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L'oeil vivant de Jean Starobinski

Publié le 30/04/2014

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L’œil vivant, de Jean Starobinski « Corneille est le poète de la vision éblouie »   La mythologie de la présence efficace : présence d’un pers dont émane un pouvoir absolu, évidence victorieuse. Il brille d’une illumination instantanée de sorte que la réflexion n’a pas le temps d’opposer l’être au paraitre è l’être s’exprime dans son apparition et le paraitre révèle une essence vraie. Présence : effet prodigieux => mêle le surnaturel au naturel. C’est un thème favori de la rhétorique amoureuse, utilisé par la préciosité et l’âge baroque è un être se montre admirable en devenant le centre de l’univers, brille d’un éclat resplendissant, la nature s’anime à sa vue et rien n’échappe à son influence. Chez Corneille on retrouve souvent le terme « éclat ». Les héros jouissent de cet effet de présence dont le prototype est de nature religieuse, et leur donne un effet d’omniprésence. La rhétorique cornélienne emprunte ses armes à une émotion très primitive : le saisissement devant le sacré et sa lumière. Etre subjugué du premier coup d’œil. La présence des pers nous dépasse par leur divin excès d’ETRE. Le 17ème s c’est l’époque où, dans les pièces, les poisons et les remèdes salutaires peuvent agir à distance, par leur simple vue : aimer et mourir c’est être la proie d’un REGARD. La fascination amoureuse est un impalpable venin. Chez C on trouve souvent une sorte de magie instantanée qui, tout en émerveillant, fait périr. Les sortilèges mortels de la haine sont semblables à ceux de la séduction. Toute l’oe de C affronte et dé...

« S'AVERE, qu'il subisse l'épreuve de l'absence, du malentendu, du doute pour que la conclusion soit heureuse => les rebondissements superficiels d'une intrigue mouvementée sont nécessaires pour que l'amour triomphe. A la fin les héros ne sont plus seulement devenus amoureux, ils sont devenus certains de leur amour. L'effet de présence ne dure pas.

Il s'évanouit quand le regard se détourne de l'être éclatant.

Rien ne perpétue l'événement magique, à moins qu'il ne reçoive la durée par un décret de la raison ou de la volonté (sous la forme d'un serment) : Le serment décide que la femme aimée est unique => il fonde ainsi un avenir continu.

= loi du regard (émerveillement) + loi de la parole (serment) => c'est lier l'être à lui-même.

Il ne peut alors être infidèle qu'au prix d'un parjure déshonorant.

S'il garde sa promesse => admiration universelle, gloire.

Fonction capitale du discours cornélien.

L'inconstance de l'amant est donc le premier danger qui menace la souveraineté de l'éblouissement initial. Mais il y'a aussi, comme danger, l'éclat excessif de la femme aimée.

L'éblouissement force l'amant à une confiance gratuite et folle, rien ne lui permet de savoir s'il est vraiment aimé.

Mais cette confiance a des limites : la méfiance.

La figure séductrice échappe à l'amour que sa présence enflamme => sa fascination s'exerce par la distance provocante qu'elle oppose au désir.

Sa beauté rayonne dans un éloignement mystérieux qui établit à sa manière un théâtre sur le théâtre, et renvoie l'amant au rôle du spectateur. L'amant, même s'il trouve appui sur la parole qu'il s'est donné, il doit résister à la rumeur calomniatrice que le monde oppose à son amour.

Tircis (Mélite) n'hésite pas à se croire dupé par Mélite, il fait confiance aux trompeurs.

Les imposteurs sont des êtres trop faibles pour s'affirmer eux-mêmes avec éclat, ils jettent le doute sur l'éblouissement, ils le ternissent.

Ils révèlent les illusions.

La désillusion cornélienne n'est jamais la destruction d'un éclat, elle est l'abolition de l'ombre jetée par la calomnie sur cet éclat => passage à un éclat supérieur, un bonheur solide.

Car l'illusion chez C n'est qu'une erreur momentané suscitée par les méchants et destinée à céder à la splendeur de la vérité.

L'illusion peut fausser la conduite des hommes, mais ne compromet pas la notion de réalité.

Dans l'Illusion comique, le magicien fait voir au père inquiet le spectacle exact des aventures de son fils : l'illusion n'est pas mensonge.

C'est une vue fidèle, à distance et à travers le temps, c'est une imitation et non. »

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