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MYTHE DE SISYPHE (LE), Essai sur l'absurde, Albert Camus

Publié le 27/09/2018

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MYTHE DE SISYPHE (LE), Essai sur l'absurde,

Albert Camus, 1913-1960.

 

Cet ouvrage peut être considéré comme l’essai philosophique central de l’œuvre de Camus, dans la mesure où s’y trouve exposée la «philosophie de l’absurde» autour de laquelle s’ordonnent tous les autres thèmes de la pensée et de l’action de Camus (par exemple le thème de la révolte).

La question du suicide est ici décisive. Non pas moralement (Camus ne demande pas, comme Kant, si l’on a le droit de se tuer), mais parce qu’elle ouvre une autre question, celle du sens de l’existence. La mort volontaire n’est-elle pas l’issue pour celui qui a compris le non-sens de la vie ?

 

L’expérience camusienne de l’absurde rappelle la nausée sartrienne: une «lassitude teintée d’écœurement» devant la banale et machinale répétition des moments de l’existence. La perspective de la mort, la nécessité de faire sa part à l’irrationnel dans le monde, tout cela contribue à préciser la notion de l’absurde. Ce n’est pas le monde qui, en soi, est absurde; ce n’est pas davantage l’homme. L’absurde naît de la confrontation de ce monde et du désir humain de clarté et de rationalité.

 

On peut fuir cette antinomie dans le suicide, qui annule la conscience, ou dans la religion, qui confère à l’existence un sens extramondain. Même l’existentialisme (Kierkegaard, Jaspers) paraît à Camus un «suicide philosophique », dans la mesure où il absolutise l’irrationnel. On ne peut se contenter de commenter l’absurde.

Au contraire, le Mythe de Sisyphe invite à affronter la prise de conscience de l’absurde: «Il s’agit de vivre.» «Je tire ainsi de l’absurde trois conséquences qui sont ma révolte, ma liberté, ma passion.»

La révolte. Ne pas fuir l’absurde, une fois qu’on en a pris conscience, c’est s’astreindre à le regarder en face. Le constituer en objet d’un incessant défi: «Vivre, c’est faire vivre l’absurde. » Ne jamais se résigner. Il ne s’agit pas de se consoler par on ne sait quelle espérance, mais de se battre, et de conférer ainsi à l’existence une valeur qu’elle n'a pas, et qu’il faut donc lui donner.

La liberté. Il vaudrait mieux parler de libération. Celle-ci est une conséquence directe de la prise de conscience de l’absurde. Pour mieux dire, elle est cette prise de conscience elle-même, par laquelle s’institue une lucidité fondamentalement victorieuse dans mon rapport au monde. Cette liberté nouvellement acquise est le négatif de la fausse liberté de celui dont la vie n’est conduite que par l’habitude machinale.

La passion. En un mot : vivre. Le plus sera ici le mieux : « Etre en face du monde le plus souvent possible.» Multiplier les expériences.

MYTHE DE SISYPHE (LE), Essai sur l'absurde,

Albert Camus

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