Devoir de Philosophie

Le mythe de l'attelage de PLATON

Publié le 05/01/2020

Extrait du document

platon

Le mythe platonicien est un récit imaginaire qui a pour fonction de présenter dans l'intuition la vérité que saisit la raison. Ici, H s'agit de se représenter, sous forme imagée, la division de l'âme en trois instances (le principe inteliectif, le principe irascible et le principe concupiscible), et de savoir quelle hiérarchie doit prévaloir entre elles.

Au commencement de ce mythe, nous avons, dans chaque âme, distingué trois éléments ; deux qui ont la forme d’un cheval, et un troisième qui a l’aspect d’un cocher. Gardons en tête cette image. Voici donc que, de ces chevaux, l’un, disons-nous, est bon, et l’autre, non. Mais nous n’avons pas expliqué en quoi consiste l’excellence du bon ou le vice du mauvais : c’est ce qu’il faut dire à présent. Eh bien, le premier des deux, celui qui tient la meilleure place, a le port droit, il est bien découplé, il a l’encolure haute, la ligne du naseau légèrement recourbée ; sa robe est blanche, ses yeux sont noirs, il aime l’honneur en même temps que la sagesse et la pudeur, il est attaché à l’opinion vraie ; nul besoin, pour le cocher, de le frapper pour le conduire, l’encouragement et la parole suffisent. Le second, au contraire, est de travers, massif, bâti on ne sait comment ; il a l’encolure épaisse, sa nuque est courte et sa face camarde ; sa couleur est noire et ses yeux gris injectés de sang, il a le goût de la démesure et de la vantardise ; ses oreilles sont velues, il est sourd et c’est à peine s’il obéit au fouet garni de pointes. Lors donc que le cocher, voyant apparaître l’objet de son amour et sentant la chaleur qui s’est répandue dans toute son âme, s’est laissé envahir par le chatouillement et les aiguillons (du désir), alors celui des chevaux qui obéit au cocher, se contraint comme toujours à la pudeur et se retient de bondir sur l’aimé. Mais l’autre, qui ne se soucie plus ni de l’aiguillon du cocher ni des pointes du fouet, s’élance d’un bond violent, donnant toutes les peines du monde à son compagnon d’attelage et à son cocher, et il les contraint à se porter vers le garçon et à lui rappeler combien sont délicieux les plaisirs d’Aphrodite. Au début, tous deux résistent, et s’indignent qu’on les oblige à faire quelque chose de terrible et qui est contraire à la loi. Mais à la fin, quand le mal ne connaît plus de bornes, ils se laissent entraîner et consentent à faire ce à quoi on les invite.

Platon, Phèdre (<= 370 av. J.-C.), 253c-254b, Éd. Flammarion, coll. « G.F. », 1989, trad. L. Brisson, pp. 128-129.

platon

« POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE Platon présente dans ce 'mythe un combat entre les trois instances distinguées dans l'âme (1.

1-18): -Le cocher représente le principe intellectif (noùs), qui en vertu de sa connaissance du Bien doit présider aux orientations de l'âme malg[é les sollicitations incessantes du corps (texte 7).

Le cheval blanc représente le principe du courage (thumos) ou principe irascible, dont la fonction est de don­ ner à l'âme la force d'imposer cette connaissance du Bien, donc la loi, contre l'indiscipline du désir sensible (1.

7-13).

-Le cheval noir enfin (1.

13-18) représente le principe dési­ rant ou principe concupiscible (épithumétikon), c'est-à­ dire cette partie de l'âme qui se trouve « clouée )> au corps et qu'il s'agit de discipliner par l'action conjointe des deux autres principes.

Ce cheval est intempérant car « sourd » aux ordres du principe intellectif et à peine sensible au « fouet )) , c'est-à-dire à la force du principe irascible (1.

18).

Et surtout, il a le goût de la démesure et de la vantardise : le désir est par nature démesuré, infini, et ne considère rien d'autre que lui-même.

Chez Platon, l'enjeu de la maîtrise du désir est donc essentiellement moral, mais aussi politique, car cette conception de l'âme est constituée sur le modèle du fonc­ tionnement de la Cité parfaite : celle où les philosophes seront rois, ou les rois philosophes, c'est-à-dire celle où le principe dirigeant sera non pas les désirs insatiables de la foule, mais nntelligence de ceux qui connaissent le Bien.

Les hommes de cœur, ou de courage~ en seraient les gar­ diens (la force), tandis que les autres, qui s'abandonnent aux désirs du ventre.

n'en seraient que les producteurs.

Dans l'âme comme dans la Cité, il s'agit de garder le désir en respect, de lui tenir la bride, pour qu'il n'impose pas sa démesure et le mal sans bornes qui s'ensuit: tout consentement au désordre est un abandon de la connais­ sance de la loi au profit d'un déchaînement des passions (1.

18-31).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles