Le temps est-il la marque de la finitude de l'être ; par là est-il son seul ennemi ?

1. Étudiez le temps : L'essence intime du temps est passage de l'être au non-être, devenir pur. Par là, c'est l'essence de l'être qui est révélée : l'être est devenir. Ou mieux, il faut dire que le devenir est l"être" lui-même. Puisque rien ne dure, justement parce que tout est durée (à défaut d'être durable) l'inconsistance du temps rend toute chose inconsistante. 2. Déduisez : De ce point de vue, "être" et "ne pas être" sont identiques, car l'être cesse immédiatement d'être ce qu'il est. Être au présent. c'est passer dans l'avenir : le présent est à la fois passé et futur. Questionnez : Est-ce dire que le présent n'est rien ?

1. Répondez : Le présent est l'élément de la vie ; par lui l'homme prend conscience du temps. Pourtant, il est vrai que le présent ne dure pas ; il n'est que passage inconsistant. Et pourtant nous désirons et ne pouvons douter que désirer, vouloir, c'est donner corps au présent. 2. Interrogez-vous : Cela veut-il dire que désirer c'est arrêter le temps en fixant le présent ? Non. Car justement le désir, par définition, ne peut être satisfait – s'il peut l'être – que dans un avenir imprévisible. Le présent se révèle alors n'être qu'un pur néant. Posez la question : Le présent me trompe-t-il sur la nature du temps ?

1. Répondez : Au contraire. Le présent est un moment du temps et nous révèle sa vraie nature qui est de dévorer les êtres. Il est le véhicule de la mort. Les êtres sont des créatures finies. Et le temps lui-même est une créature. L'accès à l'éternité est interdit à l'être. 2. Affirmez : L'homme, pas plus que les autres créatures, ne peut échapper à sa condition finie, d'où son imperfection. C'est d'ailleurs à cause de son imperfection qu'il désire. Le désir est manque d'infini, désir d'éternité. Cela explique le prix qu'il accorde à la vie : l'homme sait que son temps est compté et ce savoir le libère de sa finitude.