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L'exigence critique et la réappropriation du vécu : philosophie et liberté

Publié le 10/08/2014

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REMARQUES PRÉLIMINAIRES.

·     Le sens de l'existence fait problème. Et ce, du seul fait que l'homme ne se contente pas de subir son vécu, mais s'efforce de se le représenter, de le maîtriser. Dès lors, se pose la question du projet existentiel dans lequel s'esquisse le « vouloir-vivre« de chacun. Témoin et produit d'une culture singulière, d'une histoire qu'il n'a pas choisie, l'homme semble aussi, au départ, prisonnier de modes de représentation, de valeurs idéologiques, qui le conditionnent à son insu. Son pouvoir d'initiative, sa faculté de dépasser ce qui est, ne s'inscrivent-ils pas d'emblée dans les limites d'une situation concrète que détermine un ensemble complexe de facteurs? La relativité d'une culture, le niveau et les conditions de l'emprise sur la nature, le rapport plus ou moins affirmé à des savoirs historiquement déterminés, les particularités d'une expérience individuelle, les pesanteurs d'un conditionnement éducatif, les blocages et les valorisations d'une subjectivité singulière : tout cela pèse d'autant plus lourd que l'homme a moins de moyens effectifs pour maîtriser sa propre condition sociale. Par une sorte de paradoxe, les conditions d'une réappropriation critique du vécu font d'avantage défaut là où elles seraient le plus nécessaires : dans la situation la plus précaire socialement. L'aliénation économique et sociale est génératrice d'aliénation idéologique ; tout comme la faiblesse des premiers hommes a pu les vouer au mythe. Cela n'est pas affaire d'« intelligence« plus ou moins grande (comme le prétendait un certain évolutionnisme) mais de pratique effective, c'est-à-dire de relation, plus ou moins maîtrisée, de l'homme avec ce qui l'entoure et le détermine.

Lorsque l'homme veut poser la question du sens de son existence, et qu'il éprouve, plus ou moins clairement, toutes les limites évoquées, il tend à développer une inquiétude métaphysique. Celle-ci peut prendre

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« des formes très diverses, depuis l'angoisse existentielle qui se noue en deçà de tout discours, jusqu'à la méditation explicite sur la mort et la finitude humaine.

Mais elle semble irréductible, ce qui ne veut pas dire qu'elle soit forcément démobilisatrice.

On ne pense pas toujours à la mort, à l'échec possible d'une vie.

L'inquiétude métaphysique n'est pas nécessairement disqualification de la vie et/ou de l'action vitale.

(Cf.

sur ce point les remarques consacrées à la mort et à l'existence).

• Dans les premières formes de représentation collectives, semble dominer une entreprise de justification de ce qui est - et de ce dont l'homme souffre.

Ici, la quête d'un sens est plutôt la recherche d'une raison, d'une finalité, et en dernier ressort, d'une justification, que l'éla­ boration d'une explication objective des phénomènes.

Les premiers mythes.

et les premières cosmologies religieuses, sont une illustration de cette attitude (cf.

Jean-Pierre Vernant: Mythe et pensée chez les Grecs.) De façon générale, une forme de représentation vit et se déve­ loppe aussi longtemps qu'elle correspond au type de rapport que l'homme entretient avec les réalités concrètes qui conditionnent son existence.

Mais elle ne se réduit jamais à un pur et simple «reflet» de ce rapport.

Ainsi, la religion exprime paradoxalement la faiblesse humaine, c'est-à-dire en révélant, sinon un pouvoir réel de dépassement, du moins une aspiration par laquelle l'homme relativise son propre vécu, s'efforce de le transcender (cf.

la conception hégélienne de la religion).

• La réflexion sur les systèmes d'idées, les normes, les valeurs et les formes de sensibilité qu'une société engendre à un moment de son histoire conduit au concept générique d'idéologie.

qu'il faut saisir dans son ampleur et sa diversité.

Si l'on ne peut «juger une époque sur l'idée qu'elle se fait d'elle-même», les différents éléments de ses représenta­ tions collectives sont autant de témoignages et d'indices qu'il peut être utile d'analyser.

• L'émergence de la science (on dirait plutôt des sciences) n'est jamais la pure et simple constitution d'un savoir dans le vide de l'igno­ rance.

C'est contre d'autres formes de représentation déjà installées et investies dans un domaine de réflexion donné que doit s'imposer la démarche scientifique, surmontant les obstacles épistémologiques constitués par les cadres psychologiques et affectifs du vécu, ainsi que les idées cristallisées autour de dogmes et de traditions, imposées ou insinuées par tout un système idéologique.

Si, après coup, la science peut apparaître comme la norme des autres formes de représentation, elle n'est jamais véritablement neutre, ni dans ses conditions (mutations nécessaires des questions et des problématiques) ni dans ses effets (bouleversement des conceptions existantes).

Galilée, Darwin.

Marx et Freud en firent l'expérience, qui durent prendre le contre-pied des sché­ mas mentaux et idéologiques admis pour programmer une démarche qui pût, affranchie des limites étroites des représentations en vigueur, pousser plus loin l'accomplissement de la connaissance objective.

On comprend dès lors qu'un des rapports privilégiés au sein des formes de représentation collectives, et dans la perspective d'une systématisation de la pensée critique, soit devenu celui de la science à la philosophie.

• Avec les premières philosophies.

une exigence de rationalité se manifeste, qui s'attache en premier lieu à la rigueur du discours.

Le discours philosophique, dégagé du discours symbolique du mythe, tend à faire prévaloir dans le langage les conditions d'une pensée maîtrisée: univocité des significations.

cohérence des argumentations, caractère 172. »

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