Devoir de Philosophie

Le texte théâtral et sa représentation

Publié le 31/12/2014

Extrait du document

Introduction La représentation d'une œuvre théâtrale est une création collective et incarnée. Une fois écrite, la pièce échappe à son auteur et ne lui appartient plus : ce sont les acteurs qui donnent corps à l'œuvre. Dans cette création collective, les accessoires, les décors et les costumes jouent un rôle important et les dramaturges eux-mêmes y accordent une attention particulière. Lors de la représentation, le metteur en scène doit-il suivre scrupuleusement les indications de l'auteur et prendre en compte tous les éléments concrets mentionnés dans le texte théâtral ? Certes, il faut rester fidèle aux directives de l'auteur, mais le théâtre, par sa nature, autorise (et peut même exiger) des entorses à la fidélité absolue. Une mise en scène réussie doit satisfaire les trois « créateurs » d'une pièce : l'auteur, le metteur en scène et le public.   AXE I. La fidélité à l'auteur et au texte   1. Pas d'amputation du texte, pas de solution de facilité L'auteur est le créateur premier, le mieux placé pour savoir comment servir au mieux la pièce. Ne pas suivre ses indications, c'est risquer de la dénaturer. L'objet est un élément de la pièce à part entière, il fait partie du texte. Le théâtre du XVIIe siècle comporte très peu de didascalies. Plus tard, elles se multiplient : les dramaturges, Hugo, puis au XXe siècle Beckett, pensent que les éléments concrets enrichissent la pièce. Si le metteur en scène ne tient pas compte des didascalies, il ampute l'œuvre. Ainsi de Don Juan et Sganarelle, au début de l'acte III de la comédie de Molière : ils sont habillés l'un en médecin, l'autre en habit de campagne ; si Sganarelle n'est pas en médecin, il ne peut plus prétendre parler sous l'influence de son habit de médecin (« Cet habit me donne de l'esprit... ») et on perd toute l'intention de Molière.   2. Costumes et décors servent d'indicateurs Objets, costumes et décors permettent d'identifier la pièce au premier coup d'œil, et de saisir l'essentiel de l'action de la pièce et son atmosphère. Don Juan est vêtu en maître, Sganarelle en valet et, dès l'abord, les rapports sociaux sont instaurés. Le rôle des éléments scéniques est d'autant plus important pour les pièces à sujet historique ou situées historiquement : ils mettent en place une toile de fond indispensable à l'action. Hugo précise dans le détail les costumes de ses drames historiques : pour faire revivre l'Espagne de Charles Quint dans Hernani, la « vieille » duègne est « en noir, avec le corps de sa jupe cousu de jais, à la mode d'Isabelle la Catholique ».     AXE II. Laisser une marge de souplesse à l'interprétation   L'histoire du théâtre montre une évolution dans le domaine des objets, des décors, des costumes : on passe de l'absence d'exigences des dramaturges dans la tragédie et la comédie grecques ou classiques, à l'hypertrophie des didascalies dans le théâtre contemporain.   1. S'adapter à l'évolution du public Une pièce a trois créateurs : l'auteur, la troupe, mais aussi le public. Or, changement d'époque signifie changement de perception, de sensibilité, de mentalité, de centres d'intérêt et de conditions matérielles des spectateurs. Pour s'adapter aux attentes du public, il faut transposer. Ainsi, le Tartuffe d'Ariane Mnouchkine se « joue » en terre d'islamisme. De nos jours, en effet, il n'y a plus de faux dévots au sens du XVIIe siècle ; or, le problème de la religion se pose toujours, mais en d'autres termes. Les objets ou les costumes n'ont pas la même valeur symbolique selon les époques : cela autorise les « variantes » pour mieux faire comprendre le sens de la pièce. On peut ainsi remplacer la cassette d'Harpagon par un coffre-fort... Certains costumes sont mieux adaptés au spectateur d'aujourd'hui : pour représenter une oppression militaire ou une dictature, le choix de tenues de soldats du IIIe Reich est plus proche de nous.   2. La recherche légitime de l'originalité Le metteur en scène est lui aussi créateur de la pièce : une place doit être laissée à sa créativité vis-à-vis de l'objet. -Certains metteurs en scène trouvent plus expressif de changer les costumes pour changer d'époque, ce qui convient à certains genres, surtout à la comédie. Dans la version de Michael Hoffman d'un Songe d'une nuit d'été (Shakespeare), la pièce, qui est censée se passer en Grèce chez Thésée et Hippolyte, se déroule en Italie, vers la fin du XIXe siècle où l'on se déplace à bicyclette... Cependant, comme la pièce est fantaisiste, cela se conçoit. -Le metteur en scène peut aller au-delà des intentions de l'auteur et « déployer » l'objet, qui « occupe » toute la scène. Dans la mise en scène des Fourberies de Scapin à la Comédie-Française, le sac dans lequel se cache Géronte bouge d'une façon comique sous l'effet des mouvements du vieillard et devient presque un personnage autonome. -Le théâtre est une création continue, en perpétuelle évolution. Chaque mise en scène recrée la pièce et la « plasticité » de certaines œuvres (notamment celles du théâtre classique) laisse une large place à l'innovation et autorise la prise de distance par rapport aux indications de l'auteur : ainsi, la statue du Commandeur dans les mises en scène de Dom Juan a pris de multiples formes (Bluwal, Delcampe...) ; chez Mesguich, ce sont des statues de femmes qui s'animent, images des anciennes conquêtes de Don Juan.   Conclusion Costumes, objets, décors sont des éléments indispensables de la création dramatique. Ils contribuent à l'élaboration du sens de la pièce. Mais leur exploitation exige bon sens et juste mesure. La bonne mise en scène est celle qui parvient à rester fidèle à l'esprit de l'auteur, à laisser une marge de créativité au metteur en scène et à l'acteur, et à s'adapter au public et à lui faciliter la compréhension de la pièce. Comme dans tout travail d'équipe, la réussite naît de l'harmonie entre les différents participants à la création.  

«   2. Costumes et décors servent d'indicateurs Objets, costumes et décors permettent d'identifier la pièce au premier coup d'oeil, et de saisir l'essentiel de l'action de la pièce et son atmosphère.

Don Juan est vêtu en maître, Sganarelle en valet et, dès l'abord, les rapports sociaux sont instaurés. Le rôle des éléments scéniques est d'autant plus important pour les pièces à sujet historique ou situées historiquement : ils mettent en place une toile de fond indispensable à l'action.

Hugo précise dans le détail les costumes de ses drames historiques : pour faire revivre l'Espagne de Charles Quint dans Hernani, la « vieille » duègne est « en noir, avec le corps de sa jupe cousu de jais, à la mode d'Isabelle la Catholique ».     AXE II. Laisser une marge de souplesse à l'interprétation   L'histoire du théâtre montre une évolution dans le domaine des objets, des décors, des costumes : on passe de l'absence d'exigences des dramaturges dans la tragédie et la comédie grecques ou classiques, à l'hypertrophie des didascalies dans le théâtre contemporain.   1. S'adapter à l'évolution du public Une pièce a trois créateurs : l'auteur, la troupe, mais aussi le public.

Or, changement d'époque signifie changement de perception, de sensibilité, de mentalité, de centres d'intérêt et de conditions matérielles des spectateurs.

Pour s'adapter aux attentes du public, il faut transposer.

Ainsi, le Tartuffe d'Ariane Mnouchkine se « joue » en terre d'islamisme.

De nos jours, en effet, il n'y a plus de faux dévots au sens du XVIIe siècle ; or, le problème de la religion se pose toujours, mais en d'autres termes. Les objets ou les costumes n'ont pas la même valeur symbolique selon les époques : cela autorise les « variantes » pour mieux faire comprendre le sens de la pièce.

On peut ainsi remplacer la cassette d'Harpagon par un coffre-fort...

Certains costumes sont mieux adaptés au spectateur d'aujourd'hui : pour représenter une. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles