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Le plaisir et la joie.

Publié le 15/09/2014

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joie

Mais si nous remontons à l'étymologie, nous trouvons tout autre chose. Plaisir dérive du verbe placere, qui exprime si peu une sensation que placet signifie parfois : je souscris à la proposition énoncée, ou bien : je veux. Cette signification reste dans le verbe français plaire, qui n'exprime jamais une satisfaction sensorielle.

joie

« 152 l'SYCilOLOGIE mots par lesquels nous désignons les faits affectifs sont bien éloignés de la précision relative de ceux qui désignent les opérations intellectuelles et nous les prenons dans des acceptions fort diverses.

:'fous allons nous rendre compte de cette imperfection sur des exemples concrets : le plaisir et la joie.

• * • Le mot plaisir est celui dont nous faisons le plus fréquent usage pour désigner les états affectifs agréables; c'est aussi celui qui est employé dans les acceptions les plus diverses.

Par suite, sans doute, de la philosophie sensualiste, on est porté de nos.

jours à voir dans le plaisir un état affectif d'origine essentielleinent orga­ nique : il consisterait dans une excitation des sens, ou plutôt de ceux de nos sens dans lesquels le rôle affectif l'emporte sur le rôle cognitif : avant tout le sens du goût, puis celui du toucher en tant que nous lur devons les sensations de la volupté.

Quand on dit : homme de plaisir, vie de plaisir, morale du plaisir, c'est bien le plaisir sensuel qu'on entend et non celui de l'esprit ou même celui du cœur.

Les satisfactions d'ordre supérieur sont appelés sentiments, tandis que les plaisirs sont classés parmi les sensations.

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Mais si nous remontons à l'étymologie, nous trouvons tout autre chose.

Plaisir dérive du verbe placere, qui exprime si peu une sensation que placet signifie parfois : je souscris à la proposition énoncée, ou bien : je veux.

Cette 'Signification reste dans le verbe français plaire, qui n'exprime jamais une satisfaction sensorielle.

Cette proposition semble indiscutable quand il s'agit d'objets qui n'affec­ tent pas nos sens.

Ainsi, lorsque, aux premières ouvertures d'une demande en mariage, le père de la jeune fille répond : votre pro-position me plaît; à plus forte raison lorsque le professeur de mathématiques note en haut de la copie d'un de ses élèves : l'ingéniosité de vQtre solution me plait, il est impossible de prétendre que quelque organe senPoriel a été agréable­ ment chatouillé.

Le plaisir éprouvé par le père à entendre la demande qui lui est adressée, le plaisir éprouvé par le professeur à la lecture d'un bon travail sont des plaisirs d'ordre intellectuel.

Dans d'autres cas, on pourrait croire à une certaine collaboration des sens à l'état de complaisance éprouvé.

Ainsi cette jeune fille qui me plaît me plairait-elle si je n'avais pas de système sensoriel et, par suite, le plaisir que j'éprouve à la regarder n'est-il pas d'ordre sensible~ ".\'ous devons le reconnaître, le plaisir de nature intellectuelle que j'éprouve à la vue d'une jeune fille jolie et élégante, que je sais ou que je devine d'un heureux caractère et d'une haute élévation d'esprit, peut ètre inc9µsciemment associé à la confuse imagination d'autres plaisirs que je pourrais goûter auprès d'elle et qui sont de nature physique; mais la satisfaction esthétique et morale que me procure, non seulement le senti­ ment de sa valeur humaine, mais encore l'harmonie de ses traits ou de ses mouvements, ne comportent pas plus d'éléments sensoriels que le plaisir éprouvé par un mathématicien devant une solution élégante.

Sans doute, ces états affectifs sont conditionnés par l'exercice des sens sans lesquels nous ne connaîtrions rien qui puisse nous plaire; mais le plaisir lui-même n'est pas plus constitué par la réaction sensorielle à l'excitation ph~·sique enregistrée que ma joie d'être reçu à l'examen ne se réduit. »

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