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Peut-on apprendre à juger de la beauté ?

Publié le 05/11/2020

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Peut-on apprendre à juger de la beauté ? I. La beauté se traduit par un saisissement immédiat de soi qui ne résulte pas d’un processus d’apprentissage ; on est subjugué par ce qui est beau, on ne choisit pas ce qui nous plaît. 1. Interroger l’opinion selon laquelle « tout un chacun a son propre goût Il faut distinguer ce qui relève de la sensation immédiatement agréable, que je ne choisis pas, qui ne vaut que pour moi ; du sentiment du beau, que je suis prêt à défendre, à revendiquer comme jugement de goût objectivement valable. Kant, Critique de la faculté de juger, §7 (texte distribué en classe) : « En ce qui concerne l’agréable, chacun consent à ce que son jugement, qu’il fonde sur un sentiment personnel et privé, et en vertu duquel il dit d’un objet qu’il lui plaît, soit du même coup restreint à sa seule personne. » 2. Le beau se distingue de l’agréable et de l’utile. L’agrément définit un certain type de plaisir, il est causé par des stimuli extérieurs, identifiables, déterminables ; type de plaisir dépendant de l’existence de l’objet agréable, plaisir lié à un intérêt empirique. Le beau en revanche est l’objet d’un « plaisir désintéressé ». Kant, CFJ, §5 : « On appelle agréable à quelqu’un ce qui lui FAIT PLAISIR ; beau, ce qui lui PLAÎT seulement ; bon, ce qui est ESTIMÉ, approuvé par lui, c’est-à-dire ce à quoi il attribue une valeur objective. L’agréable concerne aussi bien les animaux dénués de raison ; la beauté, seulement les hommes, c’est-à-dire des êtres de nature animale et cependant raisonnable (…) ; le bien, en revanche, vaut pour tout être raisonnable en général. » 3. Interroger l’opinion selon laquelle « des goûts et des couleurs on ne dispute point &...

« 2.

Ce qui p eut être acquis, c’est un certain usage des sens et un certain sens de la représentation : voir peut n’être que visionner (anglicisme visualiser), mais l’on peut aussi apprendre à regarder (les nuances au -delà des couleurs, les tons au -delà des sons, les h ommes derrière les masques, etc.) ; à la manière où l ’artiste œuvre à se fa ire voyant (Rimbaud, Lettres au voyant ; Klee : « l’art ne cherche pas à faire voir mais rend visible »).

Hume, De la norme du go ût : « la délicatesse de l ’imagination nécessaire à ces émotions si raffinées » Ce qui peut être acquis, c ’est également l ’aisance à savoir rendre compte de la beauté , l’aisance à pouvoir défendre (argumenter, justifier) son point de vue : éloquence .

Rôle des critiques d ’art, savoir des initiés et pouvoir de la critique .

W ittgenstein, Leçons et conversations , I, § 17 : « dans ce que nous appelons les arts, celui qui a du jugement développe ».

3.

L’artiste, créateur de belles choses, serviteur et messager du beau : ce qui relève de l’acquis, ce qui relève du génie ; ce q ui relève de la pratique, ce qui relève de l ’inspiration ; ce qui relève de l’artisanat, ce qui relève de l’art .

Kant, CFJ , § 46 « Les beau x-arts sont les arts du génie » (texte distribué en classe) L’objet artisan al épuise tout son sens dans sa fonction : il existe pour quelque chose et une chose en particulier, se caractérise par son usage, son utilité, même l’agrément qu’il peut procurer (arts d’agrément ou « mineurs ») ; par ailleurs, l’artisan suit un processus bien réfléchi, a une idée bien précise, bien construite de ce qu’il va fabriquer. Par opposition, l’objet artistique demeure riche de sens, de significations, par -delà les frontières, les époques : il n’a pas de fonctions particulières voire se caractérise souvent par son inutilité ; sa présence physique ou sa possession n’ap portent rien aux émotions qui nous saisissent, au x sentiments qui naissent en nous et aux pensé es, aux réflexions auxquelles nous pouvons nous abandonner quand nous nous le représent ons .

III .

À quelle prétention répondons -nous en nous faisant juge du beau, de quel droit nous faisons -nous juge du goût ? 1.

La beauté naturelle, l ’artiste ou l’œuvre d’art p arle nt à ce qu’il y a d’humain en nous, à l a fois imagination et réflexion, sensibilité et pensée , sen timent et raison .

L’é ducation au Beau réveille en nous notre humanité : nous prétendons tous avoir du goût lorsque nous jugeons qu’une chose est belle et même nous souffrons, nous nous sentons humiliés lorsque notre goût est remis en cause : c’est comme si nous avions besoin de l’approbation des autres hommes au nom du Beau, comme si la Beauté résonnait en chacun de nous et faisait raisonner chacun de nous. La Beauté semble à chaque fois nous rappeler une réalité perdue , celle d ’une unité dans l ’humanité .

Platon, Banquet , « mythe des androgynes » 2.

Forme particulière du jugement de goût : j ugement esthétique réfléchissant , dont le principe régulateur est une Idée, un co ncept rationnel inapplica ble empiriquement. Quand on se prononce sur le Beau, l’on parle également au nom des autres, l’on porte un jugement qui co ncerne l ’humanité .

Kant, CFJ , §7 : « [Quelqu’un] ne doit pas appeler beau ce qui ne plaît qu’à lui.

(… ) lorsqu’il dit qu’une chose est bell e, il attribue aux autres la même satisfaction ; il ne juge pas seulement. »

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