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Parler, est-ce que c'est naturel ?

Publié le 04/12/2005

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De plus on comprend avec Descartes que le langage de l'homme a du sens, et qu'il n'est donné à l'homme de parler que parce qu'il pense.  Toutefois, on a rappelé d'une part que la parole n'est pas exactement le langage. D'autre part, si la parole a pour condition la pensée, il n'en reste pas moins que l'on peut penser sans posséder la parole. L'une et l'autre ne sont pas substituables. Par ailleurs, si l'on accorde que c'est la pensée qui rend possible le langage, ne peut-on pas en déduire que la parole est naturelle à l'homme dans le sens où il est naturel à l'homme de penser ?     Deuxième partie : Comme le langage, la parole est culturelle     a)      le langage est le signe de la culture   Dans cet extrait, Claude Lévi-Strauss donne des arguments forts pour justifier que la langage est le critère de la culture - et ainsi qu'il est ce qui nous distingue de la nature.   Charbonnier, Entretiens avec Claude Lévi-Strauss, Ed. 10/18, p.182.   Georges CHARBONNIER.

Pour s'interroger quant au fait de savoir s'il est naturel de parler ou non, il convient donc d'articuler deux analyses : d'une part il faut étudier ce qu'est la parole, d'autre part il faut se demander ce que signifie le « naturel « dans le comportement de l'homme. Car cela peut avoir plusieurs sens en effet. Il peut s'agir évidemment de ce qu'il y a d'inné en l'homme, de ce qui lui appartient d'emblée du simple fait qu'il vient au monde. Mais un comportement naturel c'est aussi un comportement spontané, une « façon de faire «. Par exemple, il n'est pas « naturel « pour tous ceux qui ont des tracas d'en « parler « ; ou encore, face à un conflit par exemple, la parole n'est pas toujours la réponse naturelle, immédiate.

Alors en quel sens et jusqu'à quel point est-il naturel ou non de parler ?

Dans une première partie, on essaiera de cerner plus précisément ce qu'est la parole. Ensuite, on montrera que la parole doit être transmise par la culture, pour en déduire que ce qu'il y a de décisif dans le fait de parler n'est pas naturel. Enfin, on se demandera s'il n'est pas possible d'envisager que la culture elle-même soit un dessein de la nature. Dans ce cas là il redeviendrait alors « naturel « de parler.

 

« ont plusieurs organes qui se rapportent aux nôtres, elles pourraient aussi bien se faire entendre à nous qu'à leurssemblables.

C'est aussi une chose fort remarquable que, bien qu'il y ait plusieurs animaux qui témoignent plusd'industrie que nous en quelques unes de leurs actions, on voit toutefois que les mêmes n'en témoignent point dutout en beaucoup d'autres : de façon que ce qu'ils font mieux que nous ne prouve pas qu'ils ont de l'esprit, car à cecompte ils en auraient plus qu'aucun de [189] nous et feraient mieux en toute autre chose; mais plutôt qu'ils n'enont point, et que c'est la nature qui agit en eux selon la disposition de leurs organes : ainsi qu'on voit qu'un horloge,qui n'est composé que de roues et de ressorts, peut compter les heures et mesurer le temps plus justement quenous avec toute notre prudence.

» b) Parler n'est pas simplement communiquer Nous avons défini la parole humaine comme étant la formulation d'un langage, et ce dernier comme l'expression d'unepensée.

Toutefois, la parole n'est pas simplement une communication. Rousseau, Essai sur l'origine des langues , GF Flammarion, p.59. « [...] L'invention de l'art de communiquer dépend moins des organes qui nous servent à cettecommunication que d'une faculté propre à l'homme qui lui fait employer ses organes à cet usage, et qui, si ceux-làlui manquaient, lui en ferait employer d'autres à la même fin.

Donnez à l'homme une organisation tout aussi grossièrequ'il vous plaira : sans doute il acquerra moins d'idées ; mais pourvu seulement qu'il y ait entre lui et ses semblablesquelque moyen de communication par lequel l'un puisse agir et l'autre sentir, ils parviendront à se communiquer enfintout autant d'idées qu'ils en auront. Les animaux ont pour cette communication une organisation plus que suffisante, et jamais aucun d'eux n'ena fait usage.

Voilà, ce me semble, une différence bien caractéristique.

Ceux d'entre eux qui travaillent et vivent encommun, les castors, les fourmis, les abeilles, ont quelque langue naturelle pour s'entrecommuniquer, je n'en faisaucun doute.

Il y a même mieux de croire que la langue des castors et celles des fourmis sont dans le geste etparlent seulement aux yeux.

Quoi qu'il en soit par cela même que les unes et les autres de ces langues sontnaturelles, elles ne sont pas acquises ; les animaux qui les parlent les ont en naissant ; ils les ont tous, et partout lamême ; ils n'en changent point, ils n'y font pas le moindre progrès.

La langue de convention n'appartient à l'homme.Voilà pourquoi l'homme fait des progrès, soit en bien, soit en mal, et pourquoi les animaux n'en font point.

» TRANSITION : Le point de vue de Rousseau nous permet de supposer que la communication animale est naturelle,alors que le langage humain est conventionnel.

De plus on comprend avec Descartes que le langage de l'homme a dusens, et qu'il n'est donné à l'homme de parler que parce qu'il pense. Toutefois, on a rappelé d'une part que la parole n'est pas exactement le langage.

D'autre part, si la parole a pourcondition la pensée, il n'en reste pas moins que l'on peut penser sans posséder la parole.

L'une et l'autre ne sontpas substituables. Par ailleurs, si l'on accorde que c'est la pensée qui rend possible le langage, ne peut-on pas en déduire que la paroleest naturelle à l'homme dans le sens où il est naturel à l'homme de penser ? Deuxième partie : Comme le langage, la parole est culturelle a) le langage est le signe de la culture Dans cet extrait, Claude Lévi-Strauss donne des arguments forts pour justifier que la langage est le critère de laculture – et ainsi qu'il est ce qui nous distingue de la nature. Charbonnier, Entretiens avec Claude Lévi-Strauss , Ed.

10/18, p.182. Georges CHARBONNIER.

- Quel est le signe que l'on admet comme représentatif de la culture ? Le signe le plus humble ? Claude LEVI-STRAUSS.

– Pendant très longtemps, on a pensé et beaucoup d'ethnologues pensent peut-être encoreque c'est l'homme comme homo faber , fabricateur d'outil, en voyant dans ce caractère la marque même de la culture.

J'avoue que je ne suis pas d'accord et que l'un de mes buts essentiels a toujours été de placer la ligne dedémarcation entre culture et nature, non dans l'outillage, mais dans le langage articulé.

C'est là vraiment que le sautse fait ; supposez que nous rencontrions, sur une planète inconnue, des êtres vivants qui fabriquent des outils,nous ne serions pas sûr pour autant qu'ils relèvent de l'ordre de l'humanité.

En vérité, nous en rencontrons sur notreglobe, puisque certains animaux sont capables, jusqu'à un certain point de fabriquer des outils ou des ébauches. »

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