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L'homme est-il naturellement artiste?

Publié le 05/01/2005

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b) L'art, dépassement de la beauté naturelle Au contraire, l'art, même quand il est visuel et relève des « beaux-arts », produit des formes qui ne s'adressent pas qu'aux sens, des formes qui, ne serait-ce que parce qu'elles ont un auteur humain, s'adressent à nous en tant que sujets pensants. L'art nous institue en destinataires de sens. Une oeuvre d'art se donne toujours à déchiffrer et ne se laisse donc jamais seulement contempler. Elle appartient au domaine de l'esprit, du langage, d'une parole ininterrompue. La dimension symbolique de l'art exclut que ses oeuvres puissent produire la fascination esthétique qu'exerce sur notre esprit la véritable beauté, c'est-à-dire la beauté naturelle, strictement formelle. Ce que nous appelons « beauté » en art désigne souvent en réalité d'autres qualités esthétiques, comme le sublime ou le poétique par exemple. L'art est poésie parce qu'il donne à penser, à rêver, il met l'imagination en éveil. L'expérience poétique s'inscrit donc dans le temps, temps que la contemplation du beau, gage d'éternité, vient au contraire suspendre. Ainsi, que tout homme soit sensible à la beauté ne signifie pas que tous soient naturellement des artistes en puissance. Transition L'art est-il naturel ou culturel ?

« Parmi toutes les productions humaines, l'art occupe une place singulière.

S'il comporte une part de technique, il nese réduit pas à un artisanat puisque sa vocation n'est pas utilitaire.

Il est le libre témoignage de l'esprit humain, deses interrogations, de ses croyances, de sa manière de déchiffrer le monde.

L'art n'est donc pas naturel, ni au sensoù il aurait pour vocation d'imiter la nature, ni au sens où sa dynamique relèverait d'un élan inné, d'une spontanéitéétrangère à l'acquis culturel.Tout ce que l'art invente est le produit de l'esprit d'une époque.

L'artiste, mieux qu'un autre, parvient à formulerdans son oeuvre quelque chose de l'esprit du public qui se reconnaît en elle. b) Les hommes ne sont pas tous artistesDans ces conditions, on comprend que tous les hommes ne soient pas artistes : le commun des mortels est tropengagé dans la culture à laquelle il appartient pour pouvoir exprimer par ses actes autre chose que ce qui s'y ditdéjà clairement et publiquement.

Tous les hommes ne se sentent pas non plus investis par cette mission de « dire »quelque chose qui aille au-delà du sens commun et qui puisse en même temps interpeller autrui.

Pourtant, chacunest sensible à la beauté et on pourrait concevoir qu'il y ait en tout homme une quête esthétique, plus ou moinsassumée d'un individu à l'autre.

En ce sens, tout homme ne serait-il pas artiste en puissance ? B.

L'art n'est pas une quête naturelle de beauté a) Qu'est-ce que le beau ?Une telle conclusion supposerait de concevoir l'art comme une quête de beauté.

Or il suffit de rappeler ce qu'est labeauté, conçue rigoureusement, pour comprendre que l'art est au-delà du beau.

En effet, la beauté est une affairede forme ; elle est harmonie, équilibre, symétrie visuelle.

Contempler le beau, c'est se trouver pris dans lafascination d'une forme qui, par son achèvement, captive l'imagination.

Ainsi les figures géométriques les plussimples sont-elles belles. b) L'art, dépassement de la beauté naturelleAu contraire, l'art, même quand il est visuel et relève des « beaux-arts », produit des formes qui ne s'adressent pasqu'aux sens, des formes qui, ne serait-ce que parce qu'elles ont un auteur humain, s'adressent à nous en tant quesujets pensants.

L'art nous institue en destinataires de sens.

Une oeuvre d'art se donne toujours à déchiffrer et nese laisse donc jamais seulement contempler.

Elle appartient au domaine de l'esprit, du langage, d'une paroleininterrompue.

La dimension symbolique de l'art exclut que ses oeuvres puissent produire la fascination esthétiquequ'exerce sur notre esprit la véritable beauté, c'est-à-dire la beauté naturelle, strictement formelle.

Ce que nousappelons « beauté » en art désigne souvent en réalité d'autres qualités esthétiques, comme le sublime ou lepoétique par exemple.

L'art est poésie parce qu'il donne à penser, à rêver, il met l'imagination en éveil.

L'expériencepoétique s'inscrit donc dans le temps, temps que la contemplation du beau, gaged'éternité, vient au contraire suspendre.

Ainsi, que tout homme soit sensible à la beauté ne signifie pas que toussoient naturellement des artistes en puissance. Transition L'art est-il naturel ou culturel ? Nous allons montrer qu'il est possible, en reprenant l'analyse de la notion de nature,de reconnaître un caractère naturel à la création artistique sans méconnaître son essence culturelle. 3.

Le naturel en art A.

Qu'est-ce que le « naturel » ?Si, comme on l'a vu, la notion de nature est philosophiquement solidaire d'une problématique de l'« ordre » naturel,on peut aussi retenir de ce terme la seule référence à la spontanéité et suivre en cela l'usage de la langue.

Ungeste, quel qu'il soit, sera dit « naturel » dès lors qu'il sera accompli sans hésitation ni affectation.

Être « naturel »signifie donc aussi suivre ses élans, qu'ils soient ou non conformes à la nature.

En ce sens, l'enfantement d'unmonstre est naturel mais contre nature. B.

Un naturel difficile à atteindreOr le propre de la création artistique est, précisément, de ne pas obéir à un plan, de ne pas exécuter quelque chosequi a déjà été conçu.

Le cheminement d'une oeuvre a quelque chose d'aveugle.

Sa cohérence, son originalité ne sedécouvrent qu'après-coup aux yeux de l'artiste lui-même.

II ne faudrait pas conclure de ce rapprochement entrel'art et la nature que la tâche de l'artiste soit de suivre simplement sa pente naturelle ou de laisser opérer en lui uninstinct, une muse, un coup de génie.

L'art n'est pas « facile ».

Le plus laborieux est sans doute de détruire tout cequi s'interpose entre la richesse des élans de l'imaginaire et les exigences de la conscience.

L'homme du commun nese donne pas la liberté d'atteindre les couches profondes de son âme, d'où pourrait sortir la spontanéité créatrice.Les usages, la conscience morale, le souci de comprendre, de savoir à l'avance (savoir pour prévoir, prévoir pouragir), toutes ces difficiles acquisitions de l'homme adulte l'écartent de son « naturel ».

L'art d'un artiste n'est-il pasde savoir donner la parole à l'autre qui est en lui ? Le rêve est l'échantillon nocturne de cet art, naturel en touthomme, mais que l'adulte civilisé ne retrouve qu'à la faveur du sommeil. C.

En quoi la vie humaine est-elle artistique ?Si le propre de l'artiste est de savoir se laisser conduire, dans son travail, par les audaces de son imaginationcréatrice, alors il devient possible de soutenir que tout homme est par nature, mais à des degrés divers, artiste.

Unevie d'homme est en effet elle aussi guidée, orientée par des choix, des décisions dont le sens n'apparaît pas toujours. »

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