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Les Pensées (commentaire) de BLAISE PASCAL : Imagination, maîtresse d'erreur et de fausseté.

Publié le 06/02/2016

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pascal

Ne diriez-vous pas que ce magistrat dont la vieillesse vénérable impose le respect à tout un peuple se gouverne par une raison pure et sublime et qu'il juge des choses par leur nature sans s'arrêter à ces vaines circonstances qui ne blessent que l'imagination des faibles ? Voyez-le entrer dans un sermon où il apporte un zèle tout dévot, renforçant la solidité de sa raison par l'ardeur de sa charité. Le voilà prêt à l'ouïr avec un respect exemplaire. Que le prédicateur vienne à paraître, si la nature lui a donné une voix enrouée et un tour de visage bizarre, que son barbier l'ait mal rasé, si le hasard l'a encore barbouillé de surcroît, quelques grandes vérités qu'il annonce, je parie la perte de la gravité de notre sénateur.

Pascal est un logicien passionné. Il ne donne que quelques exemples caractéristiques que chacun peut vérifier par sa propre expérience. Ici, un magistrat âgé et vénérable qui va au sermon; il est sérieux, dévot, animé des meilleures dispositions. Il suffira d’un rien pour que cet homme oublie son caractère et sa dévotion et perde sa gravité. Noter comment tous les traits sont choisis et accumulés pour rendre la démonstration plus convaincante. Il ne s’agit pas d’un enfant, ni d’un étourdi ou d’un libertin.... Ce qui le fait rire, ce n’est pas la manière dont les grandes vérités sont annoncées, mais des circonstances tout extérieures et vaines.

pascal

« PASCAL 169 s'arrêter à CéS laines circonstances qui ne blessent que l'imagi- nation des faibles Voyez-le entrer dans un sermon où il apporte in zèle tout déco!, renforçant la solidité de sa raison par l'ardeur de sa charité.

Le voilà prêt à l'ouïr arec un respect exemplaire.

Que le prédicateur vienne à paraître, que la nature lui ait donné une voix enrouée et un tour de visage bizarre, que son barbier l'ait ruai rasé, si le hasard l'a encorebarbouillé de surcroît, quelque grandes vérités qu'il annonce, je parie la perte de la gravité de notre sénateur.

(El.

Bnuusciiwicn, p.

364.

- Dans Clievaillier et Audiat, Les Tee! es fiançais, xvii' siècle, p.

459, on trouvera les corrections de l'édition de Port-Royal.) I.

Place dans les Pensées ou plutôt dans l'Apologie.

Pour amener l'homme à la religion, Pascal commence par le mettre en face de lui-même et fait un tableau saisissant de ses misères et de ses faiblesses.

L'homme est incapable sans Dieu d'arriver à la vérité.

La raison, s ployable en tout sens, est le jouet des puissances trompeuses, et surtout de l'imagi- nation.

Un rien la distrait et empêche son libre exercice.

Non seulement les gens du peuple, mais les sages sont dupés par les apparences.

Dans tout cet article, Pascal s'inspire de Montaigne, dont il reproduit quelquefois les expressions et les exemples.

(Le plus grand philosophe du monde....) Ici, il semble n'avoir fait appel qu'à sa propre expérience.

II.

Analyse et explication (comparaison avec Montaigne et avec le texte de Port-Royal).

1.

Pascal est poète, comme Montaigne.

Ils fuient tous deux l'abstraction; leur pensée se traduit spontanément en images concrètes.

Il s'agit de prouver l'irrémédiable légèreté de l'homme dont les circonstances les plus futiles abusent la raison et déconcertent la volonté.

Montaigne multiplie les anecdotes; il choisit les plus bouffonnes (plaisant conte d'un malade soulagé par des clystères qu'il ne prenait point).

Il s'en amuse.

Il y revient plusieurs fois dans les Essais (I, 20; II, 2; III, 8) et c'est seulement dans l'Apologie de Raymond de Sebonde qu'il. »

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