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Nous est-il permis de juger autrui ?

Publié le 28/10/2019

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malades mentaux, etc.), responsables de nos actes. Ainsi, non seulement juger apparaît comme quelque chose de légitime afin de considérer les personnes comme telles, mais cela apparaît de manière d’autant plus justifiable que sans le jugement sur autrui, la loi du plus fort sévirait partout, puisque les actes que nous considérons comme répréhensibles ne seraient pas imputables aux personnes (qui ne le seraient alors pas vraiment) qui les commettent. C’est ce que montre Kant lorsqu’il écrit : « Une personne estce sujet dont les actes sont susceptibles d’imputation ». Le jugement apparaît donc comme nécessaire afin de définir les individus en tant que tels.

Pour conclure, on a pu voir que le jugement portant sur autrui pouvait prêter à débattre tant l’objectivité de celui qui juge, la distance qu’il entretient par rapport à autrui ainsi que le rang qu’il estime avoir le droit d’occuper par rapport à ce dernier sont sujets à controverse. Ainsi, il apparaît que l’objectivité totale ne soit pas une possibilité crédible, mais qu’on puisse tendre vers celle-ci en limitant les liens affectifs entre le juge et l’observé, ce au prix d’une moins bonne compréhension entre ces derniers. De plus, le « nous » présent dans l’intitulé du sujet, c'est-à-dire l’individu ou la communauté disposant d’un esprit raisonnable et qui a pour objectif d’émettre un jugement sur autrui n’a pas seulement la possibilité de le faire mais également le devoir, puisque dès lors que nous jugeons autrui, nous le considérons comme une personne, une altérité, une conscience. On respecte réellement autrui en le considérant comme une personne, or, seule une personne, à la différence de l’animal ou de l’objet, peut être digne d’être jugée. Il est donc légitime de juger autrui tout comme il est légitime qu’autrui porte ses propres jugements sur nous.

« On voit donc bien les premières raisons qui conduiraient à délégitimer l’émission de jugement envers autrui.

D’une part, il semble que nous ne soyons pas bien placés pour juger cet autre être pensant, puisque nous restons cet individu, communauté, etc.

qui juge en accords avec ses propres principes.

D’autre part, si je ne possède pas une certaine distance affective avec autrui, je perds mon impartialité alors même qu’un rapprochement affectif avec autrui me permet de mieux le comprendre.

Il va falloir dépasser cette position, car qui pourrait nous juger sinon autrui ? Car n’oublions pas que si l’énoncé pose la question de savoir si l’on peut juger autrui, il pose aussi en retour celle de savoir si l’on peut soi -même être jugé par autrui.

Or, sans lui nous ne pouvons pas être totalement objectifs vis-à-vis de nos propres actes du fait de la complaisance à soi, du mensonge à soi et du manque de distance entre « moi » et mes actes.

Comme le dit Auguste Compte : « on ne peut pas en même temps regarder par la fenêtre et se voir passer dans la rue ». Mais juger autrui pose également la question du respect d’autrui en tant que personne.

Ainsi, on pourrait se laisser aller à un certain relativisme culturel quant à ce qui nous semble condamnable dans la culture d’autrui (et qui est donc constitutive de ce dernier) au nom du droit à la différence fondamentale : on voue la plupart du temps le respect à ce qui nous est inconnu ou étranger, c’est à dire l’autre.

Sinon, on parle d’intolérance, puisque condamner autrui au nom de ces différences culturelles serait ne pas respecter sa culture.

Par exemple, certaines pratiques rituelles couramment pratiqués dans certains pays, comme l’excision, sont interdites et punies par la loi en France, loi qui traduit la position d’une société (« nous ») vis-à-vis de pratiques culturelles des personnes d’une autre société (autrui).

Or, si toutes les cultures se valent, comment justifier la condamnation de telles pratiques (et ce bien que l’intégrité physique de certaines personnes soit mise en cause) ? Il semble donc qu’il soit nécessaire pour juger autrui, de se placer comme supérieur à autrui, mais au nom de quelle légitimité ? Pour autant, respecter autrui, est -ce donc s’interdire de le juger ? On peut alors retourner ce point de vue, puisque les hommes ne jugent que d’autres hommes.

En effet, on ne juge ni les choses, ni les animaux.

« Nous » ne jugeons que des hommes.

Si nous agissons de la sorte, c’est parce que nous considérons que les hommes, et les hommes seuls, sont dignes d’être jugés.

Ne pas juger un homme, c’est donc le rabaisser à une condition, au mieux, animale.

On considère alors que l’homme n’est pas responsable de ses actes (ce qui est le cas des malades mentaux).

C’est pourquoi le véritable respect qui est dû à autrui est de le considérer comme une personne.

Cette personne est responsable de ses actes et digne d’être jugée.

De même, le fait qu’autrui se permette de nous juger nous montre qu’il nous considère également comme une personne.

Cette conception se retrouve chez Kant, la notion de personne acquiert alors un statut éthique.

La personne se définit comme un être raisonnable et un sujet, c'est-à- dire un être capable de lui -même de dire « Je », d’avoir conscience de ses droits et devoirs en tant que personne mais également des droits et devoirs des autres personnes.

Ainsi c’est la raison qui doit pousser l’être humain (individu) à assumer une responsabilité vis à vis d’autrui afin qu’il ne puisse pas tout se permettre dans la société. En d’autres termes, sa conduite doit suivre sa raison.

Ainsi Kant énonce sa pensée de la manière suivante : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre (…) Fais en sorte que tu considères autrui comme une fin et non comme un moyen » ou selon le vieil adage français : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fit.

» On voit donc bien le rôle de la raison invoqué ici qui va déterminer les relations entre les personnes d’une même société à travers la loi, ce afin de désigner des coupables et des victimes, mais également afin de protéger le faible de la loi du plus fort.

Selon Kant, si l’homme est soumis à des lois de la nature (il a soif, faim, froid, chaud, etc.), il est en même temps soumis à des lois qui sont fondées uniquement sur les lois de la raison et indépendantes de celles de la nature. Ainsi, parce qu’il est capable d’aller contre ses penchants (qui seraient par exemple d’imposer sa loi au plus faible) pour obéir à un devoir que seule lui représente sa raison, ce qui en fait un individu (et lui permet donc de devenir membre d’une société), il est aussi capable d’être jugé et de répondre de ses actes.

Nous sommes tous, à quelques exceptions près (les malades mentaux, etc.), responsables de nos actes.

Ainsi, non seulement juger apparaît comme quelque chose de légitime afin de considérer les personnes comme telles, mais cela apparaît de manière d’autant plus justifiable que sans le jugement sur autrui, la loi du plus fort sévirait partout, puisque les actes que nous considérons comme répréhensibles ne seraient pas imputables aux personnes (qui ne le seraient alors pas vraiment) qui les commettent.

C’est ce que montre Kant lorsqu’il écrit : « Une personne est ce sujet dont les actes sont susceptibles d’imputation ».

Le jugement apparaît donc comme nécessaire afin de. »

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