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Nicolas Malebranche, De la recherche de la vérité

Publié le 31/01/2020

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Nicolas Malebranche, De la recherche de la vérité

Je crois que tout le monde tombe d'accord que mus n'apercevons point les objets qui • sont hors de nous par eux-mêmes. Nous voyons le soleil, les étoiles et une infinité d'objets hors de nous; et il n'est pas vraisemblable que l'âme sorte du corps et qu'elle j aille, pour ainsi dire, se promener dans les deux pour y contempler tous ces objets. 1 Elle ne les voit donc point par eux-mêmes; et l'objet immédiat de notre esprit, lorsqu'il voit le soleil, par exemple, n'est pas le soleil, mais quelque chose qui est intimement unie à notre âme, et c’est ce que j'appelle idée. Ainsi, par ce mot idée, je n'entends ici autre chose que ce qui est l'objet immédiat, ou le plus proche de l'esprit quand il aperçoit quelque objet.

Il faut bien remarquer qu'afin que l'esprit aperçoive quelque objet, il est absolument . nécessaire que l'idée de cet objet lui soit actuellement présente, il n'est pas possible d’en douter; mais il n'est pas nécessaire qu'ily est au dehors quelque chose de sem- ! blable à cette idée, car il arrive très souvent que l'on aperçoive des choses qui ne sont point, et qui même n’ont jamais été. Ainsi l'on a souvent des idées réelles de choses qui ne furent jamais. Lorsqu'un homme, par exemple, imagine une montagne d'or, il est absolument nécessaire que l'idée de cette montagne soit réellement présente à j son esprit. Lorsqu'un fou ou un homme, qui a la fièvre chaude ou qui dort, voit : devant ses yeux quelque animal, il est constant que l'idée de cet animal existe véritablement; mais cette montagne d'or et cet animal ne furent jamais. :

Livre 11, chapitre 1, Vrin, 1962, p. 234.

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