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Le temps est-il essentiellement destructeur ?

Publié le 13/01/2004

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1. TEMPS CHRONOLOGIQUE, TEMPS TRAGIQUEA - Kronos■ Dans la mythologie grecque, Kronos est l'un des Titans ; il s'unit avec sa soeur Rhéa, avec qui il a de nombreux fils qu'il dévore aussitôt : l'un d'eux, Zeus, échappe à son père et libère ses frères, pour former la première génération des dieux de l'Olympe. Celui qui engendre est donc aussi celui qui dévore sa propre progéniture : le temps, Chronos, détruit tout ce à quoi il donne le jour.■ Ce paradoxe fait l'essence du temps, sa nature : non seulement ce dans quoi tout se produit et s'évanouit, mais cette dévoration elle-même ; chaque instant, chaque « maintenant » disparaît à peine éclos. Pire encore, il n'a presque aucune existence réelle, il est nié par le maintenant suivant qui prend sa place : le temps est production et anéantissement simultanés.B - Temps des dieux, temps humain■ Les hommes (contrairement à Zeus) sont soumis à cette loi sans partage. Pourtant, un autre mythe (raconté par Platon) dit comment ce temps tragique que nous vivons fut précédé par un temps de plénitude : le mouvement du monde était dirigé par le dieu, toutes choses étaient à disposition des hommes ; nul travail n'était nécessaire, tout leur était donné. Mais quand le monde fut livré à lui-même, régna alors véritablement la pénurie, le manque. Cette période-là est celle du véritable krônos, non plus le dieu, mais le devenir et la disparition des ressources.■ Ce temps est le temps humain, où les hommes sont responsables de leur survie, et doivent alors inventer leurs ressources : sans le secours du « pasteur divin » qui règle tout, le vrai temps qui commence est celui de la production humaine ; ce n'est pas le temps « en personne » qui détruit : le temps est au contraire ce que les hommes doivent prendre en charge.
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« a.

Irréversibilité du tempsLe temps est ce par quoi, ou ce en quoi il y a du changement dans l'existence, mais pas n'importe quel changement.Un déplacement est un changement spatial, par exemple, d'un endroit à un autre.

Mais il peut s'annuler si l'onrevient au point de départ.

En revanche, le temps perdu à faire demi-tour, lui, ne se rattrapera plus, il estirréversible.

Tout être vivant dans le temps, tout objet, subit des dégradations inévitables à mesure qu'il avancedans le futur.

Le temps est donc surtout ce qui tend à faire disparaître toute existence. b.

Conscience de la mortLe fait que l'existence soit temporelle ne se vit pas de façon heureuse, à première vue.

Les hommes se représententle passage du temps et ont conscience de leur fin.

Cela donne un caractère cruel et absurde à vie.

Tout se passecomme si nous étions des prisonniers, nous sachant condamnés à mort mais sans savoir ni quand, ni comment, nipourquoi.

C'est l'image que développe Pascal dans les Pensées.

On peut alors comprendre pourquoi Epicure, dans laLettre à Ménécée, met si haut la conscience du caractère mortel de l'existence dans la liste des éléments quinuisent au bonheur, et pourquoi il cherche à nous débarrasser de cette peur de la mort. C.

Temps et malheurL'emprise du temps se voit dans un autre travers, inverse au précédent : la fuite en avant.

Au lieu de considérer leprésent, on envisage l'avenir comme porteur de promesses ou source d'inquiétude, on se projette toujours sur ce quiva arriver, et l'on subit de plein fouet l'aliénation temporelle.

Pascal déplore que nous vivions en effet dans un tempsqui n'est pas le nôtre, celui de l'avenir, ou du passé s'il y a nostalgie.

On ne peut alors jamais être heureux,puisqu'on cherche sans cesse à obtenir un bonheur futur ou parce qu'on regrette le bonheur passé.. »

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