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Les principes de la science sont-ils de simples conventions ?

Publié le 06/03/2004

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PRINCIPE (lat. principium, commencement)

Log. Désigne soit la proposition initiale d'une déduction dont résultent nécessairement d'autres propositions dites conséquentes, soit les lois générales de la pensée ou principes directeurs de la connaissance. principes logiques. Épist. Ensemble des propositions directives auquel le développement d'une science est subordonné. Méta. Cause première des choses. Ainsi, Dieu pour Pascal : « Tout par lui, tout pour lui. » Mor. Au sens normatif, règle d'action clairement formulée.

« II – Hume et le problème du scepticisme Le kantisme permet de sauver les principes de la science del'élément conventionnaliste, en montrant dans quelle mesure l'objectivité duréel dépend de principes universels : catégories de l'entendement et formes a priori de la sensibilité (espace et temps).

C'est à ce titre que, pour Kant, l'arithmétique et la géométrie connaissent de si brillants succès, malgré leurabsence de recours à l'expérience, car elles se fondent sur les intuitions puresdu temps et de l'espace.

Or, cette critique ne vaut que si l'on tient laconvention, certes pour un décret humain non nécessaire, qui pourrait êtreautre qu'il n'est, mais surtout pour une décision qui, n'étant pas en bonnelogique contrainte par la nature des choses (le réel), serait arbitraire.

Ce qu'ilnous faut donc déterminer, c'est dans quelle mesure la convention peut êtremotivée, c'est-à-dire ne revient pas à soutenir n'importe quoi et, surtout,peut être utile à penser la science.

Pour bien comprendre cela, faisons undétour par la théorie humienne de la science. La thèse que défend David Hume est empiriste, c'est-à-dire qu'elle fait de l'expérience le matériau de base de la connaissance et de la science.

End'autres termes, l'expérience coïncide avec la seule connaissance possibleque nous puissions avoir du monde.

Cette idée, en apparence anodine,implique d'importantes conséquence.

Prenons l'exemple de la causalité, quichez Kant est une catégorie qui met en ordre le monde sensible.

Pour Hume,si je lâche une pierre, rien ne me dit a priori (c'est-à-dire avant d'en avoir fait l'expérience) que celle-ci tombera, plutôt qu'elle ne s'envolera.

En effet, le rapport de cause à effet – je lâche unepierre, celle-ci tombe – n'est pas premier dans notre appréhension du monde, mais il est toujours d'abord constatédans des cas particuliers, puis inféré de l'expérience.

« Inféré » veut dire précisément que nous avons recours à l'induction (passage des cas particuliers à leur règle générale) ; ainsi, de ce que le phénomène B (chute de la pierre) suit toujours, dans mon expérience, le phénomène A (je lâche la pierre), j'en conclus que la pierre tombera toujours.Or, cette induction ne vaut que pour les cas dont j'ai déjà eu l'expérience et rien, en toute rigueur, nous permet del'appliquer strictement aux expériences futurs.

En d'autres termes, la force que possède le principe de cause à effet,qui nous pousse à croire (et non savoir) que la pierre tombera toujours, ne vaut pas une connaissance, mais n'est qu'une croyance, dont la puissance de conviction ne vaut que par l'habitude.

D'une pierre tombée mille fois, je croisqu'elle tombera la prochaine fois, mais, stricto sensu , je ne le sais pas. La théorie empiriste de la connaissance possède donc des implications proprement vertigineuses, puisque le fait d'asseoir la science sur la seule expérience nous contraint, si nous sommes cohérents, à faire preuve descepticisme.

En d'autres termes, le principe de causalité, fondateur de la science, ne permet aucune prédictionscientifique, si l'on entend par-là a priori et apodictique (certaine à cent pour cent).

III – Le problème des géométries non-euclidiennes et le conventionnalisme À partir de ce que nous venons de dire, si l'on souhaite conserver au discours scientifique sa qualité de discours valide, dont les prédictions ont un sens, il semble bien que le kantisme soit la meilleure solution.

Cependant,un problème subsiste : le fait que Kant réfléchit à partir de la science newtonienne et de la géométrie d'Euclide.

Or,les théories moderne de la science semble battre en brèche ces modèles dominant.

D'une part, l'émergence de laphysique quantique remet en question, au niveau macroscopique, les principes de la physique classique.

Parexemple, le principe de causalité ne s'applique plus strictement au comportement des particules élémentaires.D'autre part, l'apparition des géométries non-euclidiennes remet en cause la prépondérance de l'axiomatiqued'Euclide.

Intéressons-nous à ce problème tel que le présente Poincaré dans La Science et l'Hypothèse . Dans cet ouvrage, Poincaré prend acte du surgissement de nouvelles géométries, dites non-euclidiennes, puisqu'elles proposent des axiomatiques différentes de celles d'Euclide : par exemple, celui-ci postulait que, par deuxpoints, on peut faire passer qu'une droit.

Or, si l'on compte le plan euclidien pour un plan sphérique (géométrie deRiemann) afin de raisonner en trois dimensions, il est possible, de faire passer une infinité de droits par deux pointsdiamétralement opposés.

Ce dont on se rend compte, c'est la complémentarité des deux géométries, qui loin des'exclure peuvent coexister.

Or, le problème réside dans le fait qu'elle ne coïncide plus avec une mise en ordredonnée du monde, les jugements synthétiques a priori kantiens, car alors une seule géométrie serait concevable. Les principes géométriques ne sont pas non plus pour Poincaré des faits expérimentaux, sans quoi la géométrie neserait pas une science exacte.

Comme il le dit lui-même : « Les axiomes géométriques ne sont donc ni desjugements synthétique a priori ni des faits expérimentaux.

Ce sont des conventions ; notre choix, parmi toutes les conventions possibles, est guidé par des faits expérimentaux ; mais il reste libre et n'est limité que par la nécessitéd'éviter toute contradiction.

» Ce que nous disons ici d'une science formelle, telle que la géométrie, vaut tout aussi bien de la physique quantique, dont les principes ne sont pas directement issus de l'expérience, mais qui jouent le rôle d'outils.

En effet,de même que pour une tâche donnée il reste possible d'utiliser plusieurs outils, mais pas n'importe quoi en guised'outil, les principes des sciences relèvent en partie d'une convention – choix libre – mais restent guidés dans parles faits quant aux succès de leur application – résistance de l'expérience.

Cela implique de tenir pour critère devérité dans les sciences, non plus l'adéquation au réel, mais, par exemple, la cohérence du discours lui-même.

Conclusion :. »

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