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Malebranche : flatterie et amitié

Publié le 25/03/2015

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malebranche

Un vrai ami ne doit jamais approuver les erreurs de son ami. Car enfin nous devrions considérer que nous leur faisons plus de tort que nous ne pensons, lorsque nous défendons leurs opinions sans discerne¬ment. Nos applaudissements ne font que leur enfler le coeur et les confirmer dans leurs erreurs ; ils deviennent incorrigibles ; ils agis¬sent et ils décident enfin comme s'ils étaient devenus infaillibles. D'où vient que les plus riches, les plus puissants, les plus nobles, et généralement tout ceux qui sont élevés au-dessus des autres, se croient fort souvent infaillibles, et qu'ils se comportent comme s'ils avaient beaucoup plus de raison que ceux qui sont d'une condition vile ou médiocre, si ce n'est parce qu'on approuve indifféremment et lâchement toutes leurs pensées ? Ainsi l'approbation que nous don¬nons à nos amis, leur fait croire peu à peu qu'ils ont plus d'esprit que les autres : ce qui les rend fiers, hardis, imprudents et capables de tom¬ber dans les erreurs les plus grossières sans s'en apercevoir.

C'est pour cela que nos ennemis nous rendent souvent un meilleur service, et nous éclairent beaucoup plus l'esprit par leurs oppositions, que ne font nos amis, par leurs approbations.

MALEBRANCHE

— «Lorsque nous défendons leurs opinions sans discernement«: qu'est-ce que le discernement ? Quelle différence sommes-nous d'emblée invités à faire entre l'affection que nous portons aux personnes et le jugement que nous portons sur les idées ? Le devoir de vérité que nous avons à l'égard des idées a une consé­quence importante pour nos amis : nous les aidons à cheminer vers la vérité.

 

— «Ils deviennent incorrigibles« : quelle responsabilité apparaît ici à l'égard de la perfectibilité d'autrui ? On dit que l'homme est perfectible ; peut-on rendre autrui incorrigible ? En quoi l'illu­sion de la vérité peut-elle être dangereuse ?

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« La question particulière est ce/le de l'amitié et de ce qu'on peut ou doit se dire entre amis : c'est de la morale appliquée et on peut y lire un éloge de la franchise et du courage d'appeler un chat un chat.

Le problème plus général est celui de la conscience et du rôle d'autrui dans la conscience que nous prenons de nous-mêmes: avons-nous besoin d'autrui pour dissiper nos illusions, pour bien nous connaître, nous juger justement ? Malebranche répond sans hésitation par l'affirmative et montre combien cette évi­ dence théorique est difficile à mettre en pratique : même lorsque nous savons ce que peut nous apporter la franchise, nous dési­ rons la flatterie.

++++~++++++++++++++++++++ REPERER LE MOUVEMENT DU TEXTE Les alinéas distincts facilitent le repérage de l'argumentation.

Malebranche énonce d'abord le principe de la franchise ami­ cale, en faisant apparaitre le caraaère négatif de la prétendue délicatesse qui aboutit à la flatterie.

Il applique ensuite ce principe pour expliquer l'arrogance des «grands» : l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes est en bonne par­ tie suggérée par les flatteurs qui les entourent.

Cet exemple doit nous servir de leçon.

En guise de morale, Malebranche montre qu'il arrive que nos ennemis, en ne ménageant pas notre vanité, nous rendent davantage service que nos amis qui nous bercent d'illusions.

+++++++++++++++++++++++++ EXPLICITER LES TERMES 52 -«Lorsque nous défendons leurs opinions sans discernement»: qu'est-ce que le discernement ? Quelle différence sommes-nous d'emblée invités à faire entre /'affeaion que nous portons aux personnes et le jugement que nous portons sur les idées ? Le devoir de vérité que nous avons à l'égard des idées a une consé­ quence importante pour nos amis : nous les aidons à cheminer vers la vérité.

-«Ils deviennent incorrigibles» : quelle responsabilité apparaît ici à l'égard de la perfectibilité d'autrui ? On dit que l'homme est perfeaible ;peut-on rendre autrui incorrigible? En quoi l'illu­ sion de la vérité peut-elle être dangereuse ?. »

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