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L'erreur est-elle la condition de la vérité ?

Publié le 20/08/2013

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Continuant ses recherches, Freud a interprété les rêves. Il se tourne là vers un matériaux qui relève de l’illusion, de l’irrationnel et qui ne peut se réclamer ni de l’évidence cartésienne, ni du concept Kantien. C’est pourtant par la prise en compte de matériau « falsifié d’avance « que le psychanalyste progresse vers la vérité. Ce qui est révélateur c’est « comment « la vérité a été falsifiée. Cela nous conduit à déduire « pourquoi « la falsification. Le simple fait de dire : « J’ai rêvé d’un train qui sifflait sans cesse. Je ne voulais pas le prendre, mais on me tirait vers lui, etc... « révèle que la personne dormait profondément et que son « Ca «, toujours au service de son plaisir, lui a raconté une histoire rocambolesque pour tenter de lui cacher la vérité : le réveil sonnait et il fallait se lever.

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« Concernant les limites posées à la conscience par la psychanalyse, elles ne contredisent en rien l’affirmation disant qu’il faut s’être trompé avant deparvenir à la vérité.

Pour parvenir à une connaissance plus grande de notre psychisme, il faut prendre en compte nos erreurs ; et pour les prendre encompte, il faut les avoir faites. Dans la prise de conscience du monde ou de nous, l’erreur semble un chemin obligé, vers la vérité.

En guise de tentative de synthèse, nous pourrions nousdemander si l’erreur a sa place dans la démarche philosophique, qui reste une quête de vérité.

Etant à l’apprentissage de la démarche, nous observerontmodestement notre propre expérience d’apprenti philosophe.

Cette observation va nous conduire à reconsidérer notre définition de la vérité et, de là, àaugmenter encore l’importance de l’erreur dans notre recherche de la vérité.Parlons de ce que nous connaissons.

Regardons simplement notre approche de la question qui nous est posée ici.

La méthode nous a demandé de préciserles thermes et la problématique du sujet.

Pour cela, il a fallu faire le tour des questions qui nous venaient à l’esprit, y compris de celles qui, à l’examen, neprésentaient pas d’intérêt.

Il a fallu élaborer des définitions, puis écarter celle qui n’étaient pas fructueuses.

Nous avons pris en compte des opinions, avantde les éliminer par le raisonnement.

Notre recherche de la « bonne » réponse nous a conduit a commettre, sur notre brouillon, un grand nombre d’erreurs.Sans préjuger de celles que contient notre copie, qui seront révélées par la correction, ce qui nous permettra aussi de progresser vers la vérité.

Nouspouvons affirmer que c’est à force d’erreurs que nous « parvenons » - au prix de quelles difficultés de quels efforts »- à une vérité.

Mais de quelle vérités’agit il ? Il ne nous est pas demandé de réciter une leçon.

Il nous est demandé une réponse « personnelle ».

En fait la vérité à laquelle nous parvenons estdifférente pour chaque réponse.

Ce qu’elle nous dit, c’est où nous en sommes, personnellement sur cette question en particulier et sur la philosophie engénéral.Cette découverte nous amène à reconsidérer notre définition de la vérité.

Il ne s’agit donc pas d’une vérité « objective », indiscutable,… que nous devionsatteindre.

Mais d’une vérité parfaitement subjective.

Cette vérité est notre vision du monde et de nous.

Chacun est porteur de la sienne ; elle n’appartientqu’à lui ; c’est cette subjectivité qui fait de nous des sujets.

Je peux donc dire que je construit ma subjectivité, ma part de vérité, à travers mes erreurs.La découverte que mes erreurs sont mon chemin vers ma vérité a un corollaire : l’erreur de l’autre est son chemin vers sa vérité.

Admettre ce corollaire,c’est reconnaître la subjectivité de l’autre dans ce qui peut nous choquer le plus – sa, soi-disant, erreur- ; c’est le reconnaître, malgré notre opposition,comme sujet libre et pensant.

Or, si nous savons que la conscience commence lorsqu’on devient capable d’intégrer le point de vue d’autrui dans sa propreintériorité, un pas est encore franchi lorsque nous intégrons un point de vue que nous considérons comme faux.La place prise par l’erreur, dans la recherche de la vérité, d’une conscience plus grande, vient encore d’augmenter : c’est non seulement nos erreurs, maisaussi celles des autres qui nous font avancer vers notre vérité. Nous venons de découvrir la véritable nature de la vérité que nous sommes supposés pouvoir atteindre.

C’est une vérité subjective, discutable, « falsifiable».

Et nous comprenons que le présupposé de la question n’est pas en contradiction avec Socrate : à ce point de notre réflexion, nous aussi nous savons quenous ne savons pas.

Seul est assuré de na pas aller vers la vérité celui qui est sûr de la détenir : la vérité n’est pas le chemin vers la vérité.

Nous marchonsvers la vérité sur un chemin pavé d’erreurs.

C’est peut-être un des sens caché dans les vers de Nietzsche, au début du Gai Savoir :« Si tu ne veux pas user ton œil et tes sensReste dans l’ombre pour poursuivre le soleil.

»Un indice montre peut-être que nous sommes dans les bonnes erreurs.

C’est que les inventeurs de la discipline l’ont appelée « amour, recherche de lasagesse », parce qu’ils avaient renoncé à atteindre cette sagesse ; seuls les dieux et les sages la possèdent : le philosophe ne peut que marcher vers elle,en renonçant, par avance, à l’espoir de l’atteindre.

Le seul mot de philosophie répond à notre problématique : oui, la vérité doit rester une utopie.

C’est unecréation de l’esprit humain dont la recherche, bien réelle, est fructueuse, à condition de savoir qu’on ne l’atteindra jamais.Philosopher c’est se dire homme et non faux dieu.

Et c’est se donner une chance d’exister face à Dieu.

Ce choix d’être mortel et humain, est celui d’Ulysse ;Voltaire l’illustre dans son Poème sur le désastre de Lisbonne :Un calife autrefois, à son heure dernière,Au Dieu qu'il adorait dit pour toute prière:« Je t'apporte, ô seul roi, seul être illimité,Tout ce que tu n'as pas dans ton immensité,Les défauts, les regrets, les maux et l'ignorance.

» Ce sont nos erreurs qui font de nous des humains.. »

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