Les Présocratiques : mythe et logos: Pourquoi la philosophie est-elle née ?

« lisations en possèdent, c'est précisément parce que les discours qu'ils tiennent sont soumis à discussion, contestation, amélioration.

Ces der­ niers ont donc perdu le statut privilégié du mythe qui, étant le seul dis­ cours, exprime, estime-t-on dans les sociétés où il a cours, exactement la réalité du monde.

Le discours des Présocratiques, contestable et contesté, souligne la non-adéquation entre la parole et le monde.

Si, en effet, le discours rendait exactement compte du monde, il n'y aurait pas de place pour le débat.

La vérité serait établie et acquérrait un statut universel.

Mais chez les Présocratiques, il semble que la parole ne puis­ se plus exprimer la vérité absolue du monde, ce qui était le propre du mythe.

Cela ne signifie pas que chacun de ces hommes n'a pas la pré­ tention de tenir le discours véridique, mais aucun d'entre eux ne s'im­ pose définitivement.

Chacun est susceptible d'apporter son écot per­ sonnel à l'édifice du savoir, nul ne détient la connaissance absolue1.

Cette différence fondamentale a été théorisée sous la forme d'une opposition entre le mythe, le muthos grec, et le discours rationnel, le logos, terme dont est dérivé le nom français de « logique ».

De l'un à l'autre, il y a toute la différence qui fait naître la philosophie.

La crise politique de la cité grecque Le monde dans lequel ce nouveau rapport entre la parole et le monde est apparu est celui de la cité grecque.

Les cités sont de petites entités politiques indépendantes composées, en général, d'un centre urbain et d'un territoire cultivable, et qui, jusqu'au milieu du VII' siècle, sont gou­ vernées par des aristocraties.

Il faut se garder de penser que les Présocratiques sont nés dans des cités démocratiques.

Ce type de régi­ me n'apparaît à Athènes que plus d'un siècle après la naissance de Thalès, à la fin du VI' siècle avant J.-C.

C'est au contraire dans une pério­ de de troubles sociaux et politiques intenses que les Présocratiques vont élaborer leur mode de réflexion.

Là est peut-être la dé de leur dis­ cours au statut nouveau.

Dans le monde politique des VII' et VI' siècles, les modèles politiques sont contestés.

L'aristocratie est débordée par un nouveau type de régi­ me, la tyrannie, qui remet en cause sa suprématie et, pour parvenir au pouvoir, appuie et satisfait les revendications du peuple, le dèmos.

Cette opposition, qui dure plus d'un siècle, ruine le pouvoir traditionnel des aristocrates, en particulier dans les grandes cités où naissent et écrivent les Présocratiques.

On peut imaginer que la situation politique a eu des répercussions décisives sur l'appréhension intellectuelle du monde.

L'incertitude politique et la perte des repères traditionnels en matière de pouvoir ont eu pour conséquence la disparition du discours mythique 1.

Pour approfondir ce délicat problème, voir, du même auteur, Les Mythes.

Une culture générale pour/es examens et concours, Studyrama, 2001.

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