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Mariage de Figaro (le) [la Folle Journée ou le Mariage de Figaro]. (analyse détaillée)

Publié le 23/10/2018

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Mariage de Figaro (le) [la Folle Journée ou le Mariage de Figaro].
 
Comédie en cinq actes et en prose de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799), créée à Paris à la Comédie-Française le 27 avril 1784, et publiée simultanément à Paris chez Ruault et à Kehl à la Société littéraire et typographique en 1785, avec une Préface de l'auteur.
 
Triomphe dramatique du siècle, le Mariage de Figaro en hit aussi l'un des événements politico-littéraires. Entre la présentation de la pièce aux comé-diens-français le 29 septembre 1781 et la première de 1784, Beaumarchais dut affronter successivement six censeurs, atténuer quelques audaces (la version Initiale, assez scabreuse, s'en prenait directement aux autorités françaises), vaincre l'opposition royale en mobilisant les milieux éclairés de la cour, se livrer à une active campagne de lectures privées. La bataille de l'édition ne fut pas moins acharnée, et valut même à l'auteur un bref séjour en prison (mars 1785), alors que sa Préface venait d'attiser les polémiques tout en feignant de vouloir calmer les esprits au sujet de « la plus badine des intrigues », habilement résumée et ironiquement dédramatisée : «Un grand seigneur espagnol, amoureux d'une jeune fille qu'il veut séduire, et les efforts que cette fiancée, celui qu'elle doit épouser et la femme du seigneur réunissent pour faire échouer dans son dessein un maître absolu que son rang, sa fortune et sa prodigalité rendent tout-puissant pour l'accomplir. Voilà tout, rien de plus. » Rien de plus ? Car Beaumarchais, en remettant sur scène « trois ans » après (selon la chronologie de la fiction) ses Espagnols du *Barbier de Séville, donne aussi à voir la quasi-dislocation, sous l'effet d'une lassitude tôt venue, du couple Almaviva. D'où, sous le mouvement endiablé de la pièce, une mélancolie dont Mozart (le Nozze di Figaro, 1786) saura peindre toutes les nuances, et que la Préface du Barbier, dix ans auparavant, laissait déjà prévoir : « Son Excellence
 
madame la comtesse Almaviva, l'exemple des femmes de son état et vivant comme un ange avec son mari, quoiqu'elle ne l'aime plus... » Surtout, à travers la rupture d'un autre couple, celui du maître et de son serviteur, Almaviva et Figaro jadis alliés pour conquérir Rosine et maintenant rivaux, Beaumarchais a su « faire entrer » dans sa pièce « la critique d'une foule d'abus qui désolent la société » (Préface du Mariage) : les complaisances de la justice, l'oppression seigneuriale et celle, plus subtile et moderne, de l'argent. Rien toutefois, l'espace d'une « folle
journée », ne semble irrémédiable, ni l'inconstance, ni l'ingratitude, ni même les « abus », comme en témoignent les nouveaux venus dans la « famille Almaviva » : le page Chérubin, cette figure du désir qui trouble la Comtesse sa marraine, est encore un «morveux sans conséquence» (la conséquence viendra, et ce sera la Mère coupable, 1792) ; Suzanne, courtisée par son maître, demeure incorruptible, et d'une inflexible fidélité envers son fiancé Figaro.
 
Restent pourtant, gravés dans l'esprit du spectateur par-delà un dénouement heureux, ces mots, ces slogans qui feront dire à Danton que « Figaro a tué la noblesse » : « Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie [...]. Qu'avez-vous fait pour tant de biens? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus [...]. Tandis que moi, morbleu ! » (V, 3). En portant au théâtre, c'est-à-dire en donnant la force du vécu à des formules que ses contemporains souvent étouffaient par la forme narrative ou philosophique, Beaumarchais créait véritablement une oeuvre révolutionnaire, et toujours perçue comme telle : le Mariage fut interdit pendant l'occupation allemande, et lorsque, en 1958 on rétablit provisoirement la censure, le Figaro, alors dirigé par Pierre Brisson, titra en gros caractères sur la devise empruntée à son homonyme : « Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur. » On conçoit donc que le Mariage de Figaro ait attiré les metteurs en scène attachés à célébrer les droits de la libre parole, de l'homme dressé contre les privilèges, de l'avenir et de la vie contre la sclérose de tous les anciens régimes : citons simplement, pour nous en tenir à l'époque contemporaine, Stanislavski (Moscou, 1926), Jean Vilar (Paris, Théâtre national de Paris, 1956), Jean-Pierre Vincent (Paris, Chaillot, 1987). 

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« directement aux autorités françaises), vaincre l'opposition royale en mobili­ sant les milieux éclairés de la cour, se livrer à une active campagne de lectu­ res privées.

La bataille de l'édition ne fut pas moins acharnée, et valut même à l'auteur un bref séjour en prison (mars 1785), alors que sa Préface venait d'attiser les polémiques tout en fei­ gnant de vouloir calmer les esprits au sujet de« la plus badine des intrigues», habilement résumée et ironiquement dédramatisée : > Rien de plus ? Car Beaumar­ chais, en remettant sur scène après (selon la chronologie de la fiction) ses Espagnols du *Barbier de Séville, donne aussi à voir la quasi­ dislocation, sous l'effet d'une lassitude tôt venue, du couple Almaviva.

D'où, sous le mouvement endiablé de la pièce, une mélancolie dont Mozart (le Nozze di Figaro, 1786) saura peindre toutes les nuances, et que la Préface du Barbier, dix ans auparavant, laissait déjà prévoir «Son Excellence madame la comtesse Almaviva, l'exem­ ple des femmes de son état et vivant comme un ange avec son mari, quoi­ qu'elle ne l'aime plus ...

>> Surtout, à tra­ vers la rupture d'un autre couple, celui du maître et de son serviteur, Almaviva et Figaro jadis alliés pour conquérir Rosine et maintenant rivaux, Beaumar­ chais a su « faire entrer >> dans sa pièce «la critique d'une foule d'abus qui désolent la société >> (Préface du Mariage) : les complaisances de la jus­ tice, l'oppression seigneuriale et celle, plus subtile et moderne, de l'argent.

Rien toutefois, l'espace d'une , ne semble irrémédiable, ni l'inconstance, ni l'ingratitude, ni même les , comme en témoi­ gnent les nouveaux venus dans la > : le page Chéru­ bin, cette figure du désir qui trouble la Comtesse sa marraine, est encore un « morveux sans conséquence >> (la conséquence viendra, et ce sera la Mère coupable, 1792) ; Suzanne, courtisée par son maître, demeure incorruptible, et d'une inflexible fidélité envers son fiancé Figaro.

Restent pourtant, gravés dans l'esprit du spectateur par-delà un dénouement heureux, ces mots, ces slogans qui feront dire à Danton que > : « Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie [ ...

].

Qu'avez-vous fait pour tant de biens? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus [ ...

].

Tandis que moi, morbleu!>> (V, 3).

En portant au théâtre, c'est-à­ dire en donnant la force du vécu à des formules que ses contemporains sou­ vent étouffaient par la forme narrative ou philosophique, Beaumarchais créait véritablement une œuvre révolution­ naire, et toujours perçue comme telle : le Mariage fut interdit pendant l'occu­ pation allemande, et lorsque, en 1958 on rétablit provisoirement la censure, le Figaro, alors dirigé par Pierre Brisson, titra en gros caractères sur la devise empruntée à son homonyme : « Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur.>> On conçoit donc que le Mariage de Figaro ait attiré les metteurs en scène attachés à célébrer les droits de la libre parole, de l'homme dressé contre les privilèges, de l'avenir et de la vie contre la sclérose de tous les anciens régimes : citons simplement, pour nous en tenir à l'époque contem­ poraine, Stanislavski· (Moscou, 1926), Jean Vilar (Paris, Théâtre national de Paris, 1956), Jean-Pierre Vincent (Paris, Chaillot, 1987).

Et lors du bicentenaire. »

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