Devoir de Philosophie

Le pouvoir de l'imagination n'est-il qu'imaginaire?

Publié le 19/03/2005

Extrait du document

Est-ce toujours par dépit que l'on imagine ?   II- L'imagination est nécessaire à l'invention.               Peut-être y a-t-il des actes d'imagination qui ne sont pas des actes de fuites, des pseudos pouvoir de libération, au sens où, par ironie Lacan moque (dans Le stade du miroir) ceux qui ne se sont jamais autant sentis libre qu'une fois dans une prison (représentation stoïcienne de la liberté comme intériorisée, inaliénable). Pour Bachelard (cf toute la part de son oeuvre consacrée aux rêves) imaginer ce n'est pas vouloir échapper au réel par défaut mais c'est proprement créer autre chose, il y a un pouvoir de l'irréel. L'imaginaire peut nous plonger dans des états que nous ne connaîtrions pas autrement, seul le poète et non le scientifique fait des expériences de synesthésie (cf les « correspondances » de Baudelaire).             Enfin, il faut se demander si la figure de l'inventeur n'est pas plus proche de celle du rêveur que du rationaliste (l'inventeur est souvent représenté comme un personnage un peu farfelu), elle est peut-être à mi-chemin. Pascal tout en étant un savant était aussi un grand rêveur, qui la plupart du temps n'achevait pas ce qu'il avait commencé, et pour cause il se laissait déjà emporté par un autre projet, justement parce que pour lui l'élaboration des plans était plus intéressante que leur exécution. On connaît aussi par exempel nombre de croquis de De Vinci, de machines sophistiquées, qui n'ont pas été mis à l'épreuve du réel.             Si la tradition platonicienne rapproche l'invention de la remémoration, il faut autant la considérer en fonction de l'imaginaire, celui-ci traçant le plan des virtualités parmi lesquelles on choisira celle à réaliser, à inventer réellement. Le pouvoir de l'imagination serait donc bien réel en ce qu'il ouvre la possibilité d'une invention future.

HTML clipboard L’imagination est, parmi nos facultés cognitives proprement humaines, certainement l’une, si ce n’est pas la plus déconsidérée, plus encore que la sensation. C’est que l’histoire de la philosophie est marquée par la domination de l’intellect et chaque faculté liée à nos sens ou à notre pouvoir de représentation n’est évaluée qu’en fonction de ce qu’il sert ou non notre intellect. Bref, en tant qu’elle est évaluée comme outil dans le cadre de la connaissance, l’imagination n’est pas en bonne place. Même Kant, qui lui attribue un rôle central dans la construction de la connaissance, la considère toujours dans son rapport aux autres facultés (entendement et raison) et non pour elle-même, en tant que moyen de rêverie gratuite.

Liens utiles