé de parler entre les effets du feu, si je n’expliquais point en quelle sorte cette vertu es t en lui, on aurait sujet de douter des autres choses que j’en ai écrites.

  LES PASSIONS DE L’AME, LETTRE Ire A MONSIEUR DESCARTES.

Vous direz peut-être que votre humeur ne vous porte pas à rien demander, ni à parler avantageusement de vous-même, pour ce que l’un semble être une marque de bassesse et l’autre d’orgueil.

Et pour ce qui est de parler avantageusement de soi-même, il est vrai que c’est un orgueil très ridicule et très blâmable lorsqu’on dit de soi des choses qui sont fausses ;

Car, sans parler de ses autres usages, celui-là seul est assez important pour obliger les plus insensibles à favoriser les desseins d’un homme qui a déjà prouvé, par les choses qu’il a inventées, qu’on a grand sujet d’attendre de lui tout ce qui reste encore à trouver en cette science.

  LES PASSIONS DE L’AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 7.

Ceux qui ont tant soit peu ouï parler de la médecine savent, outre cela, comment le coeur est composé et comment tout le sang des veines peut facilement couler de la veine cave en son côté droit, et de là passer dans le poumon par le vaisseau qu’on nomme la veine artérieuse, puis retourner du poumon dans le côté gauche du coeur par le vaisseau nommé l’artère veineuse, et enfin passer de là dans la grande artère, dont les branches se répandent par tout le corps.

  LES PASSIONS DE L’AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 21.

mais il y en a aussi quelques-unes qui n’en dépendent point, et qu’on nomme des imaginations, ainsi que celles dont je viens de parler, desquelles néanmoins elles diffèrent en ce que notre volonté ne s’emploie point à les former, ce qui fait qu’elles ne peuvent être mises au nombre des actions de l’âme, et elles ne procèdent que de ce que les esprits étant diversement agités, et rencontrant les traces de diverses impressions qui ont précédé dans le cerveau, ils y prennent leur cours fortuitement par certains pores plutôt que par d’autres.

  LES PASSIONS DE L’AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 44.

D’autant que l’habitude que nous avons acquise en apprenant à parler a fait que nous avons joint l’action de l’âme, qui, par l’entremise de la glande, peut mouvoir la langue et les lèvres, avec la signification des paroles qui suivent de ces mouvements plutôt qu’avec les mouvements mêmes.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 80.

Au reste, par le mot de volonté, je n’entends pas ici parler du désir, qui est une passion à part et se rapporte à l’avenir ;

  Correspondance, année 1629, AU R. P. MERSENNE, 20 octobre 1629 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de septembre 1629.).

et tous les passages de l’Ecriture qui sont contre le mouvement de la terre ne regardent point le système du monde, mais seulement la façon de parler, en sorte que prouvant, comme je fais, que pour parler proprement il faut dire que la terre ne se meut point, en suivant le système que j’expose je satisfais entièrement à ces passages.

  Correspondance, année 1629, A R. P. MERSENNE, 8 octobre 1629.

Au reste, je vous prie de n’en parler à personne du monde, car j’ai résolu de l’exposer en public, comme un échantillon de ma philosophie, et latere post tabellam afin de voir ce qu’on en dira.

  Correspondance, année 1629, Au R. P. MERSENNE, 20 novembre 1629.

mais nous n’avons que faire d’apprendre une nouvelle langue, pour parler seulement avec les Français.

et il serait plus aisé de faire que tous les hommes s’accordassent à apprendre la latine ou quelque autre de celles qui sont en usage, que non pas celle-ci, en laquelle il n’y a point encore de livres écrits, par le moyen desquels on se puisse exercer, ni d’hommes qui la sachent, avec qui l’on puisse acquérir l’usage de la parler.

  Correspondance, année 1630, AU R. P. MERSENNE, 25 février 1630.

Des enfants, étant nourris ensemble, n’apprendront point à parler tout seuls, sinon peut-être quelques mots qu’ils inventeront, mais qui ne seront ni meilleurs ni plus propres que les nôtres ;

Il n’est point de besoin, s’il vous plaît, de lui parler de ceci, ni même que je ne suis lus en dessein de le recevoir, sinon que vous vissiez tout à bon qu’il s’y préparât, auquel cas vous lui direz, s’il vous plaît, que je vous ai mandé que je m’en allais hors de ce pays, et que peut-être il ne m’y trouverait plus :

  Correspondance, année 1630, A Monsieur *** (ISAAC BEECKMAN), 17 octobre 163O.

Ne vous ai-je pas supplié plusieurs fois de ne me point traiter de la sorte, et même de vous abstenir de parler aucunement de moi ?

Et comme cette façon de parler m’a toujours semblé trop hardie, pour me servir de termes plus modestes, quand l’occasion s’en présente (ce qui arrive plus souvent en traitant des questions de mathématiques que de philosophie), où les autres diraient que Dieu ne peut faire une chose, je me contente seulement de dire qu’un ange ne la saurait faire.

  Correspondance, année 1636, Au R. P. MERSENNE, mars 1636.

et je vous prie de n’en rien dire à personne, si ce n’est que vous jugiez à propos d’en parler à quelque libraire, afin de savoir s’il aura envie de me servir, sans toutefois achever, s’il vous plaît, de conclure avec lui, qu’après ma réponse ;

  Correspondance, année 1637, AU R. P. MERSENNE, Avril 1637. (Les éditions contemporaines datent cette lette de fin mai 1637.).

Car, outre que vous me faites parler là tout au rebours de mon intention, en me faisant demander octroi pour des livres que j’ai dit n’avoir pas dessein de faire imprimer, il semble que vous me veuillez rendre par force faiseur et vendeur de livres ce qui n’est ni mon humeur ni ma profession, et s’il y a quelque chose en cela qui me regarde, c’est seulement la permission d’imprimer ;

  Correspondance, année 1637, AU R. P. MERSENNE, Fin avril 1637. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du début de juin 1637.).

Que si je me suis plaint de la forme de ce privilège, ce n’a été qu’afin que ceux à qui vous en pourriez parler, ne crussent point que ce fût moi qui l’eusse fait demander en cette sorte, à cause qu’on aurait, ce me semble, eu très juste raison de se moquer de moi, si je l’eusse osé prétendre si avantageux, et qu’il eût été refusé.

mais je l’ai jugé, pour ce sujet, d’autant plus propre à faire bien voir ce dont j’avais à parler, qui est commun aux bêtes et à l’homme.

  Correspondance, année 1638, REPONSE DE Monsieur DESCARTES, 12 janvier 1638 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de mars, avril ou mai 1638).

Au reste j’ai été obligé de parler de cette résolution et fermeté touchant les actions, tant à cause qu’elle est nécessaire pour le repos de la conscience, que pour empêcher qu’on ne me blâmât de ce que j’avais écrit que, pour éviter la prévention, il faut une fois en sa vie se défaire de toutes les opinions qu’on a reçues auparavant en sa créance :

  Correspondance, année 1638, AU R. P. MERSENNE, 27 mai 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 17 mai 1638).

de Fermat et de Roberval, et les autres, que je ne me pique nullement de ce qui s’écrit contre moi, et que si, lorsqu’on m’attaque un peu rudement, je réponds quelquefois à peu près de même style, ce n’est qu’afin qu’ils ne pensent pas que ce soit la crainte qui me fasse parler plus doucement ;

car je crois que ce que j’ai fait imprimer peut suffire pour un essai en cette science, à laquelle je fais profession de ne vouloir plus étudier, et, pour en parler franchement entre nous, comme il y en a qui refusent de se battre en duel contre ceux qui ne sont pas de leur qualité, ainsi je pense avoir quelque droit de ne me pas arrêter à leur répondre.

Mais je ne saurait fermer la bouche de ceux qui veulent toujours parler, et moins j’emploierai de temps à contester avec eux, moins j’en perdrai.

Au reste, pour en parler entre nous, il n’y a rien qui fût plus contraire à mes desseins que l’air de Paris, à cause d’une infinité de divertissements qui y sont inévitables, et pendant qu’il me sera permis de vivre à ma mode, je demeurerai à la campagne, en quelque pays où je ne puisse être importuné des visites de mes voisins, non plus que je le suis ici en un coin de la Nord-Hollande ;

  Correspondance, année 1638, RÉPONSE DE Monsieur DESCARTES A Monsieur MORIN, 13 juillet 1638.

Mais ce qui m’a empêché de parler de la lumière aussi ouvertement que du reste, c’est que je me suis étudié à ne pas mettre, dans ces essais, ce que j’avais déjà mis en un autre traité, où j’ai tâché très particulièrement de l’expliquer, comme j’ai écrit en la page 42 du Discours de la Méthode.

Ainsi que lorsqu’on dit que quelqu’un se mouille les cheveux d’une éponge, ou qu’il se lave avec une serviette, on entend parler de la liqueur dont a été mouillée cette serviette ou cette éponge, et non de leur propre matière, ou forme, ou substance ;

Et, dans le même discours, avant de parler d’aucune autre chose, j’ai expressément averti, page 6, qu’il y avait grande différence entre le bâton d’un aveugle et l’air, ou les autres corps transparents, par l’entremise desquels nous voyons, et qu’ensuite, en la même page 6, ligne 16, j’ai expliqué ce que j’entendais par la matière subtile.

On peut ici remarquer que je n’ai commencé à parler des parties rondes de la matière subtile que sur la fin des Météores, à l’occasion des couleurs de l’arc en ciel ;

Car, sans aller plus loin, encore que la cuve dont nous venons de parler aurait cent lieux de hauteur, chaque goutte de vin qui serait en haut n’augmenterait-elle pas la vitesse de celui qui s’écoulerait par les trous qui sont en bas ?

Quant à ce que vous citez du nombre 13, que la boule commence seulement à tournoyer rencontrant la superficie de l’eau, je réponds que ce mot seulement ne se peut rapporter à aucun endroit de mes écrits, sinon à celui de la page 257, ou je n’ai point entendu parler des parties de la matière subtile.

  Correspondance, année 1638, Au R. P. MERSENNE, 15 février 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 25 janvier 1638).

et pour vous en parler franchement, je ne suis pas résolu de les regarder, que je n’aie vu premièrement ce qu’il aura répondu aux deux lettres que je vous ai envoyées pour lui faire voir.

  Correspondance, année 1638, Au R. P. MERSENNE, 8 octobre 1638. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 11 octobre 1638).

et ce qu’il en dit n’est que pour en faire d’autant moins estimer l’invention, à cause qu’elle est mienne, au lieu qu’il exalte si haut des choses qui viennent de lui, qui sont si faciles qu’elles ne valent pas seulement le parler ;

Mais sachez que ce n’est rien qui vaille le parler ;

  Correspondance, année 1638, AU R. P. MERSENNE, 24 février 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 1er mars 1638).

(Beaugrand), je m’étonne de ce que vous daignez encore parler à lui, après le trait qu’il vous a joué.

car Galilée même ne s’attribue pas l’invention des lunettes, et je n’ai dû parler que de l’inventeur.

  Correspondance, année 1638, AU R. P. MERSENNE, 15 décembre 1638.

Je n’ai rien dit sur Galilée de ses portées de canon qu’il réduit en tables, à cause qu’après avoir désapprouvé toutes les raisons sur lesquelles il les fonde, il m’a semblé qu’elles ne valaient pas seulement le parler.

  Correspondance, année 1639, A MONSIEUR *** (DESARGUES), 4 janvier 1639. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 19 juin 1639.

, sans vouloir être ni chasseurs, ni architectes, seulement pour en savoir parler en mots propres.

  Correspondance, année 1639, AU R. P. MERSENNE, 15 novembre 1639. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 13 novembre 1639.).

mais il est impossible d’éviter les discours de ceux qui veulent parler sans raison.

  Correspondance, année 1640, AU P. MERSENNE, 1er avril 1640.

Je n’ai point du tout oui parler de ce que vous me mandez qu’on vous a écrit d’Angleterre, qu’on était sur le point de m’y faire aller ;

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 28 octobre 1640.

Car, enfin, s’ils s’abstiennent dorénavant, lui et les siens, de parler de moi, je serais bien aise d’oublier le passé, et de ne point publier les fautes qu’il a faites en me reprenant ;

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 11 novembre 1640.

Mais il n’est point temps de parler de ceci, que ma Métaphysique n’ait passé.

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 6 décembre 1640. (Les éditions contemporaines datent cette lettre de décembre 1640, sans indiquer un jour précis.).

car j’espère que, voyant que j’ai bec et ongles pour me défendre, il sera d’autant plus retenu, quand il voudra parler de moi à l’avenir.

Et bien qu’il me serait peut-être plus avantageux d’être en guerre ouverte contre eux, et que j’y sois entièrement résolu, s’ils m’en donnent juste sujet, j’aime toutefois beaucoup mieux la paix, pourvu qu’ils s’abstiennent de parler.

mais il n’est pas encore temps de la demander, ni même d’en parler, à cause qu’il faut voir auparavant comment mes Méditations de métaphysique seront reçues.

  Correspondance, année 1641, Au R. P. MERSENNE , 8 janvier 1641 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 31 décembre 1640.).

Je ne serai pas marri de voir ce que Monsieur Morin a écrit de Dieu, à cause que vous dites qu’il procède en mathématicien, bien qu’inter nos je n’en puisse beaucoup espérer, à cause que je n’ai point ci-devant oui parler qu’il se mêlât d’écrire de la sorte ;

  Correspondance, année 1641, A Monsieur REGIUS, Fin mai 1641.

Mais 1° parce qu’il n’est pas permis à un catholique romain de dire qu’il y a trois âmes dans l’homme, et que je crains qu’on ne m’impute ce que vous mettez dans vos thèses, j’aimerais mieux que vous vous abstinssiez de cette manière de parler ;

  Correspondance, année 1641, AU R. P. MERSENNE, Mon Révérend Père,.

Et l’autre, que existentia Dei partem divin_ essenti_ facit, il est bien clair que je n’entends pas parler de parte physica, mais seulement qu’existentia est, comme vous dites, de intrinseco conceptu essenti_ divin_.

  Correspondance, année 1642, A Monsieur REGIUS, 8 juin 1642. ( Les éditions contemporaines datent cette lettre de juin 1642 sans préciser de jour.).

Enfin page 106, vous dites que dans cet endroit de l’Ecclésiaste, Salomon fait parler les impies ;

  Correspondance, année 1643, A MADAME ELISABETH PRINCESSE PALATINE, 15 MAI 1643. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 21 mai 1643).

ce qui m’eut rendu moins capable de répondre à votre altesse, qui sans doute a déjà remarqué en moi ce défaut, lorsque j’ai eu ci-devant l’honneur de lui parler ;

  Correspondance, année 1644, Au P. MESLAND, 15 mai 1644. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 2 mai 1644).

Rien ne m’a empêché de parler de la liberté que nous avons à suivre le bien ou le mal, sinon que j’ai voulu éviter, autant que j’ai pu, les controverses de la théologie, et me tenir dans les bornes de la philosophie naturelle.

  Correspondance, année 1644, A MADAME ELISABETH, PRINCESSE PALATINE, 10 juillet 1644.

mais sitôt que je les aurai pu mettre un peu en ordre, je ne souhaite rien tant que de retourner vers les lieux où j’ai été si heureux que d’avoir l’honneur de parler quelquefois à votre Altesse.

  Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 20 avril 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 21 juillet 1645.).

Car, n’apprenant, en ce désert, aucune chose de ce qui se fait au reste du monde, et n’ayant aucunes pensées plus fréquentes, que celles qui, me représentant les vertus de votre altesse, me font souhaiter de la voir aussi heureuse et aussi contente qu’elle mérite, je n’ai point d’autre sujet, pour vous entretenir, que de parler des moyens que la philosophie nous enseigne pour acquérir cette souveraine félicité, que les âmes vulgaires attendent en vain de la fortune, et que nous ne saurions avoir que de nous-mêmes.

  Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 15 mai 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 18 août 1645.).

ou bien, pour parler en chrétien, que c’est sagesse de se soumettre à la volonté de Dieu, et de la suivre en toutes nos actions ;

  Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 1er février 1646 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 3 novembre 1645.).

Mais, lorsque j’ai dit qu’il y a des passions qui sont d’autant plus utiles qu’elles penchent plus vers l’excès, j’ai seulement voulu parler de celles qui sont toutes bonnes ;

  Correspondance, année 1646, A UN SEIGNEUR. (NEWCASTLE), 23 novembre 1646.

et que ces signes soient à propos, pour exclure le parler des perroquets, sans exclure celui des fous, qui ne laisse pas d’être à propos des sujets qui se présentent, bien qu’il ne suive pas la raison ;

  Correspondance, année 1647, A Monsieur CHANUT, 1er février 1647.

Mais, parce que les philosophes n’ont pas coutume de donner divers noms aux choses qui conviennent en une même définition, et que je ne sais point d’autre définition de l’amour, sinon qu’elle est une passion qui nous fait joindre de volonté à quelque objet, sans distinguer si cet objet est égal, ou plus grand, ou moindre que nous, il me semble que, pour parler leur langue, je dois dire qu’on peut aimer Dieu.

Car votre style coule si bien, quand vous parlez d’elle, que, bien que je croie tout ce que vous en dites, parce que je sais que vous êtes très véritable et que j’en ai aussi ouï parler à d’autres, je ne crois pas néanmoins que vous la pussiez décrire comme vous faites, si vous n’aviez beaucoup de zèle, ni que vous pussiez être auprès d’une si grande lumière sans en recevoir de la chaleur.

  Correspondance, année 1647, A LA REINE DE SUEDE, 20 novembre 1647.

c’est cela seul qui, à proprement parler, mérite de la louange et de la gloire ;

  Correspondance, année 1647, A Monsieur CHANUT, 20 nove

descartes

« ABREGE DE LA MUSIQUE, Des modes. Ce traité est fort célèbre parmi les praticiens, et chacun sait assez ce que c'est que des modes, ainsi il serait inutile d'en vouloir iciparler à fond. DISCOURS DE LA METHODE, Première partie. que la philosophie donne moyen de parler vraisemblablement de toutes choses, et se faire admirer des moins savants ; DISCOURS DE LA METHODE, Seconde Partie. Et, pour parler des choses humaines, je crois que si Sparte a été autrefois très florissante, ce n'a pas été à cause de la bonté dechacune de ses lois en particulier, vu que plusieurs étaient fort étranges, et même contraires aux bonnes moeurs, mais à causeque, n'ayant été inventées que par un seul, elles tendaient toutes à même fin. Mais, en les examinant, je pris garde que, pour la logique, ses syllogismes et la plupart de ses autres instructions servent plutôt àexpliquer à autrui les choses qu'on sait, ou même, comme l'art de Lulle, à parler sans jugement de celles qu'on ignore, qu'à lesapprendre ; DISCOURS DE LA METHODE, Quatrième partie. et toutefois, afin qu'on puisse juger si les fondements que j'ai pris sont assez fermes, je me trouve en quelque façon contraint d'enparler. DISCOURS DE LA METHODE, Cinquième partie. Même, pour ombrager un peu toutes ces choses, et pouvoir dire plus librement ce que j'en jugeais, sans être obligé de suivre nide réfuter les opinions qui sont reçues entre les doctes, je me résolus de laisser tout ce monde ici à leurs disputes, et de parlerseulement de ce qui arriverait dans un nouveau, si Dieu créait maintenant quelque part, dans les espaces imaginaires, assez dematière pour le composer, et qu'il agitât diversement et sans ordre les diverses parties de cette matière, en sorte qu'il encomposât un chaos aussi confus que les poètes en puissent feindre, et que par après il ne fît autre chose que prêter son concoursordinaire à la nature, et la laisser agir suivant les lois qu'il a établies. De là je vins à parler particulièrement de la terre : Mais parce que je n'en avais pas encore assez de connaissance pour en parler du même style que du reste, c'est-à-dire endémontrant les effets par les causes, et faisant voir de quelles semences, et en quelle façon, la nature les doit produire, je mecontentai de supposer que Dieu formât le corps d'un homme, entièrement semblable à l'un des nôtres, tant en la figure extérieurede ses membres qu'en la conformation intérieure de ses organes, sans le composer d'autre matière que de celle que j'avaisdécrite, et sans mettre en lui, au commencement, aucune âme raisonnable, ni aucune autre chose pour y servir d'âme végétant ousensitive, sinon qu'il excitât en son coeur un de ces feux sans lumière, que j'avais déjà expliqués, et que je ne concevais pointd'autre nature que celui qui échauffe le foin, lorsqu'on l'a renfermé avant qu'il fût sec, ou qui fait bouillir les vins nouveaux,lorsqu'on les laisse cuver sur la râpe. car on voit que les pies et les perroquets peuvent proférer des paroles ainsi que nous, et toutefois ne peuvent parler ainsi quenous, c'est-à-dire en témoignant qu'ils pensent ce qu'ils disent ; au lieu que les hommes qui étant nés sourds et muets sont privés des organes qui servent aux autres pour parler, autant ou plusque les bêtes, ont coutume d'inventer d'eux-mêmes quelques signes, par lesquels ils se font entendre à ceux qui étantordinairement avec eux ont loisir d'apprendre leur langue Et ceci ne témoigne pas seulement que les bêtes ont moins de raisonque les hommes, mais qu'elles n'en ont point du tout : car on voit qu'il n'en faut que fort peu pour savoir parler ; DISCOURS DE LA METHODE, Sixième partie. car l'obscurité des distinctions et des principes dont ils se servent est cause qu'ils peuvent parler de toutes choses aussi hardimentque s'ils les savaient, et soutenir tout ce qu'ils en disent contre les plus subtils et les plus habiles, sans qu'on ait moyen de les. »

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