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Nietzsche: dans le plus petit comme dans le plus grand bonheur

Publié le 17/07/2018

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nietzsche

Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée :

« Mais dans le plus petit comme dans le plus grand bonheur, il y a toujours quelque chose qui fait que le bonheur est un bonheur : la possibi-lité d'oublier ou pour le dire en termes plus savants, la faculté de se sentir pour un temps en dehors de l'histoire. L'homme qui est incapable de

 

s'asseoir au seuil de l'instant en oubliant tous les événements passés, celui qui ne peut pas, sans vertige et sans peur, se dresser un instant tout debout, comme une victoire, ne saura jamais ce qu'est un bonheur, et, ce qui est pire, il ne fera jamais rien pour donner du bonheur aux autres. Imaginez l'exemple extrême : un homme qui serait incapable de rien oublier et qui serait condamné à ne voir partout qu'un devenir; celui-là ne croirait pas à son propre être, il ne croirait plus en soi, il verrait tout se dissoudre en une infinité de points mouvants et finirait par se perdre dans ce torrent du devenir. Finalement, en vrai disciple d'Héraclite, il n'oserait même plus bouger un doigt ( • ). Tout acte exige l'oubli, comme la vie des êtres organiques exige non seulement la lumière mais aussi l'obscurité. Un homme qui ne voudrait rien voir qu'historiquement serait pareil à celui qu'on forcerait à s'abstenir de sommeil ou à l'animal qui ne devrait vivre que de ruminer et de ruminer sans fin. Donc, il est possible de vivre presque sans souvenir et de vivre heureux, comme le démontre l'animal, mais il est impossible de vivre sans oublier. »

· En quoi, selon Nietzsche, la possibilité d'oublier est-elle une condition nécessaire du bonheur?

· En quoi la précision donnée par Nietzsche « la faculté

de se sentir pour un temps en dehors de l'histoire » per 

met-elle de mieux comprendre ce dont il s'agit et de saisir le texte comme un tout cohérent?

· Comment Nietzsche s'y prend-il pour tenter de justifier sa thèse?

· Quelle est la conception du bonheur impliquée dans ce texte ?

· Quelle relation entre la possibilité d'agir et le bonheur?

· Quel est l'enjeu exact de ce texte ?

· Consulter le livre de G. Deleuze Nietzsche et la philosophie (P. U.F.).

Selon Nietzsche la personnalité saine « agit » ses réactions tandis que la personnalité décadente (et malheureuse, pleine de fiel, de vengeance et de res-sentiment) ne sait pas litté¬ralement ré-agir mais res-sent.

 

L'explication de ce phénomène est à rechercher dans un trouble fondamental de la mémoire.

Selon Nietzsche l'équilibre psychique dépend de la coopération entre trois instances essentielles :

l'inconscient réactif qui est la mémoire des traces ( « appareil végétatif et ruminant »);

- la conscience qui permet l'adaptation de la réaction à l'excitation présente en « agissant » la réaction elle-même;

- la faculté d'oubli qui n'est pas une simple « force d'inertie » mais une force plastique, régénératrice et curative grâce à laquelle les traces mnésiques de l'inconscient réactif sont repoussées en dehors du champ de la conscience.

Autrement dit, selon Nietzsche, si l'individu est englué dans les traces mnésiques de sa mémoire réactive, il est livré au jeu des impressions sensibles et il se révèle incapable de vouloir. Alors la réalité n'est plus pour lui ce qui peut aiguillonner sa volonté mais ce qui torture sa sensibilité. Il ne ré-agit plus mais il ressent (dans le res-sentiment).

nietzsche

« s' asseoir au seuil de l'instant en oubliant tous les événements passés, celui qui ne peut pas, sans vertige et sans peur, se dresser un instant tout debout, comme une victoire, ne saura jamais ce qu'est un bonhe ur, et, ce qui est pire, il ne fera jamais rien pour donner du bonheur aux autres .

Imaginez l' exemple extrême : un homme qui serait incapable de rien oublier et qui serait condamné à ne voir partout qu'un devenir; celui-là ne croirait pas à son propre être, il ne croirait plus en soi, il verrait tout se dissoudre en une infinité de points mouvants et finirait par se perdre dans ce torrent du deven ir.

Finalement, en vrai disciple d'Héraclite, il n'oserait même plus bouger un doigt ( • ).

Tout acte exige l'oubli, comme la vie des êtres organiques exige non seulement la lumière mais aussi l'obsc urité.

Un homme qui ne voudrait rien voir qu'historiquement serait parei l à celui qu'on forcerait à s'absten ir de sommeil ou à l'a nimal qui ne devrait vivre que de ruminer et de ruminer sans fin.

Donc, il est possible de vivre presque sans souvenir et de vivre heureux, comme le démontre l'animal, mais il est impossible de vivre sans oublier.

» NIETZSC HE: (*) Héracli te, philosophe grec antérieur à Socrate, a enseigné que teut change sans cesse.

Ce qu'on peut affirmer à propos de n'im porte qu oi est donc parfois rapidement démenti.

• En quoi, selon Nietzsche, la possibilité d'oublier est-elle une condition nécessaire du bonheur ? • En quoi la précision donnée par Nietzsche « la faculté de se sentir pour un temps en dehors de l'histoire » per­ met-elle de mieux comprendre ce dont il s'agit et de saisir le texte comme un tout cohére nt? • Comment Nietzsche s'y prend-il pour tenter de justifier sa thèse ? • Quelle est la conception du bonheur impliquée dans ce texte ? • Quelle relation entre la possibilité d'agir et le bonhe ur? • Quel est l'enjeu exact de ce texte ? • Consulter le livre de G.

Deleuze Nietzsche et la philosophie (P.

U.F .). Selon Nietzsche la perso nnalité saine « agit » ses réa ctions tandis que la person nalité décaden te (et malhe ureuse, pleine de fiel, de vengeance et de res-sen timent) ne sait pas litté­ ralement ré-agir mais res-se nt.. »

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