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L'esprit scientifique doit se former contre la nature, contre ce qui est, en nous et hors de nous, l'impulsion et l'instruction de la nature, contre l'entraînement naturel, contre le fait coloré et divers. Bachelard, La formation de l'esprit scientifique. Commentez et critiquez.

Publié le 27/02/2008

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esprit
Par ailleurs, ne peut-on distinguer les notions de méthode et de contenu, en disant que même si nos intuitions naturelles sont fausses, dans leur contenu, au regard de la science, la méthode de pensée que nous utilisons dans la vie concrète et naturelle et dans la science est la même, contrairement à ce qu?affirme Bachelard ? Après avoir exposé la thèse de Bachelard, nous verrons dans quelle mesure nous pouvons soutenir que la pensée naturelle est un prélude à la pensée scientifique, avant de considérer la thèse selon laquelle pensée naturelle et pensée scientifique utilisent la même méthode.               1° La science se constitue contre la pensée naturelle et l?expérience sensible             Comme on l?a vu, selon Bachelard, l?esprit scientifique se construit dans un mouvement contre-nature, contre les obstacles provenant de notre rapport naturel au monde. Notre expérience sensible immédiate, concrète, génère ainsi des images des objets qui s?opposent à l?objectivité scientifique, qui est accessible non par simple observation, mais par l?expérimentation construite. La nature nous incline à nous représenter les choses selon leur utilité, car notre rapport naturel au monde est avant tout un rapport pragmatique d?action, de transformation : mais la vérité scientifique, pour émerger, doit se défaire de cette représentation. De plus, nos explications naturelles des phénomènes sont le plus souvent des explications mythiques, magiques, sur lesquelles l?homme projette spontanément et inconsciemment ses propres fantasmes, par exemple, des fantasmes sexuels qui imprègnent notre perception de l?énergie électrique ou chimique. La science, avant d?être une construction de théories, est donc déjà une déconstruction de nos représentations naturelles, spontanées et pragmatiques des phénomènes.               2° L?explication naturelle des phénomènes comme prélude à l?émergence de la pensée scientifique             Dans La Pensée sauvage, Lévi-Strauss critique l?idée selon laquelle les explications magiques et mythiques seraient des modes de pensée primitifs, devant être surmontés pour qu?advienne la rationalité scientifique. Ce type de pensée est, selon lui, non pas primitif, mais spontané : en cela, il rejoint Bachelard, pour qui ces explications sont aussi le fruit de notre rapport naturel au monde, ancré dans le sensible et le concret. Mais Lévi-Strauss affirme que ce type d?explication constitue néanmoins un précurseur de la science, car donner une explication mythique à un phénomène incite à le connaître, à le classer, cette démarche révèle et éveille à la fois notre désir de connaître, qui, dans la démarche scientifique, deviendra conscient et systématiquement exploité.

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