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Nicolas Malebranche par Ferdinand Alquié Professeur à la Sorbonne " Non je ne vous conduirai point dans une terre étrangère, mais je vous apprendrai peut-être que vous êtes étranger vous-même dans votre propre pays.

Publié le 05/04/2015

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Nicolas Malebranche par Ferdinand Alquié Professeur à la Sorbonne " Non je ne vous conduirai point dans une terre étrangère, mais je vous apprendrai peut-être que vous êtes étranger vous-même dans votre propre pays. " C'est par ces mots qu'au début des Entretiens métaphysiques Théodore (qui représente Malebranche) annonce à Ariste de quelles vérités il va l'instruire. Vérités dont on voit bien qu'elles demanderont, pour être comprises, une conversion de l'être tout entier, se déprenant du monde, et apercevant que les choses ne sont pas ce que nous croyons ; vérités à la fois proches et difficiles, que nul ne saurait découvrir si, rejetant d'abord le " rapport de ses sens " et tous ses préjugés, il ne " rentre en lui-même " pour se rendre attentif à la seule raison. Car la raison doit être consultée en une sorte d'élévation et de prière : elle est, en nous, le Verbe divin. La philosophie de Malebranche demande ainsi une méditation fort particulière, permettant de poursuivre la recherche rationnelle sans craindre jamais que quelque découverte ne vienne troubler ou contrarier la foi. Il ne saurait y avoir, entre la science et la religion, aucun conflit. Bien conduite, et limitée à son domaine, la raison ne peut s'opposer à la révélation qui, comme elle, vient de Dieu : la lumière divine n'est pas divisée contre soi. Chez Malebranche, l'apologiste religieux ne se sépare pas du rationaliste le plus affirmé : les progrès de la science, comme les enseignements de l'Église, nous conduisent à la Vérité. En suivant saint Augustin et en suivant Descartes, Malebranche croit suivre toujours le même maître. Pourtant, avant d'avoir découvert cette unité de la raison et de la foi, qui illuminera sa vie, il paraît ne témoigner qu'indifférence pour les recherches intellectuelles et les ouvrages de l'esprit. Ses premières années sont peu studieuses. Né à Paris, le 5 août 1638, Nicolas Malebranche est, jusqu'à l'âge de seize ans, élevé dans sa famille à cause de sa très fragile santé. Son père, Nicolas Malebranche, a le titre de secrétaire du roi ; sa mère est Catherine de Lauzon ; un de ses oncles de Lauzon est abbé ; un autre, ancien vice-roi du Canada, est intendant à Bordeaux et conseiller d'État. En 1654, Malebranche, élève au collège de La Marche, suit les cours de l'aristotélicien Rouillard. Il se destine, dès lors, à l'Église et continue ses études à la Sorbonne, où il prépare son baccalauréat de théologie. Mais les doctrines qu'on lui enseigne ne le satisfont guère. En 1658, Malebranche perd ses parents ; le 18 janvier 1660, après avoir, en 1659, obtenu son baccalauréat, il entre à l'Oratoire de la rue Saint-Honoré. La plus grande liberté d'esprit règne en la maison ; Platon y est souvent préféré à Aristote et le cartésianisme trouve, parmi les Pères, de vifs défenseurs. Malebranche, cependant, ne semble pas d'abord séduit par ce climat, ni attiré par la méditation philosophique. Il commence par s'occuper d'histoire ecclésiastique, mais s'y intéresse peu, et ne parvient à fixer aucun fait en sa mémoire. Il tente d'apprendre l'hébreu mais n'y réussit pas davantage. En 1664, il est ordonné prêtre. Sa vocation religieuse est confirmée, mais rien n'annonce encore sa vocation intellectuelle. C'est alors que Malebranche découvre le Traité de l'homme de Descartes. Si l'on en croit Fontenelle, il lut ce livre " avec un tel transport qu'il lui en prenait des battements de coeur qui l'obligeaient quelquefois d'interrompre sa lecture ". Séduit par la rigueur de la méthode cartésienne, Malebranche étudie le Discours, les Méditations, les Principes et, pour mieux comprendre Descartes, se donne quelque culture mathématique. Il a l'impression que la science cartésienne, complétée par la philosophie de saint Augustin, peut permettre de fonder une nouvelle apologétique. Dès ce moment sa tâche est tracée et il s'y consacrera tout entier. A part quelques séjours en province, Malebranche vivra jusqu'à sa mort à la maison de l'Oratoire de Paris, méditant, écrivant, répondant aux objections qu'il reçoit. Comme le dit Delbos : " L'histoire de sa vie se confond avec l'histoire de ses écrits. Elle ne comporte guère d'autres événements que les succès qu'ils obtiennent, les adhésions qu'ils lui valent et les polémiques qu'ils lui suscitent. " En 1674 et en 1675, Malebranche publie son premier ouvrage : De la recherche de la Vérité. Le retentissement en est si grand que l'Assemblée générale des Pères de l'Oratoire remercie Malebranche de l'utilité de ses travaux et de la gloire qu'ils donnent à la Compagnie. Les Conversations chrétiennes, parues en 1676, connaissent la même faveur. Dès cette époque, Malebranche a fixé les grandes lignes de sa philosophie e...
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