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l'experience vecue est elle confuse

Publié le 16/12/2012

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experience
L'expérience vécue est-elle nécessairement vague? La tentative de caractériser l'expérience se heurte toujours très vite à une dichotomie fondamentale entre deux types d'expériences. Mais avant d'en arriver à la distinction entre expérience vécue et expérimentation scientifique au niveau de l'exactitude de la connaissance qu'elles rendent possible, il faut constater la divergence première entre ces deux formes de l'expérience, à savoir, l'une, l'expérience vécue, s'inscrit comme une donnée de la nature humaine, voire du règne vivant; la vie éprouve le réel et s'en trouve constamment changée; l'autre, l'expérimentation scientifique, est artificielle, elle est née de l'esprit de l'homme, de son intelligence; l'homme interroge le réel et le connaît toujours mieux. C'est d'un côté la succession d'évènements particuliers qui surviennent à une subjectivité et de l'autre, l'élaboration d'un événement presque « général « en fonction d'une hypothèse objective. L'expérience vécue s'impose et ne se justifie pas, l'expérimentation s'expose et se justifie. Alors seulement peut émerger le problème de l'expérience vécue: elle semble procéder d'une réceptivité du sujet à ce qui se présente à lui par accident, elle apporte ainsi des informations non réclamées qui sont traitées en fonction de ce qui a déjà été vécu. Par rapport à l'expérimentation, l'expérience vécue manque de finalité, du moins de finalité a priori. Que le sujet fasse l'expérience du monde, cela fait partie de la vie humaine, le vécu ne procède pas d'un protocole, il ne s'explique pas en vue d'une finalité mais seulement en tant que conséquent d'un état antérieur. Il apparaît ainsi deux formes d'indétermination de l'expérience vécue: l'absence de finalité dans le déroulement de l'expérience « à la première personne « indique que son avenir ou ses retentissements et son sens intelligible sont difficilement connaissables: on ne sait jamais à quoi elle va servir parce qu'elle n'a de sens qu'a posteriori, et on en est le témoin ou le lieu sans être informé de son sens mais bien plutôt de son intensité ou des impressions qu'elle engendre. L'expérience vécue est d'une part un moment particulier qui prend sens dans l'intégralité d'une vie et d'autre part son contenu peut se révéler moins rationnel, intelligible, accessible à l'entendement 1 que celui de l'expérimentation, mais plus émotionnel, affectif, sensible... Par son aspect imprévu, accidentel, qui ne prend sens que rétrospectivement, et son aspect sensible, particulier, éprouvé dans un en-deçà du sens, l'expérience vécue semble apparaître incertaine et ne pas engendrer de connaissance sûre. Peut-être le vécu fait-il encore sens, mais de manière approximative, provisoire... Or, le fait qu'elle soit une donnée de la nature humaine n'empêche-t-il pas de la rejeter même au nom de son caractère vague? Le vécu n'est peut-être d'ailleurs pas à traiter sur le même mode que l'expérimentation. La rigueur d'une telle forme de l'existence pourrait provenir de son caractère inévitable et constructif de sens pour le sujet, et non de la logique de l'objet. Quelle légitimité doit être accordée à l'expérience vécue? Qu'est-ce qui la fonde et à quoi donne-t-elle accès? Comment? Engendre-telle nécessairement une connaissance qui manque de rigueur? L'enjeu est de déterminer une signification particulière de l'expérience: celle qui est réalisée en première personne par rapport à l'expérience faite du point de vue d'une hypothétique troisième personne, le « il « de l'objectivité. Est-ce que l'expérience en tant qu'elle est subjective, vécue, et non objective ni conçue, révèle une réalité incertaine? On verra d'abord quels sont les mensonges de l'expérience vécue quand on la conçoit comme l'expérience sensible accidentelle et subjective. Il faudra alors se demander si la fausseté possible des connaissances suggérées par l'expérience vécue ne dépend pas plutôt de son caractère fondamentalement indéterminé, puis il faudra terminer en se demandant si cette essence de l'expérience vécue n'engendre pas des sens de la réalité qui ont toujours leur rigueur propre et qui ne peuvent désormais pas être qualifiés de vagues. I) Les mensonges de l'expérience vécue L'expérience vécue est affaire de perception. Elle se présente en effet comme l'épreuve du réel par un être qui vit. C'est-à-dire qu'elle procède d'une sensation et d'une traduction au niveau de la conscience. Elle se compose d'un moment sensible et du moment de son interprétation. Cet ancrage à la fois sensible et subjectif incitent les penseurs en quête d'établir une vérité sur les choses, de les rendre « claires et distinctes « par la rigueur de la connaissance, à rejeter l'expérience vécue comme méthode d'élucidation: l'expérience vécue apparaît ici vague en tant qu'elle peut induire des erreurs d'interprétations. A) Des sens qui nous trompent, Descartes Soit une expérience vécue qui fait intervenir essentiellement le sens de la vue. Se présente à ce sens un objet, une tour. Elle est loin, et apparemment de forme cylindrique. Or, à changer le paramètre de l'éloignement, on s'en rapproche, la forme de la tour se trouve infirmée: il s'agit en réalité d'une tour carrée. La distance n'a pas transformé la forme de la tour, mais l'a rectifiée. La première expérience vécue, la tour perçue et traduite comme ronde, apparaît comme fausse, illusoire. Les sensations qui la définissent nécessairement, se sont trompés. L'expérience des sens est donc en un premier sens vague parce qu'elle peut être mensongère. Ce fameux exemple de Descartes incite le philosophe au « doute hyperbolique «: l'expérience que mon être sensible et conscient fait du monde n'étant pas sûre, il faut suspendre mon jugement sur la vérité des choses sensibles. Par cette mise entre parenthèse d'un sensible qui n'est pas à portée de la certitude, Descartes veut révéler l'essence première de l'homme. Le « cogito ergo sum «, le 2 « je pense donc je suis «, apparaissant comme la seule chose de sûr, il faut en conclure que je suis au moins une chose pensante. Dés lors toute expérience vécue qui procède d'une perception première sensible contient un potentiel d'erreurs insoupçonnées qui en nient l'exactitude et qu'il faut rejeter au nom de l'expérience cruciale du cogito, qui, elle-seule, prend un sens exact, étant le pur fruit de la pensée et pouvant s...
experience

« que celui de l'expéri menta tion, ma is plus é mo tionnel, af fect if, sensible...

Par s on aspec t i mprévu, acc idente l, qui ne prend sens que rétrospect ivement, e t son aspect sensible, part iculier, éprouvé dans un en-deçà du sens, l'expéri ence vécue se mbl e appar aître in certa ine et ne pas engendrer de conna issanc e s ûre.

Peut-êtr e le vécu fai t-il encore sen s, m ais de m ani ère approx imative, provisoire...

Or , le fait qu'ell e soit une donnée de la nature hu main e n 'e mp êche- t-il pas de la rejeter m ême au no m de son cara ctère vague? Le vécu n 'est peut- être d'aill eurs pas à tra iter sur le m ême mo de que l'expéri menta tion.

La rigueur d'une te lle for me de l'existen ce pourrai t provenir de son carac tère inévit able et construc tif de sen s pour le s ujet, et non de la logiqu e de l'objet.

Quelle légi timi té doit ê tre ac cordée à l'expérien ce vécu e? Qu'e st-ce qui la fonde e t à quoi donne-t-el le accès? Co mme nt? Engendre- t- el le néc essaire ment une connaissance qui ma nque de rigueur? L'en jeu est de dét erm iner une signifi cation particu lière de l'expéri ence: celle qui est réal isée en pre mière personne par rapport à l'expérien ce fa ite du point de vue d 'une h yp othé tique troisi ème personne, le « il » de l'objectiv ité.

Est- ce que l'expér ience en tant qu'ell e est subjective, vécue, et non objective ni conçu e, révèl e une réa lité inc erta ine? O n verra d'abord quels sont les m ensonges de l'expérienc e vécue quand on la conço it co mme l'expérienc e sen sibl e accid entelle et sub ject ive.

Il faudra alors se de ma nder si la faus seté possible de s conna issances suggérées par l'expér ience vécu e ne dépend pas plutôt de son caract ère fonda menta leme nt indé terminé, puis il faudra term iner en se dem andan t si cet te essence de l'expér ience vécue n'engendre pas de s sens de la réal ité qui ont tou jours leur rigueur propre et qui ne peuven t désormais pas être qual ifiés de vagues.

I) Les mensonges de l'expérien ce vécue L'expérien ce vécue est af faire de percep tion.

Ell e se présente en ef fet co mme l'épreuv e du réel par un êtr e qui vi t.

C'est-à-dire qu 'elle procèd e d'une sensation et d'une traduct ion au niv eau de la conscience.

E lle se com pose d 'un m ome nt sensible et du mo ment de son int erprét ation.

Cet ancr age à la fois sensible et subjectif incit ent les penseur s en quête d 'étab lir une vérit é sur les choses, de les rendre « cl aires et distinc tes » par la rigueur de la connaissance, à rejeter l'expérienc e vécue co mme m éthode d'éluc idation : l'expér ience vécue appar aît ici vague en tan t qu'elle peut induire des erreurs d'int erpréta tions.

A ) Des sens qui nous trom pent, Descar tes Soit une expér ience vécue qui fait interv enir essentie llement le sens de la vue. Se pré sen te à ce sens un ob jet, une tour .

Elle est loin, et appar emmen t de for me c y lindr ique.

Or , à chang er le para mètre de l'éloigne ment, on s 'en rapproche, la for me de la tour se trouve infir mée: il s'agit en réali té d 'une tour carrée.

L a distan ce n 'a pas transform é la for me de la tour , m ais l'a rectif iée.

La pre mière expér ience vécue, la tour perçue et tradui te co mme ronde, apparaî t co mme fausse, il lusoire.

Les sen sations qui la définissent nécessaire ment, se sont tro mpés.

L'expér ience des sen s est donc en un pre mier sens vague parc e qu'elle peut êtr e m ensongèr e.

Ce fa me ux exe mple de De scar tes inc ite le philosophe au « doute h yp erbol ique »: l'expérienc e que m on être s ensibl e et conscient fait du mond e n'étan t pa s sûre, i l faut s uspendre mo n j uge men t s ur la vérit é des choses sensibles.

Par cett e mi se entre parenth èse d 'un sen sibl e qui n 'est pas à portée de la cer titude, Descartes veut révé ler l'es senc e prem ière de l'ho mme .

Le « cogito er go s u m », le 2. »

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